Contes cruels et cerisiers en fleurs
Le 30 avril 2003
Trois contes sans échappatoire, reliés par la corde rouge, symbole sanglant de la destinée des personnages.
- Réalisateur : Takeshi Kitano
- Acteurs : Hidetoshi Nishijima, Miho Kanno, Tatsuya Mihashi
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
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– Durée : 1h53mn
Avec beaucoup de dextérité, de belles photos et une parfaite maîtrise, Takeshi Kitano présente l’image d’une population japonaise désabusée, pour qui l’amour est encore un sentiment assez fort pour y croire. Trois contes imbriqués, reliés par la corde rouge, symbole sanglant de la destinée choisie par les personnages.
Tous ont connu la gloire, le pouvoir ou l’argent. C’était le temps des belles promesses nippones. Mais ces valeurs, trop usées, sont devenues "des tas de sable" ainsi que le rappellent, dès les premières images, les marionnettes du théatre Bunraku. Tous sombrent alors dans un amour qui les conduit à la déchéance, guidés par un égocentrisme fatal. Orgueil, mort et passion mènent les marionnettes, les dolls vers leurs destin.
Le jeune homme, qui refuse un beau mariage, plante là sa future pour sauver son ancienne fiancée et qui, pour elle, abandonne tout. Tous les deux reliés par une corde rouge, traversent le Japon dans les parcs, les champs et la neige. Superbe ! Ils passent devant la maison de d’un vieil homme corrompu retrouvant, pour un bref instant, l’amour de sa jeunesse. Le rêve un peu sombre, aux couleurs luxueuses, s’achève avec une star de la pop musique qui, défigurée dans un accident, ne peut plus supporter le regard des autres. Un fan, un seul, a trouvé le moyen de lui plaire. Il se perdra, lui aussi. Un monde cruel, cinglant, violent dans des paysages fleuris.
Mais ne vous y fiez pas : ces roses sont sur le point de perdre leurs pétales et ces beaux arbres au feuillage d’automne ne vont pas tarder à abandonner leurs parures au vent mauvais. Le paysage est comme l’amour, grandiose, mais déjà mourant. C’est aussi un adieu aux valeurs japonaises de l’ultra-libéralisme qui semblaient ne jamais devoir disparaître, et l’occasion pour le réalisateur de montrer une grande maturité dans cette démonstration de philosophie asiatique.
Le grand malheur de ce film noir et fleuri c’est qu’il ne propose aucune rémission, aucun échappatoire. A déguster pour les images et une certaine réflexion sur la vanité des choses. Restez zen !
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