Demain est un autre jour - Douglas Sirk - critique

Critique : C’est ce soir-là que choisit Norma (Barbara Stanwyck), un ancien amour de jeunesse, pour venir sonner à sa porte. Cette dernière, partie vivre à New York depuis des années et devenue l’illustre responsable d’une maison de couture, se trouvant de passage pour le travail, sur un coup de tête, se décide à revoir Clifford. Se remémorant le passé avec nostalgie, ils vont passer une excellente soirée amicale.
Ils découvrent que le week-end suivant, par un étonnant hasard, qu’ils ont tout deux réservé une chambre du même hôtel dans le désert. Elle, pour se reposer, lui avec sa femme, en vue également de rencontrer un gros client. Mais leur cadette qui suit des cours de danse étant victime d’une entorse, Marion va de nouveau lui faire faux bond.

Avec une ambiance douce-amère, Douglas Sirk dresse un portrait mordant de la famille idéale américaine. Si Clifford à tout pour être heureux, il est perpétuellement frustré de ne jamais pouvoir disposer d’un moment de liberté avec sa femme, toujours débordée par les enfants. Ces derniers d’ailleurs vont se montrer particulièrement ingrats en développant une jalousie mal placée envers Norma en qui ils voient une dangereuse concurrente à leur mère.
Le récit ne manque pas d’ironie quand, après un carton d’ouverture annonçant que l’histoire se déroule sous le soleil de Californie, on découvre des passants sous une multitude de parapluie qui courent sous une pluie battante.

Si Fred MacMurray prête avec brio une mollesse bienvenue à son personnage, ce sont surtout les personnages de femmes qui brillent, entre Joan Bennett, l’épouse plus maligne qu’il n’y paraît, Barbara Stanwyck l’amie de jeunesse, d’une grande élégance, mais consciente de sa solitude, ou encore Gigi Perreau, la petite amie du fils aîné qui elle a tout compris.

Une très belle chronique familiale, mordante et subtile, portée par une distribution exceptionnelle.