Voguez jeunesse
Le 12 juin 2015
Cette comédie empreinte de folie douce nous emmène loin des sentiers battus sans sortir des cours d’eau régionaux.
- Réalisateur : Bruno Podalydès
- Acteurs : Sandrine Kiberlain, Agnès Jaoui, Pierre Arditi, Jean-Noël Brouté, Michel Vuillermoz, Vimala Pons, Bruno Podalydès
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 23 novembre 2022 22:35
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 10 juin 2015
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Résumé : Michel, la cinquantaine, est infographiste. Passionné par l’aéropostale, il se rêve en Jean Mermoz quand il prend son scooter. Et pourtant, lui‐même n’a jamais piloté d’avion… Un jour, il tombe en arrêt devant des photos de kayak : on dirait le fuselage d’un avion. C’est le coup de foudre. En cachette de sa femme, il achète un kayak à monter soi‐même et tout le matériel qui va avec. Michel pagaie des heures sur son toit, rêve de grandes traversées en solitaire mais ne se décide pas à le mettre à l’eau. Rachelle découvre tout son attirail et le pousse alors à larguer les amarres.
Critique : Dès les premiers instants, l’odyssée de Michel est faussée : il veut rejoindre la mer en kayak mais n’a pris qu’une semaine de congés pour effectuer cette épopée. De cet argument un peu brinquebalant s’extrait un personnage sans cesse bousculé entre une tentation de dilettantisme et une volonté poétique. Interprété par Bruno Podalydès lui-même, une première pour un de ses films où c’est d’habitude son frère Denis qui tient le haut de l’affiche, Michel, le héros, traverse, en effet, une crise de la cinquantaine peu commune. Engoncé dans une agence de graphisme, fantasmant sur l’aéropostale sans avoir envie de voler, Michel décide un jour, par hasard, de se mettre à un sport dont il ne connaît rien mais qui le passionne déjà : le kayak.
On se laisse porter par la volonté un brin fantaisiste du personnage, aventurier des temps modernes et surtout du dimanche. La comédie, relativement efficace, vient en grande partie de ces instants, dans lesquels chacun pourra se reconnaître, où le héros n’arrive pas à monter sa tente, reste coincé à cause d’une souche sur le cours d’eau... De ces micro-événements burlesques sans grande envergure va découler la grande aventure, la vraie. Celle qui donne envie de se lancer dans un domaine que l’on ignore, sans filet. Celle provoquée par le hasard. Et c’est bien au hasard d’un brainstorming sur les palindromes que le héros se retrouve à découvrir le kayak.
- © Anne-Françoise Brillot - Why Not Productions - UGC distribution
Réenchanter le quotidien à la faveur d’un cours d’eau, d’une danse improvisée dans une guinguette ou d’une bouteille d’absinthe partagée, c’est le défi que semble s’être lancé Podalydès, le cinéaste et l’acteur. Un défi largement relevé avec ce film qui nous fait voguer hors des sentiers battus et rebattus du démon de midi pour nous emmener ailleurs. Pour parvenir à ses fins, il use d’une douceur qui fait songer dans ces meilleurs instants à Hong Sang-Soo (la séquence du Ukulélé dans la tente rappelle irrémédiablement In Another Country). Mais aussi d’un goût du risque (certes mesuré) qui s’explique par la peur de vieillir du personnage, évoquée de manière aussi détournée qu’humoristique . il s’étonne un matin de ne plus réussir à danser dans sa douche et dresse un triste constat : pour lui, la danse c’est fini. Puis décide que non.
On peut saluer la présence d’une belle galerie de personnages secondaires qui viennent faire écho au parcours dilettante du héros. Le jeune (Vimala Pons) et le moins jeune (Pierre Arditi) cinéma français se croisent en grande partie pour le meilleur.
Notons également le rapport très contemporain du film à la technologie : quand les personnages possèdent un smartphone, ils n’échangent plus en réunion que par pages Wikipédia interposées . Michel, graphiste, abandonne son travail sur la 3D pour aller voguer sur un cours d’eau ; la discussion du soir en famille se fait non seulement devant la télévision mais aussi avec une tablette entre les mains. Une violence des images factices à laquelle Michel oppose une résistance : au bureau il intime à sa collègue, deux sièges plus loin, de venir lui parler en vrai plutôt que d’utiliser Skype. Le film peut commencer.
De cette épopée un peu grotesque, puisque Michel revient en permanence sur ses pas -jusqu’à s’échouer au bord du parking d’un supermarché - on ressort heureux. Le décalage poétique a opéré.
Certes, le film perd un peu quand le personnage commence à rentrer dans les sentiers battus et étalonner son rapport au monde sur celui des autres. D’où un final moins convainquant que l’ensemble avec une morale un peu attendue, qui manque d’envergure. Qu’importe, la croisière fut douce.
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