Le 27 mars 2013
Après le désastreux Sounds of the Universe, Depeche Mode tourne la page avec un opus ténébreux émaillé de quelques pépites...
Après le désastreux Sounds of the Universe, Depeche Mode tourne la page avec un opus ténébreux émaillé de quelques pépites...
Après avoir proposé il y a quatre ans l’un des albums les plus fades de leur longue carrière, le groupe fondateur d’électro New Wave, Depeche Mode, revient avec un 13e album qui ne donne pas dans le tube ! Mais contrairement au précédent opus où seul le titre Wrong sortait d’une torpeur générale, la fadeur n’est pas au rendez-vous de ce nouvel album qui atteint des sommets de production. Si l’efficacité sonore est patente dès la première écoute, il faut bien compter sur une exploration plus approfondie de l’album pour capter l’essence mélodique d’un ensemble d’une grande cohérence qui refuse de se livrer dans l’immédiateté. Voulu comme un retour aux grands albums 90s du groupe, à savoir le ténébreux et atmosphérique Violator et le mystique Songs of faith and devotion, l’album électro-blues-lancinant qui « rock » dur, sait aussi se rapprocher des productions plus contemporaines du groupe, comme Playing the angel. Mais les sons ont beau vouloir se rapprocher au plus près des techniques du moment, la tentation d’un habillage eighties est également présent pour satisfaire une fanbase fidèle qui a permis au groupe de demeurer après 30 ans de carrière l’un des groupes les plus populaires en stade.
Critique de l’album titre par titre :
1 Welcome to my world : démarrage électronique qui donne le ton de l’album, avec des intentions épiques qui ne parviennent toutefois pas à trouver la mélodie vocale satisfaisante pour happer l’attention. Les arrangements musicaux, entre décompte électronique, nappes de synthé frénétiques et brumeuses, demeurent de grande qualité.
2 Angel : Retour du Depeche Mode plus rock, plus abrupt, celui de Barrel of a gun ou I feel you. Quelques riffs de guitares sont bien connus. On n’est pas convaincu par le rendu. On n’a pas branché la Delta Machine pour cela…
3 Heaven : premier single sans emphase, souvent maladroit (le refrain chanté par Dave Gahan avec les chœurs de Martin Gore)… Toutefois, la finesse musicale en fond n’est pas sans nous toucher. L’on reste loin des canons du groupe en termes de ballades qui nous a habitués à bien mieux.
4 Secret to the end : Mélodie et couplets entêtants, reprenant les grands hymnes 80s du groupe lors des instants instrumentaux, on tient là le bijou de l’album. Gahan qui s’engouffre dans les affres de l’amour offre une profondeur vocale qui mobilise toutes nos passions.
5 My little Universe : sur un mode électro a priori dépouillé, on retrouve les résonnances des premiers albums du groupe, comme Construction time again. Si l’ennui semble peser le temps de quelques expérimentations sonores, on sent poindre toute la force de rouleau compresseur d’un morceau dont la fin nous happe à grand renfort de boucles hypnotiques qui donnent tout le caractère du morceau.
6 Slow : Mélange de rythmes, tantôt blues, tantôt synthétiques… la chanson porte bien son titre et nous procure un engourdissement jusqu’au bout. Vite, le titre suivant !
7 Broken : Moins de 4 mn pour ce titre relativement court qui revient aux mélodies ténébreuses du groupe des années 80. Les fans de la première heure apprécieront.
8 The Child Inside : Martin Gore vient poser sa voix cristalline sur une comptine tout en subtilité musicale. L’étreinte mélodique n’est pas spontanée, mais on pourrait apprendre à aimer ce morceau.
9 Soft Touch/ Raw Nerve : Ce n’est pas A question of time, mais cela y ressemble un peu. Ce morceau très court qui empreinte des guitares à Garbage pose une efficacité en crescendo. Vraiment bien produit.
10 Should be higher : Le titre qui monte, qui monte… Une structure éclatée pour 5minutes qui explorent des sommets lors d’expérimentations musicales probantes.
11 Alone : chanson valeureuse dans sa production qui souffre toutefois d’un refrain un peu aride en émotions, mais les nappes de synthétiseurs sont tout simplement superbes ! Les fans vont jubiler…
12 Soothe my soul : retour au Depeche Mode qui remue, avec une décadence de sons dark. Un bon morceau qui nous transporte aux rythmes cardiaques de ses amplis fous.
13 Goodbye : les premières notes blues inquiètent… Depeche Mode en a déjà abusé dans le passé… Et pourtant, le mélange avec l’électronique est explosif, à l’image du refrain. L’un des titres phares de l’album.
Les 4 titres de l’édition DeLuxe
1 Long Time Lie : titre languissant, totalement mineur.
2 Happens all the time : méritait largement sa place sur l’édition standard. La chanson distille via sa musique très industrielle une belle mélancolie.
3 Always : Jeu de voix, jeu de vilains ? Martin Gore revient relever l’album avec un titre aux envolées célestes, tandis que des distorsions de voix viennent parfois corrompre cette magnifique harmonie. Un titre précieux !
4 All that’s Mine : Cela commence comme certains titres 00s du groupe, à la façon de Suffer Well ; le groupe invite aussi les effets ténébreux d’In your room. Peu à peu la chanson s’insinue comme l’un des morceaux les plus remarquables de cet album. Une fin plus paroxysmique aurait été toutefois la bienvenue.
Verdict :
Album froid qui sait s’insinuer dans les ténèbres musicales des productions d’hier et aujourd’hui, l’album Delta machine, est un beau condensé de l’œuvre de Depeche Mode, malheureusement jusqu’à l’hideuse pochette qui confirme l’incroyable mauvais goût du groupe en matière de visuels. Si on imagine mal de nouveaux tubes émerger de cette fournée audacieuse, le plaisir saura être conséquent pour ceux qui ne se contentent pas d’une première écoute facile.
Côté support, la déception est de mise, de la part d’un groupe qui a ressorti jadis tous ses albums en 5.1, on peut regretter l’absence d’un DVD ou blu-ray 5.1 pour appréhender à sa juste valeur un album émaillé d’une nébuleuse de sons épars.
Galerie photos
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