Le 22 août 2019
Un chef-d’œuvre, porté par l’incroyable prestation de son actrice principale, la chanteuse Björk.
- Réalisateur : Lars von Trier
- Acteurs : Catherine Deneuve, Peter Stormare, Björk, David Morse, Joel Grey
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Comédie musicale
- Nationalité : Américain, Britannique, Français, Allemand, Suédois, Norvégien, Danois, Islandais
- Distributeur : Les Films du Losange, Les Écrans de Paris
- Durée : 2h19mn
- Date télé : 16 octobre 2023 22:35
- Chaîne : ARTE
- Reprise: 12 juillet 2023
- Date de sortie : 18 octobre 2000
- Festival : Festival de Cannes 2000
– Reprise en version restaurée : 12 juillet 2023
Résumé : Selma Jezkova, emigrée tchèque et mère célibataire, travaille dans une usine de l’Amérique profonde. Elle trouve son salut dans sa passion pour la musique, spécialement les chansons et les danses des grandes comédies musicales hollywoodiennes. Selma garde un lourd secret : elle perd la vue et son fils Gene connaîtra le même sort sauf si elle réussit à mettre assez d’argent de côté pour lui payer une opération. Quand un voisin aux abois accuse a tort Selma d’avoir volé ses économies, le drame de sa vie s’intensifie pour se terminer en final tragique.
Critique : Le cinéma du grand Lars von Trier est autant capable du pire comme du meilleur. Car il s’agit d’un réalisateur à la fois éclectique, ambitieux, dévoré par ses contradictions morales et esthétiques. Ce film Dancer in the Dark lui permet de renouer avec son appétence au tragique déiste, déjà très caractéristique de Breaking the Waves, quatre ans plus tôt. Le fil du long métrage, qui alterne le récit filmique en lui-même et des clips musicaux, très brillants, est porté par la comédienne, et surtout l’immense chanteuse, Björk. Elle interprète la jeune Selma, dont le destin de mère célibataire sera celui du dévouement pour son fils, risquant la perte de la vue, jusqu’à la mort. Le rôle est rêvé pour la comédienne, parce qu’il lui permet de mettre en musique des morceaux de sa propre composition, et de s’impliquer dans une histoire, tragique et essentielle, qui la hisse à un niveau presque sacrificiel. Tout est injuste dans cet univers où les femmes n’ont pas le pourvoir de décider de leur propre destin, où les mères célibataires et pauvres sont rompues à l’exclusion, où le handicap est rejeté et où la justice condamne de façon arbitraire. La sentence n’est pas la réclusion à perpétuité. Il s’agit ici du pire châtiment, la peine de mort, et la jeune mère témoigne, en la circonstance, d’une dévotion christique, pour mieux dénoncer l’injustice qui accable encore certains États américains.
- © Les Films du Losange
Björk crie, pleure, chante, et se débat dignement dans ce destin tragique de mère et de victime sociale d’un système dysfonctionnant. Les autres acteurs disparaissent presque au bénéfice de l’artiste, qui crève littéralement l’écran. Même Catherine Deneuve (dont il ne s’agit pas, loin s’en faut, de la meilleure interprétation) ou Jean-Marc Barr, passent pour de pâles figurants. Les clips qui parsèment le film fonctionnent comme des sortes d’incises magiques, dans un récit cruel et dur. D’ailleurs, le traitement de la photographie et l’étalonnage qui a été pratiqué, sont totalement différents, comme si Lars von Trier avait accepté de céder les droits des clips à la chanteuse, en tant qu’objets susceptibles d’être détachés eux-mêmes de l’œuvre cinématographique. De sorte que ce film est tout autant celui du réalisateur danois dont on reconnaît la manière, que celui de la chanteuse. Le mise en scène est précise, particulièrement lorsqu’il s’agit de filmer les danses des comédiens ou des figurants autour de Björk.
- © Les Films du Losange
Cet écran noir qui commence et termine l’histoire est puissant d’évocations tragiques. Le long métrage se situe dans la tradition des drames antiques, où le sacrifice final permet, en quelque sorte, de sauver l’humanité dans ce qu’elle peut produire de plus néfaste. Les réflexions philosophiques hantent ce récit qui joue avec les excès mélancoliques. Certes, la facilité avec laquelle Lars von Trier pousse ses spectateurs à pleurer, pourrait lui être reprochée. Il n’empêche que Dancer in the Dark est fondé sur un contenu désespérément pessimiste, à l’instar des œuvres littéraires d’un Michel Houellebecq. Le prix qu’il occasionna pour sa comédienne principale est amplement mérité et on peut augurer que le film demeurera dans l’histoire du cinéma européen.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
catA 19 novembre 2019
Dancer in the Dark - Lars von Trier - critique
Film porté par l’incroyable BJORK d’une générosité sans limites, comme son personnage. Mais vraiment trop larmoyant, trop misérabiliste, trop simpliste. TROP.