Au nom du père
Le 18 juillet 2015
Après Adieu Gary , Nassim Amaouche semble vouloir poursuivre sa quête de la construction d’une figure paternelle avec Des apaches. Un film fuyant mais beau.
- Réalisateur : Nassim Amaouche
- Acteurs : André Dussollier, Lætitia Casta, Nassim Amaouche, François-Xavier Phan
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h37
- Date télé : 8 juillet 2016 20:50
- Chaîne : Canal + Cinéma
- Titre original : Des apaches
- Date de sortie : 22 juillet 2015
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Après Adieu Gary, Nassim Amaouche semble vouloir poursuivre sa quête de la construction d’une figure paternelle avec Des apaches. Un film fuyant mais beau.
L’argument : Lors de l’enterrement de sa mère, Samir croise le regard d’un inconnu, son père. Celui-ci l’entraîne dans une affaire familiale qui le plonge au cœur de la population kabyle de Belleville et de ses traditions. Une expérience qui le bouleverse et fait resurgir son passé d’une étrange manière. Alors qu’il se confronte à ses choix, Samir va s’affranchir de son enfance et de son clan pour devenir un homme libre, un « Apache ».
Notre avis : Dès sa première séquence, Des apaches donne à voir la communauté Kabyle parisienne, peu présente habituellement au cinéma. Une bonne surprise vite tempérée par l’étrangeté de cette ouverture, sorte de petit documentaire maladroit sur les kabyles et leur organisation guidé par la voix de Serge Bozon. Cette voix off – dont le statut changera au cours du film, d’abord extra puis intra diégétique - témoigne malgré elle d’un auteur qui ne sait pas trop comment raconter son histoire.
La dichotomie entre cette ouverture documentaire, avec un débit vocal volontairement articulé et une construction très classique laisse un peu béat. On ne sait pas devant quel film on va se trouver, dans quelle histoire on va nous emmener. S’il ne s’agissait que de déstabiliser le spectateur pour l’amener ailleurs, cela passerait tout seul. Mais ici, rien d’original dans cette forme d’explication ne vient rehausser cette minuscule déception.
© Ad Vitam
Heureusement la suite est plus douce, à l’image de son personnage principal. Le réalisateur a fait le choix d’endosser le rôle de Samir, héros du film. Il avait au départ pensé le personnage pour Yasmine Belmadi, qui tenait le rôle principal de son précédent film Adieu Gary, mais le décès tragique de l’acteur a redistribué les cartes. C’est donc le premier « premier » rôle de Nassim Amaouche auquel nous assistons et il s’en sort avec les honneurs. Nul doute que le regard bienveillant de la chef opératrice Céline Bozon a fortement contribué à la réussite de sa performance. Il est d’un naturel un peu décalé, assez inhabituel au sein de cinéma français pour être noté. Mais plane toujours sur lui l’ombre du rôle rêvé pour un autre.
En conséquence on voit se déployer sous nos yeux un film en errance, peu affirmé dans son propos.
© Ad Vitam
Le titre du film « Des apaches » se veut une référence aux indiens. Du coté de l’histoire, ce sont ceux qui ne gagnent pas,les rejetés, mais ceux aussi qui, pour l’auteur, n’abandonnent pas leur quête. C’est également un clin d’œil à Adieu Gary dont le jeu subtil avec les codes du western avait été salué.
Du coté des rôles secondaires, on retrouve avec bonheur Laetitia Casta, incandescente de beauté et de simplicité. On regrettera son arrivée dans le film par hasard, dans une séquence fantasmée assez peu inspirée, que vient souligner une musique très illustrative. On compte également une autre rencontre entre le héros et le fils du personnage de Casta, complètement fortuite. Ces incursions dans le fantastique pourraient porter le film vers une autre dimension mais elles manquent de tact et viennent questionner le métrage au lieu de l’enrichir.
Amaouche fait naviguer son héros dans des lieux à l’identité forte, tous sublimés par l’image superbe de Céline Bozon. D’ un hammam pour hommes où il réalise que les affaires ne sont jamais toutes propres à un pittoresque jardin de musée. Dommage que le héros ne fasse qu’y passer sans imprégner son identité à ces endroits si particuliers.Le final, amené par une curieuse ellipse, est en demi teinte et on aimerait un peu plus de définition dans la quête du héros qui se laisse trop souvent porter par les événements.
Des apaches, malgré une belle maîtrise formelle, reste un film un peu confus. Amaouche se démarque cependant comme un cinéaste en train d’éclore et quand il sera né, nous serons au rendez-vous.
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