Domicile conjugal - François Truffaut - critique

Critique : La mise en chantier de Domicile conjugal est partie d’une simple phrase d’Henri Langlois. Claude Jade raconte : "La première de Baisers volés avait eu lieu à la Cinémathèque [1]. Henri Langlois avait dit à Truffaut qu’il faudrait voir ce jeune couple marié. Cela a trotté dans la tête de François qui trouvait formidable de suivre Jean-Pierre Léaud sur plusieurs années..."
Ainsi, on découvre Antoine Doinel marié à Christine. Celle-ci donne des leçons de violon alors qu’Antoine s’adonne à la teinture de fleurs dans la cour de leur immeuble. Sa seule ambition : obtenir le rouge absolu. Leur vie maritale ronronne un temps. Car Antoine Doinel est toujours aussi instable que par le passé. Il se fait embaucher dans une société américaine, puis rencontre une Japonaise du nom de Kyoko. Le torchon brûle au sein du couple Doinel.

© 1970 Les Films du Carrosse, Valoria Films. © 2021 Carlotta. Tous droits réservés.

"Je me classe, explique François Truffaut, dans cette famille de réalisateurs pour qui le cinéma est un prolongement de la jeunesse, celui des enfants qu’on a envoyés s’amuser dans un coin, qui refaisaient le monde avec des jouets et continuent ces jeux à l’âge adulte à travers les films." Avec Domicile conjugal, on sent bien que Truffaut se fait plaisir, qu’il est heureux de retrouver son personnage fétiche, distillant ci et là de jolis traits d’humour, qu’ils soient dialogués ou visuels (on pense à la scène où Antoine réalise qu’il va être papa). Mais comme le souligne Serge Toubiana dans sa présentation, avec Domicile conjugal, Truffaut dresse également son autoportrait où l’indépendance vis-à-vis des autres reste primordiale.
Cela pourrait passer pour de la vulgaire répétition par rapport aux critiques précédentes des Truffaut, mais MK2 Editions soigne chaque titre de cette prestigieuse collection. Film commenté par l’actrice Claude Jade et le coscénariste Claude de Givray, entretien avec François Truffaut, le réalisateur en pleine séance de travail et un sujet sobrement intitulé Qui est Antoine Doinel ? ; des suppléments en somme à dévorer sans modération.