Le 3 avril 2017


- Scénariste : Michael Keller>
- Dessinateur : Josh Neufeld
- Genre : Document
- Editeur : Éditions çà et là
- Famille : Comics
- Date de sortie : 8 mars 2017
Une bande dessinée documentaire consacrée au Big Data.
Dans l’ombre de la peur, sous-titrée « Le Big Data et nous », propose un exposé didactique sur nos relations aux nouvelles technologies et ses conséquences avec, au centre des préoccupations, l’épineux sujet de l’exploitation des données personnelles. Une bande dessinée documentaire américaine, résultat d’une enquête minutieuse menée auprès de différents spécialistes des nouvelles technologies.
Le journaliste Michael Keller et le dessinateur Josh Neufeld nous proposent, en une cinquantaine de pages, une introduction didactique sur conséquences - réelles ou potentielles - de notre utilisation toujours plus intensive de logiciels et applications connectés, qui nécessite de la part de l’utilisateur la cession de données personnelles. C’est le système de l’économie virtuelle qui est ici questionné avec une grande acuité.
Quelles sont les conséquences pour les utilisateurs de la cession de leurs données personnelles en échange de l’utilisation de tel logiciel ou de telle application ? Comment les entreprises qui récoltent ces données s’en servent-elles ? La cession de ces données personnelles peut-elle se retourner contre l’utilisateur ? Et si, parce que vous n’utilisez pas la dernière application en vogue, vous finissiez par être « oublié » par vos amis qui se donnent rendez-vous par cet intermédiaire ou, pire, vous paraissiez « suspect » faute de vouloir confier vos données personnelles, parce que vous auriez « quelque chose à cacher » ? Des questions éthiques qui offrent un nouvel éclairage sur les enjeux complexes de l’économie numérique.
Le récit est construit autour de l’enquête menée par les deux auteurs, qui se mettent en scène et rendent compte en dessin de leurs échanges et des entretiens qu’ils mènent avec différents spécialistes des nouvelles technologies. Ce mode de narration confère une certaine dynamique au récit, d’autant plus que Josh Neufeld parvient, sur certains dessins et quelques échanges entre les deux protagonistes, à instiller une dose d’humour nécessaire à la conduite du récit qui, sans cela, relèverait de l’exposé rébarbatif. Cependant, le récit ne se départ pas d’un certain didactisme et les échanges entre les deux auteurs-personnages ne sont là que pour exposer ou mettre en lumière une théorie (comme la « théorie du dévoilement », très bien expliquée) ou les problèmes / questionnements liés à l’utilisation de certains types d’applications (Uber, Snapshot, etc). Dans cette même logique, le dessin, efficace et sans fantaisie, tâche d’être suffisamment dynamique et varié pour servir au mieux le discours véhiculé.
Dans l’ombre de la peur soulève bon nombre de questions en très peu de pages, quitte à apparaître parfois technique, quoique les dessins - magie de la bande dessinée - éclairent utilement le récit. Toutefois, le récit n’apporte finalement aucune réponse au lecteur quant à d’éventuelles bonnes pratiques en matière d’économie virtuelle, si bien que l’on pourrait en chemin être tenté de se débarrasser de notre smartphone. Les auteurs se contentent ici d’informer et de faire prendre conscience au lecteur des nombreux enjeux soulevés par notre rapport à une technologie qui s’est imposée dans notre quotidien, pour nous faciliter la vie… moyennant des informations sur notre vie privée.
56 pages - 14,50 €