Balade en eau salée
Le 5 juillet 2013
Gavé de clichés et de bons sentiments, Des saumons dans le désert est la déception anglaise de l’année. A voir en coup de vent pour les paysages...
- Réalisateur : Lasse Hallström
- Acteurs : Ewan McGregor, Kristin Scott Thomas, Emily Blunt, Conleth Hill
- Genre : Comédie, Drame, Romance
- Nationalité : Britannique
- Durée : 1h47mn
- Titre original : Salmon Fishing in the Yemen
- Date de sortie : 6 juin 2012
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Gavé de clichés et de bons sentiments, Des saumons dans le désert est la déception anglaise de l’année. A voir en coup de vent pour les paysages...
L’argument : Lorsqu’un richissime cheikh du Yémen se met en tête d’introduire des saumons dans les rivières de son pays, tout le monde pense qu’il s’agit d’une pure folie. Pourtant, entre volontés politiques et coups du destin, une jeune chargée d’affaires, Harriet, et un scientifique, Fred, vont se retrouver obligés de concrétiser ce rêve insensé. Même si le projet est un vrai casse-tête, l’aventure tombe plutôt bien pour Fred et Harriet, dont la vie privée n’est pas au beau fixe… À travers les voyages, les rencontres et les innombrables péripéties que ce programme surréaliste occasionne, tous deux vont découvrir l’existence sous un jour différent. La pêche miraculeuse du cheikh va-t-elle servir d’appât à l’amour ?
Notre avis : Après Une vie inachevée et Dear John, Lasse Hallström revient sur les écrans avec une oeuvre une fois de plus décevante, Des saumons dans le désert. A l’origine, un roman encensé par la critique (’’Partie de pèche au Yémen’’) et un casting de rêve (Ewan Mc Gregor, Emily Blunt, Kristin Scott Thomas) doublés d’une histoire originale : la folle épopée d’un cheik millionaire prêt à investir 50 millions de dollars pour voir une flopée de saumons nager dans le désert. Si l’idée de départ laisse perplexe, sa réalisation a au moins le mérite d’aguicher l’oeil. Image sublime, couleurs éclatantes, sur-brillance de la lumière, c’est presque trop beau pour être vrai. Une beauté plastique qui déguise un film d’une frivolité désarmante. Les saumons ne peuvent scientifiquement pas survivre au Yémen ? Tant pis, allons-y gaiement, au risque de friser l’incrédibilité totale ! Des saumons dans le désert c’est un Méli-mélo de niaiseries en tout genre, allant de l’histoire d’amour larmoyante (Emily Blunt qui doit choisir entre le scientifique coincé alias Ewan Mc Gregor et le beau soldat revenu d’entre les morts) à la philosophie judéo-chrétienne bien pensante (si tu as la foi tu es recompensé) en passant par les envolées lyriques du cheik, dont la remontée des saumons semble symboliser pour lui, l’ultime métaphore de la recherche de Dieu....
Mais le mouton noir du projet reste sans conteste une tonalité imprécise et balbutiante, qui mèle avec maladresse le drame et la comédie à la romance. Une incohérence que l’on a du mal à comprendre quant on sait que c’est Simon Beaufoy, le scénariste de Slumdog millionaire qui s’est occupé de l’adaptation.
Car c’est un fait, on s’ennuie ferme devant la naïveté dramatique d’un tel sujet, à laquelle s’ajoute un cruel manque de rebondissements, nos deux héros (Hariett, la jeune et jolie assistante du cheik et Fred, le scientifique au bord de la crise de nerf) passant le plus clair de leur temps à se morfondre sur leur triste sort. Quand l’un se désespère de l’échec de son mariage, l’autre se languit de son soldat parti en afghanistan. Entre deux états d’âmes, ils travaillent sur le projet du saumon en se faisant les yeux doux. Si Ewan Mc Gregor est plutôt juste dans l’interprétation d’un scientifique qui de sceptique devient audacieux, Emily Blunt brille par la fadeur de son jeu, qui ne transmet pas la moindre petite émotion. Reste les deux étoiles de ce film, Amr Waked (le cheik) et Kristin Scott Thomas (chargée de communication pour le gouvernement britannique). Le premier est le George Clooney du Moyen-Orient encore inconnu du grand public européen et la deuxième est une actrice chevronnée dont la réputation n’est plus à faire. Deux acteurs qui surnagent au dessus du lot, l’un donnant au personnage du cheik, un charisme et une intensité irrésistible, l’autre triomphant dans la peau d’une femme politique redoutable, bien décidée à faire de cette bouffenerie de pèche au saumon, l’image de la détente entre le Royaume-Uni et les pays arabes. Les échanges twitter de cette dernière avec le premier ministre sont d’ailleurs assez truculents : ’’vous péchez monsieur le ministre ?, ’’ça dépend’’ ’’deux millions de pécheurs votent en Angleterre’’, ’’alors je pèche’’. Un humour politique décapant dans le pur esprit du roman. Au final, Des saumons dans le désert est une production ultra-classique et peu convaincante.
Pas de quoi frétiller de plaisir pour cette histoire de saumons à l’eau de rose....
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