Le 13 décembre 2018
Henry King signe un film d’aventures très classique, avec ce que cela comporte de rigueur et de maîtrise.
- Réalisateur : Henry King
- Acteurs : Tyrone Power, Orson Welles, Katina Paxinou, Wanda Hendrix
- Genre : Aventures, Historique, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 1h51mn
- Box-office : 1 894 974 entrées France / 406.632 entrées P.P.
- Titre original : Prince of Foxes
- Date de sortie : 11 novembre 1949
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– Ce Blu-ray figure dans un coffret Cinq films épées de légende qui regroupe Échec à Borgia, La révolte des Cipayes, La rose noire, Ali Baba et les quarante voleurs, et Capitaine de Castille.
Résumé : 1500. Ayant des vues de conquête sur toute l’Italie, le duc César Borgia ordonne à son serviteur Andréa Orsini d’aller espionner le comte Varano qui règne, avec son épouse Camilla, sur la ville de Citta Del Monte. Mais arrivé sur place, Orsini, qui devait séduire la femme du comte pour mieux assassiner Varano par la suite, se range aux côtés des ennemis de Borgia...
Notre avis : Échec à Borgia a été tourné en décors naturels, à peu près dans les lieux où se sont déroulés les événements narrés : un carton l’indique au début, et c’est justice, puisque les extérieurs donnent au film un supplément d’âme, et par moments une grande beauté. On sent que King est tombé amoureux de ces paysages comme des grandes salles aux tapisseries tendues, et il tenait à y inscrire les aventures très romanesques de ce faux noble, Orsini, joué par l’impeccable Tyrone Power, qui trahit César Borgia par amour. À ses côtés, Wanda Hendrix est lumineuse dans le rôle de la jeune et pure aimée, et Orson Welles cabotine avec génie en interprétant le duc maléfique.
Mais ce qu’on retient surtout de ce métrage bien mené, c’est la relative minceur des combats et des batailles : il y en a, et elles sont efficaces (l’attaque du château, le duel final), mais le scénario privilégie une approche humaine en suivant le rachat d’Orsini et de son comparse Belli, qui ne cesse de trahir pour finir par trouver sa voie. Deux destins parallèles, même si évidemment l’un compte plus que l’autre, deux évolutions qui culminent avec la belle scène de (fausse) torture dans laquelle le grimaçant Belli, tout de sadisme, fait semblant de crever les yeux du protagoniste (la comparaison avec les raisins est une excellente idée, magnifiquement mise en valeur par les cadrages choisis).
Au fond Hollywood dans les années classiques ne cesse de célébrer les valeurs nobles : la droiture, la fidélité, l’honneur, la sagesse. Incarnés avec tout le pathos nécessaire par la mère d’Orsini, ces idéaux sont des lignes directrices qui fondent des comportements : leur révélation passe par la déchéance et la souffrance qui permettent au héros de se défaire de ses apparats (le beau langage, le badinage, les riches vêtements) pour renaître à la vérité. Avec ces thèmes qui pourraient n’être que très théoriques, King, comme les grands maîtres, fait un livre d’images somptueusement composées, tout en donnant beaucoup de chair à ses personnages ; il n’est que de voir les larmes sur le visage si pur de Camilla ou son époux sur la falaise pour comprendre à quel point la noblesse dépasse la mièvrerie. Naïf, certes, jamais niais. On pourra juger le début un peu lent, la fin trop expéditive, mais ce film méconnu garde sa force limpide.
Les suppléments :
Patrick Brion évoque le tournage du film, puis la fructueuse collaboration de King et de Power, avant de relater leurs carrières respectives. Mais il s’amuse surtout à narrer les déconvenues d’Orson Welles, alors en pleine réalisation d’Othello (23mn). C’est intéressant, même si Brion part un peu dans tous les sens, beaucoup plus d’évidence que la rapide introduction de Linda Tahir (1mn40), très dispensable.
L’image :
Malgré la restauration, la copie a souffert des outrages du temps : parasites, fluctuations d’images, contrastes imparfaits… On a connu mieux.
Le son :
Même si les scories ont été éliminées, la seule piste (VO) n’est pas parfaite : un peu sèche, avec quelques chuintements et aigreurs.
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