Le 8 novembre 2020
Le célèbre film de José Giovanni ne se réduit qu’à trois mots : Gabin, Delon, abolitionnisme. Pour le cinéma, on repassera.
- Réalisateur : José Giovanni
- Acteurs : Alain Delon, Jean Gabin, Mimsy Farmer, Victor Lanoux, Jacques Monod, Malka Ribowska, Dominique Zardi, Robert Castel, Jacques Rispal, Jean Degrave, Bernard Musson, Christine Fabréga, Maurice Barrier, Armand Mestral, Michel Fortin, Cécile Vassort
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Valoria Films
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 19 mars 2024 21:00
- Chaîne : Paris Première
- Date de sortie : 25 octobre 1973
- Festival : Festival de La Rochelle 2022
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Résumé : À sa libération, Gino Strabliggi, un ancien truand, est chaperonné par l’inspecteur Cazeneuve, inspecteur a la retraite, qui l’aide a se reinserer. Malheureusement un autre policier cherche à le faire trébucher.
Critique : Archétype du film progressiste dans le contenu, mais pas dans la forme, Deux hommes dans la ville est le plus notable du réalisateur José Giovanni, ancien taulard, qui signa d’abord des récits policiers, dont un certain nombre fit l’objet d’adaptations cinématographiques (citons Le trou de Jacques Becker ou Classe tous risques de Claude Sautet). Puis l’écrivain se lança dans la mise en scène. Largement nourri par son expérience carcérale, ce réquisitoire contre la peine de mort et une justice inique acharnée à la perte d’un homme, ne se réduit qu’à son message généreux et abolitionniste : artistiquement parlant, il ne se passe rien de particulier comme si, impressionné par la présence de ses deux "monstres sacrés", Gabin et Delon - qui n’avaient pas tourné ensemble depuis Le clan des siciliens -, Giovanni n’osait pas les sortir de leur zone de confort : le taulier du septième art français, autrefois immense chez Renoir, n’abandonne jamais ses postures de patriarche. Malheureusement, qu’il soit gangster, éducateur, paysan madré ou clochard, le Gabin des vingt dernières années récite une partition monotone que la densité hautement émotionnelle du scénario de Giovanni n’ébranle pas d’un pouce, ce qui assombrit quelque peu la véracité de l’ensemble.
De son côté, Delon joue encore le jeune chien fou, son personnage étant tiraillé entre ses fréquentations interlopes et sa volonté de réinsertion. Pour l’anecdote, dans la bande de malfrats qui tente de rallier le protagoniste à sa cause, on note la présence du tout jeune Gérard Depardieu, lequel allait, quelques mois plus tard, se révéler dans Les Valseuses de Bertrand Blier.
Opposant dans ce schéma actanciel très classique, Michel Bouquet figure une sorte de Javert aux petits pieds, comme une répétition des Misérables, qu’il tournera neuf ans plus tard, incarnant le vindicatif policier inventé par Hugo, sous la direction de Robert Hossein. Certes, à son personnage glaçant l’acteur confère une densité remarquable, mais cet ennemi paraît si stéréotypé et ses méthodes si empreintes d’un sinistre passé vichyssois qu’on ne les dissocie absolument pas des intentions démonstratives du réalisateur, de sorte que certaines scènes semblent très nettement outrées, notamment celle du meurtre fatal, qui conduira l’assassin à l’échafaud.
Reste un long métrage engagé, réduit à ce slogan si viscéralement attaché aux années 70, et auquel on aurait envie d’opposer, en le décalant, un adage mallarméen : ce n’est pas avec des idées qu’on fait du cinéma, c’est avec des images.
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