De Douces Paroles - la critique du film

Des bouleversements familiaux d’importance sont l’occasion pour trois jeunes gens de s’interroger sur eux-mêmes. Un regard tout en tendresse sur une quête d’identité qui, d’abord nébuleuse, finira par s’éclairer de tons chaleureux au fur et à mesure des découvertes de chacun.

L’argument : Dorona, tout juste 35 ans, n’arrive plus à avancer dans la vie. Alors qu’elle ne parvient pas à avoir d’enfant, elle abandonne sa procédure d’adoption et rejette l’affection que lui offre son mari, Ricky. Espérant se ressourcer et se confier, Dorona trouve refuge auprès de sa mère, mais elle découvre rapidement que cette dernière lui a caché une terrible tumeur qui l’emporte quelques semaines plus tard. Après son décès, Dorona et ses deux frères Natanel et Shai, réunis dans la maison familiale afin d’affronter ensemble l’épreuve du deuil, font une terrible découverte. L’homme qui les a élevés n’est pas leur père biologique et leur mère leur a caché sa liaison passionnée avec un ancien amant algérien. La fratrie embarque alors dans un périple pour la France, bien déterminée à élucider le mystère qui entoure son passé. Mais tous trois espèrent aussi échapper aux difficultés du présent qui rattrapent Dorona, lorsque son mari insiste pour l’accompagner dans son voyage. Alors qu’ils partent sur les traces de leur père biologique, aidés d’une tante solitaire et d’une ancienne célébrité du cinéma, l’homme qui les a élevés réapparaît pour regagner leur affection, provoquant un chaos sans nom, tour à tour tragique et hilarant, au milieu duquel Dorona, Natanel et Shai s’interrogent sur la vérité et sur l’amour.

Notre avis : D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? C’est le titre de l’un des plus beaux tableaux de Paul Gauguin. Et c’est bien un tableau aux couleurs contrastées que Shemi Zahrin, le réalisateur de l’excellent Bonjour Monsieur Shlomi (2003), propose à nos yeux, des yeux à la fois émus et dubitatifs face à cette chronique familiale à rebondissements. Il utilise la famille comme point de départ pour nous permettre de comprendre (ou tout au moins de tenter) les êtres qui la composent et leurs relations mutuelles.
(C) Happiness Distribution
Toute cette première partie s’attache (trop) longuement à la complexité de chacun des personnages. Certes il n’est pas forcément facile de devoir remettre en question une vie que l’on s’imaginait toute tracée et il est encore plus difficile d’admettre que pour mieux vivre le présent et préparer son ’avenir, il n’existe pas d’autre solution que de tourner le dos au passé. Voir les personnages se débattre dans des choix déchirants les rend fragiles et attachants, mais freine également considérablement la progression du récit. On désespère de les voir sortir de ce spleen. Et puis, ouf, on quitte ce carcan physique et géographique car l’arrivée en France est revigorante.
Les images au ton irisé apportent la sérénité nécessaire, tant aux personnages qu’aux spectateurs. Le courage, l’humour et l’espoir insufflent une légèreté bénéfique à cette histoire d’amour et de vérité. L’ajout de quelques protagonistes secondaires, des plus savoureux, n’y est pas étranger. Il est d’ailleurs important de noter que si le scénario est parfois déconcertant, les acteurs, en revanche, font preuve d’un talent sans faille d’un bout à l’autre de cette aventure de l’intime. Leur amour réciproque ne fait aucun doute : ils forment une fratrie tout à fait authentique. Voilà quelques bonnes raisons d’aller goûter ce brouet entre amertume et sucre, pimenté d’une juste dose d’humour et d’émotion qui en facilite la digestion.