A.C.A.B
Le 4 juin 2013
Témoignage choc de l’une des répressions policières les plus scandaleuses, Diaz est une oeuvre âpre et révoltante qui saura marquer le spectateur de son seau, celui de la souffrance et de l’insoutenable injustice.


- Réalisateur : Daniele Vicari
- Acteurs : Claudio Santamaria, Elio Germano, Jennifer Ulrich
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Durée : 2h01mn
- Titre original : Diaz: Don't Clean Up This Blood
- Date de sortie : 5 juin 2013

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Témoignage choc de l’une des répressions policières les plus scandaleuses, Diaz est une oeuvre âpre et révoltante qui saura marquer le spectateur de son seau, celui de la souffrance et de l’insoutenable injustice.
L’argument : En 2001, pendant la dernière journée du G8 de Gênes, quelques instants avant minuit, plus de 300 policiers prennent d’assaut l’école Diaz, à la recherche des militants du Black Bloc. Dans l’établissement, se trouvent quatre-vingt-dix activistes, dont la plupart sont des étudiants européens accompagnés de quelques journalistes étrangers, qui s’apprêtent à passer la nuit à même le sol de l’école. Alors que les forces de l’ordre font irruption, les jeunes manifestants lèvent les mains pour se rendre. Imperturbables et implacables, les policiers se livrent à des exactions préméditées d’une violence inouïe, frappant indifféremment jeunes et vieux, hommes et femmes.
Notre avis :Le critique ne peut prétendre se dérober à la vocation première du journaliste : informer. Ainsi, est-il juste d’assimiler un film embrassant une vocation artistique à l’oeuvre dénonçant les exactions barbares d’un système immoral ? L’on ne saurait répondre à l’affirmative sans craindre de faire état de médiocrité et de petitesse d’esprit.
Diaz-Un crime d’Etat n’est pas un chef d’oeuvre du septième art. Certes. Le nombre de personnages en action ne permet pas au cinéaste d’en dresser un portrait psychologique convaincant. L’absence de protagoniste principal se révèle d’ailleurs assez déroutante. Du reste, le manque d’explications concédées par le réalisateur sur les évènements relatés et sur les motivations des militants est embarrassant. La scène pivot d’une bouteille en verre lancée à l’encontre de forces de l’ordre manque cruellement d’intensité. Ce point central du canevas cinématographique aurait pu donner naissances à de superbes envolées lyriques. Ca n’est pas le cas, et ses apparitions successives desservent la narration au lieu de la sublimer.
Ces mesquines considérations étant faites, Diaz-Un crime D’Etat est un film capital. S’inspirant des faits ayant eu lieu lors du sommet du G8 organisé à Gênes en 2001, le long-métrage pointe un doigt accusateur vers les responsables des abominations dont il est question ici. Le dimanche 22 juillet, l’école Diaz, qui abritait alors pas moins de trois cent sept manifestants altermondialistes, est prise d’assaut par la police. Le but des officiers est clair : détruire le centre de convergence des médias alternatif regorgeant de preuves quant aux actes conduits par les forces de l’ordre. Victimes d’une violence inouïe, les occupants sont arrêtés, puis séquestrés pendant trois jours à la caserne de Bolzaneto. Ils y subissent de nombreux sévices physiques, sont l’objet de tortures et d’humiliations, notamment à caractère sexuels.
Encore aujourd’hui, et ce malgré les condamnations, personne n’a accepté de prendre la responsabilité des évènements. Certains des instigateurs de ces atrocités font encore carrière, et ont même été promus. Un seul homme, l’ancien adjoint au préfet de police de Rome Michelangelo Fournier, a reconnu les violences comme une « boucherie mexicaine » , six ans après. Le sujet, particulièrement sensible, fait encore l’objet de débats. Diaz-Un crime D’Etat n’a d’ailleurs été co-produit par aucune chaîne de télévision. L’on doit sa production et sa distribution à Domenico Procacci (le producteur de Gomorra et Habemus Papam).
Après le visionnage du film, le concept même de « droits de l’homme et du citoyen » nous apparaît bien hypocrite. Aujourd’hui, en 2013, le crime de torture n’est pas inscrit dans le code pénal italien. Une question, lancinante, subsiste. Où était le quatrième pouvoir ? Les médias ont courbé l’échine. Et nous, pauvres spectateurs, faisons de même de honte de n’avoir rien fait, rien su, rien entendu.