Le 15 février 2011
La subtilité et l’humanisme du réalisateur à travers son aptitude à saisir les fêlures de ses personnages est saisissante. Un premier long métrage prometteur.
- Réalisateur : Kamen Kalev
- Acteurs : Saadet Isil Aksoy, Christo Christov, Ovanes Torosian
- Genre : Drame
- Nationalité : Bulgare
- Distributeur : Épicentre Films
- Editeur vidéo : Épicentre Films Éditions
- Durée : 1h23mn
- Date de sortie : 10 mars 2010
- Festival : Festival de Cannes 2009
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Résumé : Itso a pris ses distances avec ses parents jusqu’au jour où il secourt une famille turque, agressée par un groupe de néo-nazis. Parmi eux, se trouve son jeune frère Georgi, qui participe depuis peu à des ratonnades. En se rapprochant de Georgi et de la jolie Turque qu’il a sauvée, le tourmenté Itso entreprend un cheminement intérieur qui pourrait l’entraîner vers la voie du salut.
Critique : Premier film d’un cinéaste formé à la Fémis et auteur de courts métrages remarqués à la Quinzaine des Réalisateurs, Eastern Plays présenté dans cette même section en 2009 propose une peinture singulière de la Bulgarie, partagée entre fascination de l’Ouest, nostalgie d’une certaine rigidité du passé et rivalités avec des pays voisins dont la Turquie. Si Kamen Kalev montre bien le désarroi des laissés-pour-compte du virage européen, il excelle aussi à saisir les contrastes culturels, notamment dans la scène où Itso ne trouve pas de bière bulgare dans le restaurant local.
- Copyright Epicentre Films
Pour autant, les dérives de l’« identité nationale » s’avèrent être un jeu avec le feu, ce qu’explicite la séquence de l’agression néo-nazie et de la riposte verbale du père de Isil dans sa chambre d’hôpital. Réduire Eastern plays à une radiographie économique et politique d’un pays qui cherche sa voie serait pourtant hasardeux, tant la subtilité et l’humanisme du réalisateur à travers son aptitude à saisir les fêlures de ses personnages est saisissante.
- Copyright Epicentre Films
Misanthrope bourru noyant son impuissance créatrice et ses désillusions dans l’alcool, Itso symbolise l’espoir au-delà de tout déterminisme de par sa rencontre avec Isil ; et ses fragilités physiques et affectives font écho à celles des créatures filmées naguère par Cassavetes ou, plus récemment, Fatih Akin. La mort de Christo Christov, acteur principal, dont le rôle était presque autobiographique, renforce le trouble et la dimension de ce récit d’un cheminement.
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