Hamlet chez les diamantaires
Le 12 octobre 2020
Diamant noir, fraîchement auréolé du prix du jury au festival du film policier de Beaune, fait-il honneur à son appellation de joyau sombre ? Réponse en critique.
- Réalisateur : Arthur Harari
- Acteurs : August Diehl, Raphaële Godin, Niels Schneider, Hans Peter Cloos , Abdel Hafed Benotman
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h55mn
- Date télé : 9 mars 2022 20:55
- Chaîne : Arte
- Box-office : 81.155 France / 38.750 entrées P.P.
- Titre original : Dark Inclusion
- Date de sortie : 8 juin 2016
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Pier Ulmann vivote à Paris, entre chantiers et larcins qu’il commet pour le compte de Rachid, sa seule "famille". Son histoire le rattrape le jour où son père est retrouvé mort dans la rue, après une longue déchéance. Bête noire d’une riche famille de diamantaires basée à Anvers, il ne lui laisse rien, à part l’histoire de son bannissement par les Ulmann et une soif amère de vengeance. Sur l’invitation de son cousin Gabi, Pier se rend à Anvers pour rénover les bureaux de la prestigieuse firme Ulmann. La consigne de Rachid est simple : « Tu vas là-bas pour voir, et pour prendre. » Mais un diamant a beaucoup de facettes…
Critique : Après s’être fait la main sur des courts et moyens métrages, parfois avec récompenses à la clé comme ce fût le cas pour La Main sur la gueule (2007) (Grand prix au festival de Brive), le cinéaste français Arthur Harari passe à la vitesse supérieure en délivrant son premier long, un film noir sur fond de drame familial et de quête identitaire en immersion chez les diamantaires d’Anvers qu’il a sobrement baptisé Diamant Noir. L’univers hermétique des diamantaires - un milieu qui a le bon goût d’avoir été jusque là peu traité sous cet angle au cinéma - va permettre à Arthur Harari de donner corps à une œuvre prismique diffuseuse d’ambiguïté. L’histoire met en scène le personnage de Pier Ulmann interprété par Niels Schneider, jeune homme en souffrance, bouleversé par les offenses qui ont conduit à la mort de son père. Sa quête vengeresse et identitaire le pousse à renouer avec la riche famille fragmentée de diamantaires d’Anvers dont il est issu. Pier s’y introduit tel un cheval de Troie dans une seule optique : les voir payer coûte que coûte. Cette relecture de tragédie shakespearienne laisse naître des relations dont l’ambivalence intrigue et à l’intérieur de laquelle certains secrets de famille feraient mieux de rester enfuis à jamais.
- Copyright Ad Vitam
L’ouverture du film sous une signature de giallo happe instantanément le spectateur dans une atmosphère ténébreuse quasi dévitalisée. Les couleurs contrastées tâchent de nous sortir du réel pour mieux nous baigner dans des méandres d’une obscure clarté. Par la suite, l’œuvre n’aura de cesse de chercher à entretenir un rapport bien particulier avec les perceptions optiques. Que ça soit l’œil miroir, l’œil symbole ou encore l’œil outil, tout convie à une forme de méditation manifestement déliée. Diamant noir s’applique à remettre en question des principes élémentaires, explore de grandes obsessions (manipulation, vengeance, duperie), soumet le personnage principal à différents mentors et sonde les arcanes de la taille du diamant avec un vrai goût pour le cinéma noir. Malgré de belles ressources, certains points laissent aussi émerger un sentiment plus mitigé. On pointera par exemple le pénible manque de tension du casse final vers lequel tout le film converge, l’interprétation générale plutôt faiblarde (le jeu de Niels Schneider manque souvent d’expressivité) et enfin certaines motivations qui peuvent parfois laisser perplexe. En faisant fî de ces légères fautes de goût, gageons que le premier film d’Arthur Harari saura finalement en magnétiser plus d’un. À la question : Diamant noir, joyau sombre ? On vous répond pas tout à fait, mais presque.
Notes : Diamant noir a été récompensé par le prix du jury au festival du film policier de Beaune 2016.
- Copyright Ad Vitam
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.