Le 26 avril 2024
Adaptation d’un roman sulfureux de J.G. Ballard, le film de Cronenberg est fidèle à l’univers torturé du cinéaste et demeure l’une de ses œuvres les plus fascinantes.
- Réalisateur : David Cronenberg
- Acteurs : Elias Koteas, Holly Hunter, James Spader , Deborah Kara Unger, Rosanna Arquette
- Genre : Drame, Érotique, LGBTQIA+, Film culte
- Nationalité : Canadien
- Distributeur : Bac Films, Carlotta Films
- Editeur vidéo : Studiocanal, BAC Vidéo
- Durée : 1h40mn
- Reprise: 8 juillet 2020
- Box-office : 595 834 entrées France
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 17 juillet 1996
- Festival : Festival de Cannes 1996
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Résumé : James Ballard, producteur de films publicitaires, et sa femme Catherine mènent une vie sexuelle très débridée. Suite à une grave collision avec le docteur Helen Remington ayant entraîné la mort de son mari, James se lance dans l’exploration des rapports étranges qui lient danger, sexe et mort. Grâce à leur rencontre avec Vaughan, un étrange photographe fasciné par les accidents de la route, le couple Ballard va finir par trouver un chemin nouveau mais tortueux pour exprimer leur amour…
Critique : David Cronenberg a toujours été intéressé par les rapports entre l’homme et la machine, ainsi que les relations entre l’être et sa propre chair, en particulier dans les trois premières décennies de sa filmographie, de Frissons à eXistenZ. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait souhaité adapter le roman prophétique de J.G. Ballard, publié en 1973, à une période d’âge d’or de la civilisation automobile. Le malaise qu’avait pu provoquer le livre se retrouve également dans le traitement choisi par Cronenberg, fidèle à la thématique de Ballard tout en l’intégrant à son propre univers, de la même manière que le cinéaste s’était approprié un matériau littéraire de Stephen King avec Dead Zone. Vaughan est un personnage dual qui symbolise le mâle occidental fasciné par l’automobile et sa puissance, tout en étant attiré par son pouvoir destructeur. Son fétichisme nécrophile pour la reconstitution d’accidents mortels de stars (James Dean, Jayne Mansfield) cache une attirance pour le danger de mort, tout en stimulant ses fantasmes sexuels.
- © Carlotta. Tous droits réservés.
En ce sens, Vaughan est bien un personnage de Cronenberg, qui agira sur l’avenir des autres comme le médium de Scanners, sombre dans une folie progressive à l’instar du chirurgien de Faux-semblants, et se livre à de dangereuses expérimentations, tel le scientifique de La mouche. Ceux qu’il côtoie subissent alors son influence néfaste et ne peuvent connaître qu’une descente aux enfers, à commencer par le couple blasé et libertin souhaitant pimenter son existence. Car si l’automobile libère les désirs cachés aux tréfonds de l’âme humaine, elle ne peut mener l’individu qu’à sa perte. Jamais vulgaire ni racoleur, malgré son synopsis qui aurait pu conduire aux pires excès, Crash fascine par son ascèse, ainsi que sa description au scalpel de rituels transgressifs. Cronenberg ne joue ni les provocateurs ni les moralistes, préférant miser sur la sobriété et les mises en abyme, la richesse du métrage se prêtant d’ailleurs à plusieurs visions. Bien aidé par la musique suggestive de Howard Shore et la photographie harmonieuse de Peter Suschiyzy, le cinéaste offre l’une des ses œuvres les plus vertigineuses.
- © Carlotta. Tous droits réservés.
Le métrage suscita pourtant des réactions contrastées à sa sortie, et d’aucuns n’ont voulu y voir qu’une succession de séquences érotiques alternant avec des accidents automobiles. Sifflé par une partie du public et de la presse au Festival de Cannes 1996, Crash fit l’objet d’un scandale de circonstance, sans toutefois susciter une bataille d’Hernani de l’ampleur de La grande bouffe en 1973. Le jury, présidé par Francis Ford Coppola, trancha en accordant au film son Prix spécial. Il faut enfin souligner la qualité de l’interprétation. Elias Koteas dans le rôle de Vaughan témoignait une subtilité de jeu, quand James Spader renouait avec l’emploi de jeune homme pervers au-delà de son aspect lisse, sept ans après Sexe, mensonge et vidéo. Holly Hunter confirmait après La Leçon de piano sa disposition à se mouvoir dans la peau de créatures troublantes, et Rosanna Arquette, dans un second rôle too much, cassait avec fracas son image consensuelle des années 80.
– Une restauration 4K réalisée par Recorded Picture Company et Turbine Media Group sous la supervision du réalisateur David Cronenberg et du directeur de la photographie Peter Suschitsky.
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