Le 18 janvier 2017
Entre ciel et mer, un saut vertigineux à la rencontre de jeunes gens à l’enthousiasme brut et à la beauté sauvage. Iodé et vivifiant !
- Réalisateur : Dominique Cabrera
- Acteurs : Moussa Maaskri, Aïssa Maïga, Lola Creton, Alain Demaria, Kamel Kadri
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 18 janvier 2017
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Résumé : Corniche Kennedy. Dans le bleu de la Méditerranée, au pied des luxueuses villas, les minots de Marseille défient les lois de la gravité. Marco, Mehdi, Franck, Mélissa, Hamza, Mamaa, Julie : filles et garçons plongent, s’envolent, prennent des risques pour vivre plus fort. Suzanne les dévore des yeux depuis sa villa chic. Leurs corps libres, leurs excès. Elle veut en être. Elle va en être.
Critique : Tout au long de sa carrière de cinéaste, Dominique Cabrera a alterné longs métrages L’autre côté de la mer, Nadia et les hippopotames ou Le lait de la tendresse, films pour la télévision Quand la ville mord, Çà ne peut pas continuer comme ça.... et documentaires Grandir, Le beau dimanche.
Depuis longtemps, elle a développé l’envie de filmer Marseille car, comme elle aime l’affirmer haut et fort, « Marseille est une ville que j’ adore ». La lecture du roman de Maylis de Kerangal et le regard que celle-ci pose sur « les minots de la Corniche » l’a donc décidée à sauter le pas.
C’est bien l’amour qu’elle porte à cette ville populaire et métissée qui imprègne d’une dimension poétique cette histoire peuplée de jeunes gens en manque de repères sociaux et de perspectives d’avenir. Pour masquer leur peur du vide, ceux-ci effectuent, le long de cette élégante corniche marseillaise, et ce, malgré les interdictions, des plongeons de plus en plus risqués, juste pour le bonheur d’être en groupe, pour le plaisir de se mesurer les uns aux autres.
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Animée d’un engagement politique certain, la réalisatrice évite cependant tous jugements moraux et préfère laisser libre cours au lyrisme et à la contemplation de la vie dans toute sa simplicité. Le regard qu’elle porte sur ces jeunes casse-cou désobéissants mais charmeurs ne laisse aucun doute sur la tendresse dont elle les entoure. La caméra ne les lâche pas d’un pouce, suit leur détermination mâtinée de gravité et d’insouciance à affirmer leur désir d’exister. Entre peur et volupté, ils plongent du sommet de ces rochers perchés pour connaître la liberté sans entrave de cette eau accueillante comme le ventre d’une mère. Dans cette bulle protectrice, les corps se font légers, rencontrent poissons et poulpes, et se meuvent au rythme d’une danse aquatique libératrice qu’ils ne sauraient trouver ailleurs. Alors, les entorses à la loi et les exhortations à la prudence, ils ont tôt fait de les oublier. « Raser la mort, c’est tellement bon » dit l’un d’eux
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L’arrivée de Suzanne (la subtile et mystérieuse Lola Creton), une jeune fille de leur âge, issue des beaux quartiers tous proches, pourrait bien être la promesse d’une sagesse relative. Mais ils ne sont pas prêts à la laisser s’approprier ce territoire acquis sans violence, juste à l’aune de leurs exploits sportifs, loin des désagréments de leur cité des quartiers Nord. Suzanne devra les apprivoiser et satisfaire un examen de passage. Elle prépare son bac et fréquente le sélect « Cercle des Nageurs ». Sa mère voit d’un mauvais œil ces fréquentations hors norme. Pourtant, rien n’empêchera le cœur de Suzanne de balancer entre le brun Marco, intrépide et déterminé, assistant chauffeur du caïd du coin, à l’occasion, et le blond Mehdi, doux rêveur à la physionomie encore enfantine, qui vient en aide à une mère seule et à un frère en prison. Entre provocation et fureur de vivre, la réalisatrice dresse le portrait d’une jeunesse pas tout à fait exemplaire mais attachante à qui ces jeunes acteurs non professionnels apportent une authenticité parfaitement juste.
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La corniche, écrin de toutes les scènes et domaine privilégié de cette jeunesse abandonnée de toute présence adulte, devient finalement le terrain de chasse favori de la police qui s’intéresse aux trafiquants de drogue que fréquente Marco. La gracieuse Aïssa Maïga, transformée pour la circonstance en femme flic, autoritaire mais compréhensive, véhicule toute l’inquiétude maternelle de la réalisatrice quant au sort que l’avenir réserve à ces « minots », dès lors que leurs jeunes années et la vitalité qui les accompagne seront flétries. A l’image de cette jeune capitaine de gendarmerie qui leur ressemble, désormais « intégrée » et déjà rigidifiée dans son cadre professionnel, sont-ils eux aussi condamnés à s’étioler ?
Sur fond de chronique adolescente, Dominique Cabrera rend un hommage sincère à des jeunes qui, bien que mis au ban de la société, font le choix de conquérir leur vie plutôt que de la subir.
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