N’oublie pas qui tu es
Le 12 mai 2015
La Seconde Guerre mondiale vue à travers les yeux d’un enfant, victime de la cruauté d’un monde qu’il ne comprend pas.
- Réalisateur : Pepe Danquart
- Acteurs : Kamil Tkacz, Andrzej Tkacz, Elisabeth Duda
- Genre : Drame, Action, Historique, Film de guerre
- Nationalité : Français, Allemand
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h52mn
- Date télé : 27 janvier 2020 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : Lauf Junge Lauf
- Date de sortie : 24 décembre 2014
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
L'a vu
Veut le voir
Pepe Danquart signe un drame poignant qui devrait faire date dans la pléthore de films sur la Seconde Guerre mondiale et l’horreur du nazisme, grâce à une mise en scène audacieuse et de jeunes acteurs qui sont de véritables révélations. A découvrir absolument, malgré une date de sortie peu judicieuse...
L’argument : Srulik, un jeune garçon, a 5 ans lorsque la Deuxième Guerre mondiale débute. Après avoir perdu sa famille, il s’enfuit du ghetto de Varsovie, survivant dans les bois et la campagne polonaise.
Notre avis : Au cœur de la pléthore de films qui ont déjà été réalisés sur la Seconde Guerre mondiale et sur le génocide des Juifs, il est parfois difficile pour le public de s’y retrouver. Nous ne saurions que trop lui conseiller de ne pas passer à côté de Cours sans te retourner, véritable hymne à la liberté qui cherche avant tout à lutter contre l’oubli. Ce film se distingue en offrant le regard innocent d’un enfant sur le conflit et sur le monde qui l’entoure, bien difficile à comprendre quand il faut lutter pour sa survie à un âge où le jeu devrait être une des seules préoccupations. {{© NFP}}En adaptant le best-seller d’Uri Orlev, qui raconte l’incroyable quête d’une nouvelle famille par un enfant qui était âgé d’à peine cinq ans en 1939, Pepe Danquart signe une œuvre historique et nécessaire. A la fois intense, émouvant, grave et précis, notamment dans le portrait de la Pologne de l’époque et de ses habitants, le réalisateur pose ses caméras à hauteur d’enfant en cherchant à montrer le point de vue d’un jeune garçon sur les menaces dont il fait l’objet, ce qui rend encore plus insoutenable la traque des Juifs. {{© NFP}}Le film s’attarde sur des morceaux choisis, qui montrent comment le petit garçon a survécu grâce à des rencontres, entre les collaborateurs, les profiteurs et les résistants. Les jumeaux Andrzej et Kamil Tkacz livrent une performance remarquable en offrant leur regard clair sur l’hostilité de ce monde. Le reste du casting n’est vu qu’à travers leurs yeux, grâce à une mise en scène qui multiplie les prises de vue en contre-plongée afin de mettre en valeur l’influence écrasante des adultes sur le destin de Srulik. Ces adultes, grâce aux astuces du cinéaste pour les rendre encore plus grands et imposants, surtout sur un enfant impressionnable malgré son intrépidité, représentent toute la société polonaise grâce à divers portraits très pertinents. {{© Sophie Dulac Distribution}}Le film ne montre malgré tout pas seulement la quête d’un enfant pour sa survie. En étant obligé de renier son identité sémitique en se faisant passer pour chrétien afin de se cacher, l’enfant témoigne d’un conflit intérieur bien plus cruel que le conflit extérieur dont il est victime, comme des millions de personnes. Comment dissimuler son identité sans oublier sa famille, ses amis et sa culture ? Pourquoi les Juifs sont-ils traqués ? N’est-ce pas faire honte à ses parents que de se cacher en se faisant passer pour chrétien ? La dernière partie du film, qui se déroule à la fin de la guerre, permet de vraiment comprendre l’horreur qu’a vécue cet enfant en assumant à lui seul les origines israélites de sa famille et en devant désormais porter une histoire très lourde sur ses frêles épaules. {{© NFP}}Sans fatalisme aucun et sans sentimentalisme, mais en dépeignant simplement les faits pour pousser à réfléchir, Cours sans te retourner est avant tout une histoire de courage et d’espoir. En offrant deux angles à l’intrigue, à savoir les aventures de Srulik, notamment dans la forêt qu’il imagine protectrice, et la disparition progressive de sa propre identité, un mal nécessaire pour survivre, Pepe Danquart livre un drame poignant qui ne peut que heurter la sensibilité du spectateur. Pour son propre bien.
Le drame de la Shoah, vu à travers les yeux d’un enfant survivant, et surtout un beau film sur la solidarité. Le titre prend magnifiquement tout son sens à la fin. Si le public n’a pas été nombreux durant les fêtes de Noël (drôle de date pour pareille sortie), il pourrait se montrer plus bienveillant en DVD. Cette belle adaptation d’Uri Orlev le mérite.
Les suppléments :
Difficile de faire plus complet que ce making-of d’une heure, qui, de façon très posée, expose cette aventure cinématographique pleine d’émotions. On peut regretter un manque de chapitrage plus riche pour un supplément aussi consistant. Curieusement, la bande-annonce est absente.
L’image :
Souvent soigné pour traduire l’esthétique froide de cette oeuvre mélancolique, le master manque parfois de précision, mais demeure avenant quand il s’agit de retranscrire les partis pris visuels de ce drame de l’enfance.
Le son :
Le film n’existe pas en VF, un miracle pour nos oreilles, puisque nous recherchions la version originale nécessaire pour capter les enjeux linguistiques de cette fuite de l’enfant de famille en famille. Le 5.1 DD permet une appréhension satisfaisante de la musique, même si les voix demeurent un peu en deçà des canons du support. La spatialisation est aussi correcte pour retranscrire par exemple les différents éléments de la nature.
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.