Toi et moi
Le 15 octobre 2007
Chronique intimiste de l’amitié de deux femmes représentatives de la génération qui a vingt ans à la fin de la guerre. Un beau film touchant sur l’amitié et le sens à donner à sa vie. Avec deux comédiennes magnifiques.
- Réalisateurs : Diane Kurys - Gilles Marchand
- Acteurs : Isabelle Huppert, Jean-Pierre Bacri, François Cluzet , Robin Renucci, Denis Lavant, Patrick Bauchau, Miou-Miou, Dominique Lavanant, Christine Pascal, Nils Tavernier
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h51mn
- Date télé : 4 mars 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 6 avril 1983
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Résumé : Léna est une petite juive d’origine russe, internée dans un camp près de Perpignan, au début de l’Occupation. Pour échapper à la déportation, elle épouse un Français, Michel, qu’elle a rencontré au camp. Il n’a qu’un seul défaut, celui d’être juif, lui aussi. Au même moment, on célèbre à Lyon, le mariage de Madeleine et de Raymond. Madeleine est gaie, insouciante. Son bonheur sera de courte durée : Raymond, qui fait de la résistance, sera abattu sous ses yeux par la milice. Deux femmes. Deux destins de femmes, que tout sépare encore...
Critique : Adolescence, relations familiales, amour et désamour : dès le démarrage de sa carrière, en 1977, Diane Kurys pioche ses thèmes de prédilection dans son histoire personnelle, marquée par le divorce de ses parents. Vie morne de tous les jours, envie de ruer dans les brancards, ses femmes souffrent de leur condition, ses hommes se posent des questions auxquelles ils ne trouvent pas de réponses, ses enfants trinquent. Ce sont deux générations, la sienne et celle de ses parents, sur lesquelles la réalisatrice pose un regard plein de fraîcheur et de gravité, nous montrant l’évolution des mœurs dans l’après-guerre, la difficulté à devenir soi-même et son cortège de souffrances.
Cette source semble aujourd’hui malheureusement tarie. Les derniers films de Diane Kurys (Je reste !, L’anniversaire) ont perdu en pertinence et en acuité. Raison de plus pour se faire le plaisir de revoir ses premières œuvres où elle met en scène deux gamines dont les parents se déchirent : son alter ego, Frédérique, et la petite Sophie. Le public français a fait un triomphe à sa trilogie, Diabolo menthe, La Baule-les-Pins et, le plus abouti, Coup de foudre, chacun y retrouvant des résonances avec ses propres souvenirs. Coup de foudre a même été nommé aux Oscars du meilleur film étranger, c’est dire si à l’époque (1983) Diane Kurys comptait dans le paysage cinématographique.
Revisionné un quart de siècle plus tard, le film ne démérite pas. Bien que son démarrage soit un peu laborieux avec ses scènes "historiques" à la limite du téléfilm (camp d’internement de Rivesaltes, juifs s’échappant en Italie par des montagnes enneigées, résistant arrêté par la milice), le charme opère à partir du moment où les deux comédiennes sont mises en présence. Isabelle Huppert, Miou-Miou. Leur rencontre provoque un total coup de foudre chez le spectateur. Il faut reconnaître à Diane Kurys, même dans ses productions les moins intéressantes, le talent de diriger ses acteurs. Ici, avec un duo d’une telle classe, elle fait des étincelles. L’affection qu’elle porte à ses deux personnages féminins (sa mère et l’amie de sa mère dans la vie réelle) transpire à chaque plan. De même du côté masculin avec un Guy Marchand qui, dans certaines de ses scènes (de colère, de désespoir), vole la vedette aux dames. On sent l’implication des uns et des autres, jusqu’aux plus petits rôles. Sans jamais être pesante, la reconstitution des années 50 fait mouche par plein de petits détails judicieux allant des costumes aux décorations des intérieurs. Les dialogues sonnent d’époque (les deux femmes se vouvoient de bout en bout). Mais c’est surtout une atmosphère que ce film sait merveilleusement capter, celle d’un temps où l’on vivait encore avec d’anciens principes (quand on se marie c’est pour la vie, la femme doit obéissance à son mari), et le courage qu’il fallait pour les battre en brèche. A ce titre, en dehors de toutes ses subtiles qualités dramatiques, Coup de foudre fait figure aujourd’hui de film ethnologique. La peuplade qu’il décrit n’a plus grand-chose à voir avec la société actuelle, même si, du côté des sentiments et du sens à donner à sa vie, on se débat toujours dans les mêmes contradictions...
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