Les mineurs brandissent le majeur
Le 8 juillet 2014
Un solide pamphlet contre les camps de redressement pour mineurs, brillamment interprété.
- Réalisateur : Vincent Grashaw
- Acteurs : James C. Burns, P.J Boudousqué, Chris Petrovski, Octavius J. Johnson, Nicholas Bateman
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h44mn
- Titre original : Coldwater
- Date de sortie : 9 juillet 2014
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Un solide pamphlet contre les camps de redressement pour mineurs, brillamment interprété
L’argument : Brad est un adolescent impliqué dans plusieurs petits délits. Ses parents décident de le faire emmener de force dans le camp de redressement pour mineurs très isolé de Coldwater. Les jeunes détenus sont coupés du monde extérieur, subissent des violences tant physiques que psychologiques et n’ont d’autre choix que de survivre ou de s’échapper.
- © KMBO
Notre avis : Voici un projet qui tenait à cœur au réalisateur Vincent Grashaw puisqu’il aura fallu 13 longues années au film pour voir le jour, entre le premier jet du scénario et sa sortie sur grand écran.
Déjà producteur et chef opérateur sur l’OFNI underground Bellflower, il passe pour la première fois à la mise en scène d’un long métrage avec Coldwater. Un film indépendant, au budget dérisoire, qui a des choses à revendiquer.
Le but est de dénoncer les dysfonctionnements des camps de redressement pour jeunes délinquants aux Etats-Unis qui sont à la lisière de la légalité, et dont le citoyen américain ne connaît pas toujours l’existence.
Pire que la prison, situés à l’ombre de la société, dans des territoires reculés, ces camps, desquels rien de bon ne peut ressortir, choquent l’auteur qui n’y voit qu’un outrage à la dignité humaine. Coldwater est un camp témoin fictif, mais réaliste qui sied bien à cette démarche pédagogique ; dans ses horreurs, le lieu devient une vraie charge contre ce système obscène de camp où la régulation fait souvent défaut.
- © KMBO
Le film s’attache à un dealer de quartier, en conflit avec ses parents. Désespérés par cette situation et l’attitude de leur fils, ils n’ont d’autre choix que de l’envoyer de force dans l’un de ces centres de redressement.
Des flashbacks entrecoupent la narration chronologiquement linéaire pour dynamiser l’ensemble et créer des effets de surprise. Une tension se met en place dès les premières scènes, alors que le sens de la narration monte graduellement jusqu’à l’inéluctable paroxysme et implosion, justifiés par les conditions de vie subies par cette jeunesse quotidiennement humiliée par un cadre qui met à mal tous les préceptes des associations pour la Défense des Droits de la l’Homme.
Sûrement un brin trop manichéen dans sa peinture de certains personnages, mais pas moins efficace, le long métrage est révoltant. Il parvient à nous faire douter aisément des résultats vertueux de ce système répressif. Peut-on créer des citoyens exemplaires, dans l’abnégation de leurs droits, la répression de leur humanité, en les détruisant psychologiquement et en les torturant physiquement ? Ces outrages annihilent l’humain pour susciter en lui un esprit de rébellion et une soif de vengeance incontrôlable.
Le casting de têtes brûlées devenues détenus victimes et celui de leurs cyniques bourreaux, est impeccable. Mais la véritable révélation vient de P.J Boudousqué, dans le rôle central. Avec un charisme redoutable pour son premier rôle au cinéma, il compose un héros réservé, quasi mutique qui lui donne des faux airs du Ryan Gosling de Drive, renforcés par une ressemblance physique lors de certains plans. Les stigmates de la colère et de la douleur marquent sa chair, se dessinent sur son visage où l’on peut lire une rage irrépressible.
- © KMBO
Dans la même veine que l’énervé Dog Pound, Coldwater propose une illustration percutante des moyens mis en place pour lutter contre la délinquance américaine juvénile. Il heurte les sensibilités, remue les convictions, et dérange. Une oeuvre poignante, juste et forte.
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