Du romanesque à la Spielberg
Le 18 août 2021
Après Tintin, la 3D et la performance capture, Spielberg revient à un long-métrage plus classique, qui contient en lui tout le cinéma du réalisateur américain.


- Réalisateur : Steven Spielberg
- Acteurs : Emily Watson, Niels Arestrup, Peter Mullan, David Thewlis, Jeremy Irvine, Tom Hiddleston, Benedict Cumberbatch
- Genre : Drame, Historique, Film de guerre
- Nationalité : Indien, Américain
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Durée : 2h27mn
- Date télé : 4 septembre 2021 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : War Horse
- Date de sortie : 22 février 2012
Résumé : Une histoire d’amitié entre Albert, un jeune garçon, et son cheval Joey. Vendu à la cavalerie britannique dans les premières heures de la Première Guerre mondiale, Joey est directement envoyé au front. Mais il est capturé par les Allemands qui n’hésitent pas à s’en servir dans les combats. Albert, qui est encore trop jeune pour s’engager, décide de se lancer dans une mission de secours pour libérer son cheval...
Critique : Il serait très facile d’attaquer le dernier film de Steven Spielberg. Et on devrait retrouver bon nombre de critiques plus ou moins cyniques tirant à boulets rouges sur la dernière réalisation du père de Rencontres du troisième type. Reconnaissons que les premières minutes du film effraient légèrement. Pas loin d’égaler le niveau d’un épisode de La Petite maison dans la prairie, Cheval de guerre filme d’abord la rencontre entre Albert (tiens, comme dans la série télé) et Joey, un cheval de course que le père du jeune garçon achète sur le marché, simplement pour ne pas le laisser à son propriétaire sans cœur. Seulement, pour nourrir sa famille et payer ce dernier, c’est d’un cheval de trait dont il a besoin pour labourer son terrain. Albert, qui se prend d’affection pour le cheval, va tenter de prouver la valeur de Joey dans une séquence où tout le village s’est réuni pour assister à un miracle qui tardera à arriver. Cette scène agit comme un pacte avec le spectateur. Comme Albert, qui a toute confiance dans les capacités de Joey, Spielberg invite le spectateur à croire en son histoire, à ce conte pour petits et grands. Parce que s’il faut aborder Cheval de Guerre, c’est à l’évidence sous le prisme du conte, pour ainsi en accepter tous les codes du genre.
Comme tout conte, Cheval de guerre démarre sur un évènement dramatique. Les temps sont durs et pour survivre, la famille d’Albert n’a pas d’autres choix que de vendre le cheval à la cavalerie britannique, où il sera directement envoyé au front. La Première Guerre mondiale vit ses premières heures. Trop jeune, Albert ne peut accompagner Joey et doit se résigner à le laisser partir. Le film prend alors une toute autre tournure. A l’image du personnage de Tintin, le cheval devient le moteur de l’action. C’est par lui que le récit progresse, que des personnages viennent s’y greffer. Spielberg signe alors un vrai film romanesque où le mélo de la première partie (dont la photo s’inscrit dans la lignée de L’Empire du soleil et plus globalement de ses films des années 80) se trouve rompu par des saillies de violence plus proche de son cinéma actuel (la scène du moulin, fabuleuse). Et si le long-métrage conserve une naïveté tout du long, celle-ci demeure indissociable de l’histoire, elle apparaît comme une porte d’entrée indispensable. Exemplairement, on citera la séquence où le cheval, coincé dans les barbelés à égal distance des deux camps ennemis, provoque une courte trêve. Là encore, il serait facile d’en sourire, de la tourner en dérision. Mais la croyance insufflée dans cette dernière, à laquelle s’ajoute une naïveté totalement assumée, lui donne finalement une force insoupçonnée. Et c’est bien de cette croyance indéfectible, de cette naïveté revendiquée que Cheval de guerre emporte le morceau.
Frédéric de Vençay 3 mars 2012
Cheval de guerre - Steven Spielberg - critique
Ce qui faisait très peur sur le papier (et dans la bande-annonce) est devenu un mélo guerrier flamboyant, rétro et plein de panache, à peine entaché par quelques bévues purement hollywoodiennes (Niels Arestrup en Papi Confiture qui parle anglais !). A travers un conte enfantin riche en émotions sincères, ce grand optimiste (et faux naïf) de Spielberg abandonne un temps sa noirceur des années 2000, mais n’oublie pas d’orchestrer de grandes séquences guerrières qui ravissent nos rétines et chavirent nos coeurs. Film mineur mais divertissement majeur pour le cinéaste américain, après un "Tintin" de haute volée.
Julien Lattes 6 mars 2012
Cheval de guerre - Steven Spielberg - critique
L’adhésion du spectateur vis à vis du film dépendra avant tout de sa sensibilité, mais impossible de ne pas être émerveillé par la maestria visuelle de Spielberg. Un divertissement flamboyant, qui convoque les fantômes des grands cinéastes classiques américains. Superbe !