La juste mesure
Le 24 janvier 2016
Avec Chorus, François Delisle dresse un mélodrame non larmoyant qui étonne par sa pudeur et la maîtrise de son traitement. Sobre bouleversement.
- Réalisateur : François Delisle
- Acteurs : Fanny Mallette, Sébastien Ricard, Pierre Curzi
- Genre : Drame
- Nationalité : Canadien
- Durée : 1h36mn
- Titre original : Chorus
- Date de sortie : 20 janvier 2016
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Avec Chorus, François Delisle dresse un mélodrame non larmoyant qui étonne par sa pudeur et la maîtrise de son traitement. Sobre bouleversement.
L’argument : Le jour où leur fils a disparu, un après-midi après l’école, la vie d’Irène et Christophe s’est brisée. Chacun a survécu à sa façon, lui au Mexique, elle en reprenant sa carrière au sein d’une chorale . Dix ans après, un appel de la police va les contraindre à se retrouver...
Notre avis : François Delisle revient une nouvelle fois sur un sujet fortement dramatique avec Chorus, qui explore la rédemption de deux parents, dix ans après l’enlèvement de leur enfant. Emprunt d’une pudeur et d’une sobriété à l’élégance rare, le film bouleverse. Existeraient-t-il de bons « mélos » ? Avec le sixième film du réalisateur canadien, on serait tenté de répondre que les drames ne cherchant pas à l’être en sont.
Après les premiers minutes qui imposent accent québécois, refus du champ-contrechamp, et filtre noir et blanc, on hésite entre film d’auteur snob et calme avant la tempête. Les plans larges suivants, bien aidés par la suppression des couleurs, réussissent l’exploit d’apporter la même froideur aux plages sud-américaines qu’aux paysages urbains de Montréal.
Apparaissent alors, dans toute leur intimité, les personnages principaux. Lui est l’image tarte du romantique mutique, qui fait l’amour en pleurant et se baigne tout nu dans la mer. Elle, est l’image de la douleur, qui brise sa solitude dans les polyphonies médiévales d’une chorale.
La caméra, souvent sur l’épaule, respecte la détresse muette des deux parents. Ni trop présente, ou trop en retrait, elle nous fait assister à l’éclosion discrète d’une peine qui aurait du être vécue à deux. Entourés chacun de leur côté par un père ou une mère totalement inutile, échos de leur propre enfermement, Irène et Christophe vont porter ensemble la douleur d’un deuil qu’ils ont vécu seuls pendant dix ans. Sans jamais de lourdeur, d’emphase ou d’excès lacrymaux ; mais avec le bon goût de la pudeur et d’une certaine forme de mélancolie très poétique. L’usage particulier de la voix-off, jamais convenue, reprend le thème de la polyphonie et amorce une fusion
Ces tableaux monotones, mais si sincères que jamais lassant, laissent éclore le paroxysme de l’histoire (la vérité sur ce qui est arrivé à l’enfant) avec un contraste qui renforce la violence d’une telle situation. On se rappelle alors les explosions sourdes du Tetro de Coppola. Fanny Mallette est sublime, accompagnée de quelques belles compositions et des chants profonds de la chorale.
Puis, toujours avec la même douceur, la vie va reprendre ses droits par quelques cris : du sexe, des adolescents, et du rock’n’roll, toujours.
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