Le 22 février 2021
Sous forme de nouvel hommage à une idée du héros américain, Peter Berg s’attaque à la catastrophe environnementale de la plate-forme Deepwater Horizon avec la même efficacité et empathie que Du sang et des larmes. De quoi en ressortir abasourdi.
- Réalisateur : Peter Berg
- Acteurs : Kurt Russell, John Malkovich, Kate Hudson, Mark Wahlberg, Dylan O’Brien, Brad Leland
- Genre : Drame, Action, Film catastrophe
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 20 novembre 2024 23:10
- Chaîne : RTL9
- Titre original : Deepwater Horizon
- Date de sortie : 12 octobre 2016
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Résumé : D’après l’incroyable histoire vraie de la plus grande catastrophe pétrolière de l’histoire. La plateforme Deepwater Horizon tourne non-stop pour tirer profit des 800 millions de litres de pétrole présents dans les profondeurs du golfe du Mexique. Mike Williams, électricien sur la plateforme et père de famille, connaît les risques de son métier mais fait confiance au professionnalisme de son patron Jimmy Harrell. En revanche, tous se méfient de la société locataire de la plateforme dirigée par Donald Vidrine, qui ne pense qu’à son bénéfice. Lorsque cette société décide contre l’avis des techniciens de la déplacer trop rapidement, il sont loin de se douter que les 5 millions de barils sous leurs pieds sont prêts à exploser... Le seul courage de Mike et ses collègues suffira-t-il à limiter les dégâts et sauver ce qui peut encore l’être ?
Critique : Les chats ne sont pas craintifs, ils sont téméraires et idiots.
Alors quand Vidrine, envoyé de la compagnie B.P., compare les félins avec des ouvriers de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, pour les rabaisser et faire appel à leur fierté masculine afin d’obtenir ce qu’il veut, on comprend qu’il y connaît autant en chat qu’en forage. Pourtant, lui seul est le responsable de ce monstre noir, car seul représentant sur place, avec son collègue, d’un géant mondial en matière d’or noir. Sans surprise, et sûrement le plus dramatique dans l’origine de ce fait divers, l’argent est le seul moteur de cette catastrophe écologique, mais aussi humaine. Peter Berg ne s’intéresse que peu aux conséquences ou même au contexte, à la politique ou à l’environnement, son point de vue s’oriente vers les hommes présents pendant l’accident qui provoquera l’explosion de la plate-forme et la mort de onze ouvriers. On pourrait accuser le réalisateur de lâcheté, esquivant habilement ce qui l’obligerait à se mouiller intellectuellement et à divulguer ses opinions sur le sujet, mais le travail sur ses personnages n’est-il pas le reflet même de sa conscience et sa manière à lui de contribuer à rendre hommage à une catégorie d’hommes qu’il respecte plus que tout ?
Par son sujet, la prise de position semble clairement inévitable, et sans pour autant forcer sur la dose de manichéisme, avec d’un côté les gentils ouvriers, et de l’autre les patrons toujours avides d’argent, le film retranscrit les failles d’un système hypocrite, soit disant sécurisé pour ses ouvriers, de la part de responsables qui n’ont jamais posé le pied sur ces géantes installations métalliques (ou pas très longtemps). Le fait est là, l’accident est inévitable.
- Copyright : SND
Comme pour Du sang et des larmes, Deepwater brille par sa construction d’une simplicité qui n’a d’égale que son efficacité. Décomposant son film en deux parties bien distinctes, ici reliées par une tension montant crescendo, les cinquante premières minutes sont réservées à l’introduction de tous les personnages et de l’univers dans lequel ils évoluent. Excepté un préambule moins bête et mièvre que l’on pourrait le penser, le spectateur est attiré dans cet environnement où tout le monde se connaît et s’apprécie déjà avant le début du film. L’attachement avec ces travailleurs de la classe ouvrière s’opère ainsi facilement grâce au style que Berg entretient depuis des années avec cette manière empathique d’aborder son histoire, d’abord par le prisme humain, puis par le spectaculaire. Car il n’y a pas meilleure recette dans un film catastrophe, genre bien mis à mal ces dernières années par des productions pop-corn débilitantes, que d’écrire (et de décrire) humainement ses personnages avant de les mettre devant le plus grand des dangers. Une vitre brisée fera plus d’effet sur le spectateur que la destruction d’un building si les personnes concernées nous ont été précédemment introduites pour nous toucher émotionnellement. Par des valeurs auxquelles on s’identifie tous, l’entraide en première ligne, et un grand naturel de la part des acteurs, l’impression d’appartenir à une seule et grande famille soudée domine chez le spectateur. Les personnages ont un rôle bien défini, des surnoms, des traits de caractères et s’échangent des vannes drôles parce qu’elles s’inscrivent justement dans un contexte d’immersion, qui ne nous quittera plus jusqu’à la fin d’un cauchemar annoncé par la dichotomie entre les demandes de dirigeants inconscients, et le comportement d’un pétrole rendu inquiétant et indomptable.
- Copyright : SND
Avec une approche viscérale, Deepwater insiste sur la monstruosité de cette matière noire et de son origine fossile, comme si la force des dinosaures d’autrefois remontait à la surface dans un élan de rage incontrôlée. Presque horrifique dans son traitement sonore lourd (rappelant presque le Godzilla de Gareth Edwards) et ses explosions imprévisibles et dramatiques, la seconde moitié impressionne par sa brutalité et l’ampleur tragique de l’accident. A échelle humaine, on assiste au démembrement de toute une structure à l’apparence si robuste et à l’incapacité de l’être humain de contrôler les événements, destiné à subir plus qu’à se battre. Dans ce chaos où le pétrole enveloppe chaque plan de sa noirceur, difficile de parfois distinguer l’action et les personnages, uniformisés par un même visage recouvert de ce qu’eux appellent la boue, une manière de les montrer aussi égaux et impuissants les uns que les autres face à la force de ce qu’ils ont dévoilé. Plus maladroit et expéditif dans son épilogue, Deepwater renoue avec la volonté de rendre hommage à la classe ouvrière américaine, après un Du sang et des larmes focalisé sur les Navy Seals. En 2017 doit sortir Patriots Day, centré sur l’attentat pendant le marathon de Boston, toujours avec Mark Wahlberg en tête d’affiche, dans ce qui se dessine de plus en plus précisément comme une trilogie Berg / Wahlberg sur les héros américains contemporains.
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