Cendres et sang
Le 7 décembre 2018
4 courts métrages drôles et décalés pour présenter le régime de Ceaucescu, d’après des légendes urbaines roumaines.
- Réalisateurs : Constantin Popescu - Razvan Marculescu - Hanno Hoffer - Ioana Uricaru
- Acteurs : Diana Cavaliotti, Radu Iacoban, Tania Popa
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Roumain
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h20mn
- Box-office : 4.090 entrées France - 2.653 entrées P.P.
- Titre original : Amintiri din epoca de aur
- Date de sortie : 30 décembre 2009
- Festival : Festival de Cannes 2009
L’argument : Les quinze dernières années du régime de Ceausescu ont été les pires de l’histoire de la Roumanie. Et pourtant, la propagande officielle de cette époque l’avait nommée "l’âge d’or"...
Les Contes de l’âge d’or est l’adaptation à l’écran des "légendes urbaines" les plus connues. Elles sont à la fois comiques, étranges, émouvantes et puisent leur inspiration dans un quotidien souvent surréaliste, quand l’humour était le seul moyen de survie de tout un peuple. Les Contes de l’âge d’or restitue l’atmosphère de l’époque et dresse à petites touches le portrait d’un pays soumis à la logique perverse d’une dictature.
Quand un chauffeur livreur décida, pour la première fois de sa carrière, d’ouvrir son camion scellé, il découvrit ainsi le lien entre les œufs, Pâques et l’amour conjugal...
Un policier reçut un porc vivant comme cadeau de Noël et pensa que le gazer serait la meilleure façon de tuer l’animal en silence, pour ne pas réveiller ses voisins affamés...
Dans la Roumanie des années 80, Bughi et Crina jouaient les Bonnie and Clyde, en collectant des bouteilles d’air...
Notre avis : Produit par Cristian Mungiu, le cinéaste palmé d’Or pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours en 2007, Les Contes de l’âge d’or se déclinent en quatre courts métrages dont la particularité est d’être tirés de légendes urbaines roumaines développées durant le régime communiste du pays. Drôles, ces récits ont pour but de mettre en avant les défauts et travers de ce pouvoir sans passer par un ton moralisateur ou inquisiteur ; à peine rétrospectif.
« La légende de la visite officielle », « La légende de l’activiste zélé », « La légende du policier avide », « La légende du photographe officiel », quatre titres pointent du doigt l’idée de la transmission. Un carton clôture chaque histoire en expliquant ce qu’il semble être advenu des personnages. De tradition orale en rumeurs, les légendes comportent leur lot de spéculations que les cinéastes ont décidé de ne pas représenter : ils exposent les faits « avérés », ou plus exactement les plus connus - l’essentiel n’étant pas le fin mot de l’histoire mais bien les étapes narratives et les personnages.
- © Le Pacte
Ces récits très courts présentent, à travers des situations cocasses, la réalité de la vie quotidienne de la population roumaine sous le régime dictatorial roumain de Ceaucescu. Mais, plutôt que de nous montrer la misère ou les dérives totalitaires, Uricaru, Hoffer, Marculescu et Popescu nous font partager l’existence d’individus ordinaires, installés dans une vie à peine perturbée par ce régime. Cristian Mungiu, au moment de la sortie de 4 mois, 3 semaines et 2 jours, s’était vu reproché par des spectateurs de ne réaliser (ainsi que les réalisateurs roumains de sa génération) que des films « à festival », mais peu populaires. Ainsi, Les contes de l’âge d’or continue de parler des drames, mais sous un regard attendri, compatissant et profondément drôle car ancré sur des situations réelles. Les scénarios sont aussi simples que les récits des contes peuvent l’être en apparence et, comme eux, ils parlent profondément de l’homme. Derrière les gags (issus du comique de situation) se révèlent les excès du régime roumain dans les années 70 et 80 et la manipulation des populations par ce même gouvernement.
- © Le Pacte
Le métrage n’a donc pas de portée documentaire ou de passation de témoins mais se présente tel un divertissement permettant de constater les conséquences sur les populations des dérives d’un régime totalitaire - le principe du conte et de la légende permettant de se détacher d’une emprise politique trop forte et de profiter de courts-métrages appréciables dans leur approche humaine.
- © Le Pacte
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Norman06 30 décembre 2009
Contes de l’âge d’or - la critique du film
Une subtile comédie dramatique montrant par l’absurde les défaillances d’un système infantilisant les citoyens au nom de l’intérêt supérieur d’une cause et d’une idéologie collectives. On pourra objecter qu’une telle satire est bien aisée vingt ans après la chute d’un régime et que des cinéastes aussi divers que Milos Forman, Emir Kusturica ou Jiri Menzel prenaient davantage de risque, en osant s’attaquer au système en temps réel. Mais cette catharsis rétrospective semble faire le plus grand bien et confirme la vitalité du cinéma roumain.