Le 28 octobre 2014
- Réalisateur : Dietrich Brüggemann
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Date de sortie : 29 octobre 2014
"Chemin de croix", un des événements du festival de Berlin 2014, retrace l’itinéraire d’une adolescente au sein d’une famille catholique intégriste. Rencontre avec le réalisateur Dietrich Brüggemann. Sortie le 29 octobre 2014.
"Chemin de croix", un des événements du festival de Berlin 2014, retrace l’itinéraire d’une adolescente au sein d’une famille catholique intégriste. Rencontre avec le réalisateur Dietrich Brüggemann. Sortie le 29 octobre 2014.
© memento.films
aVoir-aLire : Comment est né Chemin de croix ?
Dietrich Brüggemann : De l’envie depuis quelque temps de réaliser un film qui parlerait de religion. Ma sœur cadette, qui est la coscénariste du film, et moi-même, connaissons les milieux catholiques intégristes, dans la mesure où nous avons été amenés à les fréquenter durant notre adolescence. Dans les années 1990, mon père a ressenti en effet le besoin de se rapprocher de la fraternité Saint-Pie X. Cette expérience a été marquante pour toute la famille et bien sûr pour moi.
Est-ce un peu votre histoire que celle du film ?
Non, ce n’est en rien notre histoire personnelle à ma sœur et moi. Mais notre vécu nous a simplement permis d’être plus précis dans la description de cet univers très particulier. Il est impossible d’aller à la rencontre de catholiques intégristes et de leur demander de vous raconter leur vie pour nourrir votre récit.
Aviez-vous des comptes à régler avec ce monde de catholiques intégristes ?
Non pas du tout. Personnellement je n’ai aucun problème avec les religions. Je respecte les croyants. Je n’en fais pas partie. Je trouve même assez ridicule de croire à toutes ces histoires. Mais je conçois parfaitement l’idée d’une présence spirituelle. La réalité n’est pas seulement matérialiste. Un artiste se doit de vivre avec toutes ces contradictions.
© memento.films
Le personnage de la jeune Maria vous a-t-il été inspiré par une adolescente que vous avez connue ?
Non mais elle peut être vue comme une sorte de synthèse de jeunes filles que j’ai connues, quand ma sœur et moi allions dans les mouvements de jeunesse liées à cette église fondamentaliste. Ma sœur ainée était peut être également un peu proche de Maria.
Et pour Bernadette, la jeune fille au pair française ?
C’est certainement le personnage le plus intéressant du film. Tout du moins dans la mesure où elle parvient à pratiquer sa religion dans le même domaine du catholicisme intégriste sans s’opposer au monde moderne. Elle questionne le système de l’intérieur même si elle n’a pas la force de s’opposer à la mère de Maria.
Justement concernant la mère n’avez-vous pas l’impression d’en avoir fait un personnage monstrueux et caricatural ? Pourquoi faites-vous reporter toute l’autorité parentale sur cette mère ?
Je ne crois pas avoir forcé le trait. Le catholicisme est très patriarcal. Dieu est le père et le père est souvent Dieu. Dans beaucoup de familles très pratiquantes, l’influence de la mère est fondamentale dans la vie quotidienne. Ce sont souvent des femmes psychorigides, fortes et dominantes. Et les hommes et maris qui sont à leurs cotés sont souvent effacés. Et davantage encore…
© memento.films
La mère semble effectivement faire un couple avec le jeune prêtre, si séduisant par ailleurs…
On peut le voir ainsi. Mais le prêtre peut apparaître aussi comme le fils dont rêvent ces mères dominantes. De plus, ces mères souhaitent souvent que leurs fils deviennent prêtres. La mère et le prêtre sont effectivement très complices dans le film. Il y a même une sorte de mimétisme dans leur comportement et même dans leurs vêtements. La mère met des habits qui ont une allure un peu ecclésiastique. Mais autant la mère n’est pas vraiment sympathique, autant le prêtre est gentil.
On ne le sent pas vraiment ainsi. Il est plutôt du genre mielleux et même un peu "diabolique"…
Avec les enfants il a un pourtant un comportement gentil lors de la première séquence du film.
Peut être pour mieux les manipuler…
Ah bon !
Votre mise en scène est très épurée avec une construction en 14 plans fixes. Pourquoi ?
La référence aux quatorze stations du chemin de croix du Christ n’est pas gratuite. Elle sert le film et permet d’entrer plus facilement dans l’histoire qu’il raconte. L’utilisation des plans fixes laisse également une totale liberté au spectateur qui peut ainsi poser son regard où bon lui semble. La caméra n’est pas là pour lui indiquer ce qu’il doit voir ou non dans le champ.
Finalement quel message avez-vous souhaité faire passer avec Chemin de croix ?
Chemin de croix n’est pas un film à thèse. Mon ambition a été de raconter l’histoire d’une adolescente qui évolue dans une famille catholique intégriste. On peut bien sûr transposer cette histoire dans d’autres milieux intégristes religieux actuels, qu’ils soient islamistes ou évangéliques. Sans remonter aux intégristes calvinistes qui sévissaient en Suisse au XVIe siècle…
Propos recueillis le 15 octobre 2014
© Uta Oettel
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