Le 13 mars 2023
Peut-être le meilleur film de Quentin Tarantino, au carrefour de multiples influences cinématographiques, fondé sur une implacable dénonciation du racisme.
- Réalisateur : Quentin Tarantino
- Acteurs : Leonardo DiCaprio, Samuel L. Jackson, Jamie Foxx, Kerry Washington, Franco Nero, Jonah Hill, Don Johnson, Christoph Waltz, Walton Goggins
- Genre : Action, Western, Film culte
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Sony Pictures Releasing France
- Durée : 2h44mn
- Date télé : 30 mars 2024 22:42
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : Django Unchained
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 16 janvier 2013
Résumé : Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves… Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…
Critique : Le talent de Tarantino a toujours consisté dans l’assimilation de ses innombrables références cinématographiques, et sa capacité à s’en extraire, pour bricoler des patchworks d’une manière immédiatement reconnaissable. Django Unchained ne fait pas absolument pas exception à la règle, qui mélange à la fois le western spaghetti, le cinema d’exploitation bisseux des années 70, le drame social, le cartoon burlesque, le vidéo-clip et... la tragédie shakespearienne, la deuxième partie du long métrage privilégiant un huis clos sur fond de mensonges et d’affrontements psychologiques, avant de déchaîner une violence vengeresse.
De ce syncrétisme a priori improbable, Tarantino parvient à tirer une œuvre d’une grande unité narrative, dont la longueur n’est absolument pas un inconvénient. Au contraire. L’impressionnante maîtrise du réalisateur s’épanouit à travers un format dilaté, qui lui permet d’abord de prolonger les plans-séquences, dans une pure tradition du film de cow-boys américain, nourrie des grands espaces, avant de resserrer symboliquement l’intrigue et son environnement, puisqu’il s’agit pour Django, l’esclave noir anéanti par le racisme blanc, de venger une humiliation qu’il incarne de manière métonymique, tout comme la femme qu’il aime, devenue domestique et qu’il cherche à sauver.
Les (presque) trois heures de film filent à la vitesse du train, donnent l’impression de traverser l’histoire du cinéma, en une somme de propositions formelles et de tonalités variées, aussi novatrices que pouvait l’être, en son temps, la fresque Naissance d’une nation, le film de Griffith, tout en se construisant évidemment contre lui, son racisme intrinsèque. Toujours inspirée, la caméra s’accommode autant des plans d’ensemble alentis que des brusques ruptures, par l’effet de simples zooms, quand la tension l’exige, parce qu’au-delà des apparences de l’urbanité sourd la menace d’un affrontement entre les Blancs esclavagistes et le Noir vindicatif, qui éclatera à la fin de l’histoire.
A cette trame se superpose, selon un style immédiatement reconnaissable, la volonté d’entremêler les registres, l’humour ne s’absentant jamais totalement dans les scènes dramatiques, comme le prouve la séquence initiale où Django est libéré par le sémillant docteur Schultz, au langage si châtié, comme l’atteste la désopilante scène où des simili thuriféraires du Ku Klux Klan, assoiffés de vengeance contre le "nègre", sont ridiculisés par les masques inconfortables qu’ils se sont bricolés, comme l’illustre la saillie ironique de Schultz, après le meurtre du méphistophélique Candie.
On n’ignore donc pas le substrat foncièrement politique du film, son implacable dénonciation de la ségrégation raciale (l’impressionnant massacre d’un esclave par des chiens enragés et la violence qui se déchaîne contre Django, à la fin du long métrage, en constituent les points culminants). Mais on est surtout happé par la virtuosité de la mise en scène, sorte de synthèse tarantinesque, qui fait de Django unchained le meilleur film de son auteur.
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roger w 30 janvier 2013
Django Unchained - Quentin Tarantino - critique
Le film procure une certaine idée de la jubilation. Incroyablement malin, purement jouissif à bien des égards, le dernier Tarantino ressemble à s’y méprendre au divertissement idéal, comme Hollywood n’est quasiment plus capable d’en produire aujourd’hui. Quasiment.