Dylan Dog : La Sorcière de Brentford - La chronique BD

Résumé  :

Trois chercheurs ont disparu dans la forêt de Brentford. Une forêt où les légendes locales murmurent qu’une sorcière y a établi son repaire. D’ailleurs, c’est sur les traces de cette sorcière que marchaient les trois savants ! Heureusement, les disparus ont laissé quelques traces. Ce qui est suffisant pour que Dylan Dog, le détective de l’étrange, mène l’enquête. Il sera aidé par la cliente qui l’a engagé, à savoir sa propre petite amie, une jeune femme répondant au doux prénom de Claire. Dylan et Claire vont donc creuser pour en savoir plus sur ces trois mystérieuses disparitions... Et la sorcière dans tout ça ?

Notre avis :

Une nouvelle enquête de Dylan Dog ! La deuxième à paraître chez Mosquito mais la énième depuis la première apparition de ce personnage en... 1986 !
Et oui, nous allons donc fêter, avec La Sorcière de Brentford, les trente ans de ce détective Anglais, créé par l’Italien Tiziano Sclavi.
Dylan se penche toujours sur les cas étranges, à la frontière du paranormal. Et avec cette triple disparition dans un bois présumé hanté, on tombe pile poil dans son domaine de prédilection.
C’est donc avec plaisir que nous regardons Dylan reprendre la route dans sa vieille coccinelle ! Et c’est avec regret que nous avons constaté que pour cette enquête, Groucho, le fidèle comparse de Dylan, cède sa place à Claire, la petite amie du moment.
Nous disons avec regret, car l’humour de Groucho a tendance à équilibrer l’angoisse qui peut planer sur les enquêtes. D’ailleurs, le fidèle assistant - jumeau de Groucho Marx – nous fait part de tout son talent à nous faire rire pendant le court laps de temps où nous le voyons.
Et nous voilà à Brentford, où les événements vont se compliquer pour notre héros. En effet, cette disparition, comme l’entend Dylan lui-même de la bouche des forces de police locale, va prendre des aspects de « Projet Blair Witch ».
L’ambiance est posée et les notes nous racontant l’histoire de Sybill Warwick, la sorcière de Brentford, complète habilement le tableau.
Chiaverotti, qui a repris le flambeau du scénario, nous propose une enquête saupoudrée de surnaturel. Il parvient à créer une ambiance angoissante qui sied très bien à l’univers de Dylan. Il chasse l’humour en évinçant l’irrésistible Groucho et resserre sur une sorte de huis-clos local dans ce village de l’Angleterre. Même si l’histoire semble un brin classique, elle a le mérite de mélanger habilement enquête policière et événement surnaturel – ou pas, là repose toute la question de cet épisode – et Dylan va devoir découvrir s’il y a vraiment une sorcière à Brentford ou si toute cette histoire n’est pas juste une sordide disparition...
Chiaverotti nous laisse parfois une longueur d’avance sur Dylan mais il ponctue avec une révélation qui nous fait comprendre que nous nous étions trompés et puis tac, une autre info qui nous fait dire « Peut-être que j’avais raison » et ainsi de suite. Nous avançons donc avec des certitudes qui s’envolent. Rassurez-vous, vous aurez bien des réponses à la fin de l’album car c’est une enquête qui se résout en un seul volume et Chiaverotti a fait le choix de ne pas vous laisser sur votre fin, la tête remplie de questions irrésolues. Tout est dit, c’est peut-être le léger reproche qu’on pourrait lui faire, tout est peut-être trop dit, laissant peu de marge au lecteur pour laisser vagabonder son imagination. Pour ses trente ans, c’est une enquête de prime abord assez classique mais ponctuée de belles surprises que nous offre Dylan Dog.

Une enquête où Dylan prend vie sous les pinceaux de Nicola Mari. Personnages tracés en noir et blanc, souvent encerclés par de grands aplats de noir.
Les visages de Mari sont assez sobres mais dès qu’il s’agit d’exprimer la peur, l’inquiétude, le regard en coin qui trouble, ils laissent apparaître juste ce petit changement, en quelques traits, qui vous marquent.
Les décors sont présents et nous nous souviendrons longtemps de cette forêt oppressante où nous avons passé notre temps à avoir l’impression que chaque buisson renfermait une paire d’yeux.
Ces grands aplats de noir permettent vraiment de créer l’ambiance. Notre petit regret est qu’il est parfois difficile de faire la différence entre le jour et la nuit. Nous aurions apprécié que l’obscurité soit plus présente, plus dense. Car mine de rien, l’absence de couleur – étrange au premier abord pour un détective portant en permanence une chemise rouge – devient vite intéressante et prend part au climat de l’histoire. Le morceau de bravoure est le style passant des aplats aux hachures que Mari utilise pour illustrer les notes des savants que Dylan parcourt pour comprendre l’histoire de la sorcière de Brentford ! A ne pas lire à la lueur de sa lampe de chevet à minuit, où vous sentirez un frisson le long de votre échine.
Mais néanmoins, on regrette que le dessin ne renforce pas plus l’ambiance oppressante de cette enquête.
La composition reste classique, des planches de deux à trois bandes de une à deux cases. Ce qui permet d’avoir des cases larges où le dessin peut pleinement s’exprimer, et pourtant Mari joue beaucoup sur les plans serrés, les inserts mais aussi sur les plongées et cela permet de renforcer l’atmosphère. Des dessins deux tiers de page, comme la présentation de l’asile, nous donnent du recul. Selon nous, le cadrage bien plus que la composition accentue l’ambiance mystérieuse planant sur cette enquête.

La Sorcière de Brentford, enquête anniversaire de Dylan Dog, est un cadeau un peu mitigé, intrigant mais de structure classique, oppressant mais pas trop. Une approche originale, qu’il fallait oser tenter pour fêter les trente ans du détective. Et au-delà de cela, c’est surtout l’occasion de retrouver une adaptation française de Dylan Dog. Alors merci Mosquito, parce que ça ne court pas les rues...

Zéda croise la route de Dylan Dog !