Souvenirs souvenirs
Le 28 novembre 2009
Pur produit 80’s au charme certain, cette comédie douce-amère a sans doute pris un petit coup de vieux, mais se (re)voit avec plaisir grâce à son joli ton mélancolique et sensible.
- Réalisateur : Jacques Monnet
- Acteurs : Daniel Auteuil, Isabelle Adjani, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Christian Clavier
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 14 janvier 1981
L'a vu
Veut le voir
Durée : 1h40
Pur produit 80’s au charme certain, cette comédie douce-amère a sans doute pris un petit coup de vieux, mais se (re)voit avec plaisir grâce à son joli ton mélancolique et sensible.
L’argument : A Grenoble, Mickey, Bertrand, Frederic, Charles, Louise et Aimée, réunis par un même amour de la musique, forment un groupe, les Why Notes. Un jour, Bertrand (Thierry Lhermitte) remarque Clara (Isabelle Adjani), au moment où elle s’enfuit de l’église où se célébre son mariage avec un riche entrepreneur. Quelques heures plus tard, alors que le groupe s’apprête à partir en concert à Paris, Bertrand retrouve Clara qui lui propose de fuir avec elle et disparaît... Bertrand complétement subjugué par Clara abandonne le groupe et part à sa recherche.
Notre avis : Rien qu’avec le titre, on y est : l’expression "chics types", complètement anachronique aujourd’hui, renvoie immanquablement à un parfum éthéré, passé, mais immédiatement identifiable. Imprégné de la bande son jazz de Michel Jonasz, Clara et les chics types s’inscrit dans la lignée de ces ’’films de copains’’ sans prétention, si répandus en France dans les années 1970-80 qu’ils constituent presque un genre à part entière : une bande d’amis qui s’aiment, se jalousent, se déchirent et se réconcilient, au gré de leurs états d’âme et de leurs idéaux de jeunesse. Parmi les plus belles réussites (et les plus grands succès) de ce genre hybride, on peut citer pêle-mêle le duo Un éléphant ça trompe énormément-On ira tous au paradis de Yves Robert, ou encore Mes meilleurs copains de Jean-Marie Poiré, jusqu’à leurs resucées plus récentes qui essayent de ranimer la flamme avec plus (Le péril jeune) ou moins (Le cœur des hommes 2) de bonheur.
Clara et les chics types répond à cette catégorie assez indéfinissable et réunit une équipe gagnante, toute auréolée de ses divers succès : les « Splendid » Balasko, Clavier et Lhermitte montent en puissance et s’attirent la sympathie du public, Daniel Auteuil savoure le succès tout frais des Sous-Doués, tandis qu’Adjani construit progressivement son mythe. Côté script, ce n’est rien moins que Jean-Loup Dabadie qui s’y colle (pour mémoire, monsieur Un éléphant ça trompe énormément ou Vincent, François, Paul et les autres de Sautet). Certes, le film de Jacques Monnet a un peu vieilli : la barre est, en quelque sorte, restée bloquée aux années 80 et passe difficilement le cap, le kitsch n’est jamais loin (ah, les séquences musicales avec pattes d’eph et costumes à paillettes !), mais Clara conserve tout de même une certaine aura de culte, grâce à la drôlerie des dialogues (le « Pourquoi tu me regardes sur ce ton ? » d’Auteuil ou le « Tu vas rire : je te quitte » de Lhermitte) et l’esprit libertaire et léger qui l’habite (une sorte d’héritier soft de mai 68). Le script et les situations construisent un équilibre appréciable entre les différents interprètes, même les moins connus (Christophe Bourseiller, Marianne Sergent), sans en favoriser aucun, tandis que le personnage d’Adjani passe comme un mirage et établit entre tous une sorte de fil rouge gracieux. C’est donc en bonne compagnie qu’on passe cette 1h40 de pur divertissement.
L’alchimie des acteurs, les péripéties romantiques et rocambolesques... on rit ou sourit beaucoup devant ce Clara et les chics types. Cependant, on est bien loin du cynisme rigolard des Bronzés ou de la mécanique d’un Francis Veber bonne période, mais plutôt dans un registre bien plus doux, bien plus mélancolique. Dabadie imprime au métrage sa patte si reconnaissable, entre le franc comique des situations et la tristesse douceâtre de l’écriture. Il émerge peu à peu de Clara un spleen prégnant, encore renforcé par l’évocation d’un paradis perdu (la jeunesse comme temps de tous les possibles) et d’un avenir bouché (comment ces inadaptés, encore bercés par leurs rêves politiques et existentiels, parviendront-ils à s’intégrer en société et à construire leur vie ?). Le monologue nostalgique de Balasko en voix-off, l’ambiance jazzy fatiguée et le regard sévère porté sur la société petite bourgeoise de l’époque (en gros : les parents, petits couples médiocres engoncés dans leur routine) tempèrent les élans de cette folle jeunesse et la bonne humeur de l’ensemble. Et c’est sur une jolie note métaphorique et désabusée que se clôt le film : les copains, enfin réunis, se regardent dans un miroir déformant et ne reconnaissent pas leur propre image, incapables de se construire une identité stable, ne sachant pas vers quoi ils se dirigent, dans un entre-deux incertain, naïf et décalé.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.