Approved for animation
Le 4 juin 2012
Un film d’animation surprenant, combinant plusieurs techniques cinématographiques pour mieux exprimer les états d’âmes de son auteur. Inégal mais touchant.
- Réalisateur : Jung & Laurent Boileau
- Acteur : Jean-Luc Couchard
- Genre : Documentaire, Animation
- Nationalité : Français, Belge
- Durée : 1h15mn
- Titre original : Couleur de peau : miel
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Un film d’animation surprenant, combinant plusieurs techniques cinématographiques pour mieux exprimer les états d’âmes de son auteur. Inégal mais touchant.
L’argument : Ils sont 200.000 enfants coréens disséminés à travers le monde depuis la fin de la guerre de Corée. Né en 1965 à Séoul et adopté en 1971 par une famille belge, Jung est l’un d’entre eux. Adapté du roman graphique Couleur de peau : Miel, le film revient sur quelques moments clés de la vie de Jung : l’orphelinat, l’arrivée en Belgique, la vie de famille, l’adolescence difficile... Il nous raconte les événements qui l’ont conduit à accepter ses mixités. Le déracinement, l’identité, l’intégration, l’amour maternel, tout comme la famille recomposée et métissée, sont autant de thèmes abordés avec poésie, humour et émotion...
Notre avis : Jung, talentueux dessinateur belge de bandes dessinées, n’a eu de cesse d’exorciser ses démons passés grâce au neuvième art. Né en 1965 à Séoul dans une Corée portant encore les stigmates de la guerre civile, il fait partie de ces jeunes orphelins adoptés par des européens, "parce que c’était à la mode", comme il le fait remarquer non sans une certaine ironie. Déraciné, considéré comme un étranger autant en Belgique qu’en Corée, Jung a connu une quête identitaire difficile. Se raconter, se dévoiler au travers les deux tomes de la bande dessinée "Couleur de peau : miel" a donc été pour lui une véritable thérapie. Pour le lecteur, c’est avant tout un vibrant témoignage des sentiments ressentis par un enfant adopté, dont la forme, ludique, en fait toute la richesse. A l’image de Marjane Satrapi avec le magnifique Persepolis, Jung a entrepris de continuer son travail en adaptant son œuvre pour le cinéma.
Aidé par le documentariste Laurent Boileau, Jung a dès le départ envisagé l’adaptation cinématographique de son œuvre, non pas comme une simple transposition, mais comme un prolongement du roman graphique originel. Démarche artistiquement intègre et intelligente, qui se ressent dès les premières images à travers un rendu esthétique inédit, reprenant le trait de la BD pour mieux le dynamiter grâce à une utilisation sobre des images de synthèse.
L’audace formelle du film ne s’arrête cependant pas uniquement à la seule animation, Jung et Laurent Boileau n’hésitant pas à user de toutes les techniques cinématographiques mises à leur disposition pour raconter au mieux leur histoire. Images d’archives et vidéos personnelles appartenant à la famille adoptive de Jung s’insèrent ainsi au milieu des séquences animées, offrant au métrage une narration singulière. Le duo pousse même le concept de mise en abime avec la réalité à son maximum en mettant en scène un Jung adulte à la recherche de ses origines lors d’un voyage en Corée. Un mélange surprenant, fonctionnant à des degrés différents au cours des séquences.
Original, le film l’est assurément. Cependant, ses partis-pris le rendent inégal, surtout quand Jung et Boileau oublient de faire confiance à ce qui fait l’essence du cinéma : la narration par l’image comme seul vecteur de sens. Si les séquences animées sont ainsi porteuses d’une vraie émotion, l’omniprésence d’une voix off trop informative désamorce à plusieurs reprises l’implication du spectateur, ce dernier ayant parfois l’impression de se retrouver en face d’un documentaire illustré par des scénettes d’animation plutôt que devant une véritable biographie animée. On en vient ainsi à se demander si l’originalité visiblement recherchée était ici nécessaire, tant la puissance du récit et sa traduction dans le langage de l’animation se suffisaient à elles-mêmes.
Bancal lors de certaines scènes, le film recèle cependant de très beaux moments, notamment quand il se consacre frontalement à la relation entre Jung et sa famille adoptive. Les échanges de l’enfant avec sa sœur Coralie sonnent ainsi toujours justes, et la séquence finale, consacrée au lien entre le héros et sa mère belge, est profondément émouvante. Ces séquences nous font davantage regretter les égarements narratifs de ce beau film qui aurait peut être gagné à faire preuve de plus de classicisme dans sa fabrication.
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