Claudine Bouché (1925-2014) : la monteuse de Truffaut et Ozon

Claudine Bouché avait débuté sa carrière cinématographique au début des années 50 en participant au montage de films traditionnels mettant en valeur les vedettes de l’époque, tel Bourvil dans Le passe-muraille (J. Boyer, 1951). Elle avait ensuite assuré la transition avec le cinéma de la Nouvelle Vague en travaillant avec Michel Boisrond et Brigitte Bardot pour deux comédies à succès, Une parisienne (1957) et Voulez-vous danser avec moi ? (1959). Mais ce fut surtout sa rencontre avec Alexandre Astruc, l’apôtre de la « caméra-stylo », qui attira l’attention sur elle : Une vie (1958), adapté de Maupassant et interprété par Maria Schell, est le film qui crédibilisa définitivement son talent de monteuse auprès de la profession. François Truffaut fit alors appel à elle pour quatre longs métrages. Claudine Bouché assura ainsi le montage de Tirez sur le pianiste (1960), Jules et Jim (1962), La peau douce (1964) et La mariée était en noir (1968). On peut alors juger que son talent technique n’est pas pour rien dans le la fascination qu’exercent ces films, et en particulier le leitmotiv en flash-back du quatrième, adaptation enlevée d’un polar de William Irish. Après quelques années d’absence, Claudine Bouché revint au cinéma pour le montage d’Emmanuelle (J. Jaeckin, 1974), le triomphal film érotique avec Sylvia Kristel. Son nom fut ensuite au générique d’œuvres aussi diverses que Le voyage de noces (N. Trintignant, 1976), Les princes (T. Gatlif, 1983), Le neveu de Beethoven (P. Morrissey, 1985) ou Terminus Paradis (L. Pintilié, 1998). Outre sa fidélité à Tony Gatlif (Rue du départ, Pleure pas my love), elle sembla bien s’entendre avec François Ozon puisque le cinéaste la réclama à deux reprises : pour Les amants criminels (1999) et Gouttes d’eau sur pierres brûlantes (2000). Claudine Bouché se retira après ce dernier film. Elle vient de disparaître à l’âge de 88 ans.