Christina Noble - la critique du film

Face à l’éclat flamboyant du personnage auquel il tente de rendre hommage, le film paraît bien terne et peine à souffler sur la misère des "enfants de poussière".

L’argument : Lorsqu’elle arrive au Vietnam - un pays qu’elle n’aurait pas su situer sur une carte - Christina ignore ce qu’elle vient y chercher. Guidée par une intuition , cette irlandaise de caractère pressent qu’ici sa vie va changer. Sa rencontre avec deux petites orphelines livrées à elles-mêmes va la renvoyer à son propre passé. Celui d’une gamine des quartiers déshérités de Dublin, qui, elle aussi, a connu la pauvreté, la violence, l’abandon... Pas d’hésitation : la main qu’on ne lui a pas tendue à l’époque, elle va la tendre maintenant à ces fillettes et leur rendre leur enfance. Ce qu’elle ignore encore, c’est qu’il y en aura bientôt des milliers. Pour tous ces enfants, Christina va devenir "Mama Tina"...

Notre avis : De la réalité à la fiction, du conte à la chimère, le grand écran compte par poignées les oeuvres inspirées par la singularité de la vie des autres. Nombre d’oeuvres biographiques célèbrent les accomplissements de personnalités illustres, qu’il s’agisse d’J.Edgar, Harvey Milk, Stephen Hawking ou Nelson Mandela. Subordonné à sa condition d’histoire vraie, Christina Noble abdique toute ambition filmique et traine ses séquences sur le chemin tortueux de la complaisance. Pavé de bonnes intentions, ce dernier n’en conduit pas moins vers la médiocrité.

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Il n’est pas surprenant que le personnage de Christina Noble fasse l’objet d’un biopic. Connue dans le monde entier grâce à son engagement humanitaire au Vietnam, l’irlandaise au caractère bien trempé eut une enfance digne des plus grands mélodrames hollywoodiens. A la mort de sa mère, elle est séparée de sa famille et placée dans un orphelinat catholique. Quelques années plus tard, délaissée par un père alcoolique, l’adolescente s’enfuit et devient SDF près de Phoenix Park. Victime d’un viol collectif, elle met au monde un enfant qu’on lui retire de force pour le placer à l’adoption. Christina fuit l’Irlande et s’installe à Birmingham à l’âge de dix-huit ans. Elle y rencontre son époux, avec qui elle aura trois enfants. Elle finit par le quitter suite à des violences conjugales. Depuis plus de vingt ans, la Christina Noble Children’s Foundation vient en aide aux enfants défavorisés du Vietnam et de Mongolie. L’association travaille dans quatre domaines majeurs l’éducation, l’insertion professionnelle, l’hébergement, les soins médicaux et la lutte contre l’exploitation.
Issue des bas-fonds des quartiers pauvres de Dublin, Christina Noble aura puisé de la misère la volonté incroyable de faire le bien. Personnage charismatique aux milles facettes, cette femme à la poigne de fer n’aura eu de cesse tout au long de son existence de venir en aide aux plus démunis. Obstinée, pugnace, elle ne fait pourtant jamais montre de petitesse ou de causticité. Difficile de rester de marbre face à tant d’abnégation. Les choses sont ce qu’elles sont. Est-ce une raison pour se complaire dans l’inaction ?

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Noble dans son désir de vénération, le film de Stephen Bradley salue davantage la femme que son oeuvre. Mélodrame pénible, le long-métrage accumule les clichés. Ellipses incongrues, bande-sonore théâtrale, scènes larmoyantes, dialogues oiseux... Le cinéaste s’apitoie davantage sur Christina Noble qu’elle ne semble le faire elle-même. La comédienne l’incarnant, Deirdre O’Kane, mariée au metteur en scène, tire pourtant son épingle du jeu avec une composition toute en retenue.
Ce que l’on regrette le plus dans Christina Noble, c’est que le film ne fasse pas la part belle au travail humanitaire et qu’il n’inspire pas plus qu’il n’émeuve. Sauront nous répondre à l’appel des enfants des rues ?