Le 2 mai 2022
Peut-être la plus belle comédie musicale jamais tournée. Un hymne à la joie de vivre et un film d’une grande drôlerie.
- Réalisateurs : Stanley Donen - Gene Kelly
- Acteurs : Cyd Charisse, Gene Kelly, Debbie Reynolds, Donald O’Connor, Jean Hagen, Millard Mitchell, Douglas Fowley, Rita Moreno, Tyra Vaughn
- Genre : Comédie musicale, Musical
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 1h43mn
- Date télé : 24 mai 2024 20:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Reprise: 1er juin 2022
- Titre original : Singin' in the Rain
- Date de sortie : 11 septembre 1953
- Festival : Festival de Cannes 2022
Résumé : Don Lockwood et Lina Lemont forment le couple star du cinéma muet à Hollywood. Quand le premier film parlant sort, tous deux doivent s’accommoder et tournent leur premier film du genre. Si Don maîtrise l’exercice, la voix désagréable de Lina menace le duo. Kathy, une chanteuse, est engagée pour doubler la jeune femme mais celle-ci devient un obstacle entre Don et Lina ce qui n’est pas du goût de cette dernière.
Critique : Une période dorée du cinéma hollywoodien, dit-on, celle des années 50, époque des studios et des producteurs tout puissants. Et un chef-d’œuvre en 1951 : Chantons sous la pluie, cité régulièrement parmi les plus grands films de tous les temps. A juste titre : Singing in the rain a des vertus hautement roborative et sa joie de vivre est contagieuse. Certes, on ne conseille pas d’imiter Donald O’Connor ou Gene Kelly, le mobilier risquerait d’en souffrir, car on n’improvise pas des postures aussi élastiques sans un mininum d’exercices. Pourtant, tout semble si facile, quand on le voit sur grand écran. Si facile et tellement imprégné d’une allégresse primesautière : on mentionnera, évidemment, la célébrissime scène où Don Lockwood, après avoir quitté Kathy Sheldon qu’il aime, crie son bonheur à tous les toits et à toutes les gouttières, se jouant des flaques, et se laissant griser par un mouvement irrésistible, saisi en un plan-séquence qui se termine sur l’irruption d’un policier peu jovial, lui.
L’histoire est à l’avenant, burlesque, d’une drôlerie irrésistible et on ne le dit pas assez. Don Lockwood et Lina forment un couple très célèbre du cinéma muet. Mais s’ils jouent la comédie du grand amour sur grand écran, ils se détestent dans la vie. Avec la sortie du Chanteur de Jazz qui marque l’avènement du parlant, nos deux acteurs sont contraints de suivre la mode. Le drame, c’est que Lina a une voix de mainate, incroyablement désagréable, et celle-ci risque tout simplement de plomber le film. Une première projection devant le public provoque l’hilarité générale, d’autant plus que le son est mal synchronisé, et pire... décalé sur la fin ! Il faut donc sauver ce projet qui prend l’eau. On pense évidemment à toutes ces stars dont la carrière fut brisée par l’avènement du parlant. Que Hollywood revienne, de manière sarcastique, sur ces destins professionnels fauchés, voilà qui ne manque pas de culot, puisqu’on sait que son implacable recherche de profit ne s’est pas embarrassée de considérations morales, lorsqu’il s’est agi de congédier bon nombre de comédien(ne)s du muet.
Quoi qu’il en soit, Edmond, l’ami de Don, intervient prestement et trouve une solution géniale : il faut doubler Lina par Kathy Sheldon, une jeune débutante, dont Lockwood est tombé amoureux. Evidemment, cette solution ne sera pas acceptée par Lina, qui se sent mise à l’écart, et revendiquera son statut de vedette. Grande comédie acide, Chantons sous la pluie n’oublie pas d’égratigner le narcissisme des vedettes de cinéma, que le petit écran n’a pas définitivement concurrencées.
Les scènes du film sont à nouveau synchronisées, des parties dansées et chantées sont ajoutées, et c’est le triomphe public ! Ironie du sort. Sauf que Lina y met du sien, et commet la fatale erreur de vouloir s’adresser au public, une fois la projection terminée. Trahie par sa voix, elle provoquera à nouveau l’hilarité de l’assistance qui la presse de chanter, ce qu’elle fait, bien hésitante, aidée en cela par Kathy cachée derrière le rideau, qui double sa voix et préserve donc l’intégrité du secret.
Mais en coulisses, Edmond et Don ont décidé de tout dévoiler : ils abaissent le rideau, et révèlent aux yeux du monde que tout le mérite revient à Kathy. Lina est définitivement ridiculisée dans une sorte de mise en abyme, qui dévoile aussi tout l’artifice de la production cinématographique. Bien sûr, le happy end s’accommode d’une morale à peu de frais. Toutefois, la réflexion qu’il suscite dépasse de beaucoup la simple histoire d’une rivalité, sur fond de star-system. Il démystifie le cinéma, cette grande usine à rêves, fondée sur l’illusion, qu’une force de persuasion rend si attrayante, quand bien même nous en connaîtrions les arcanes.
Finalement, il est bien difficile de détacher certains moments du film, tant le spectateur se sent pris dans un flux qui n’exclut pas les tangentes oniriques, où les jambes de Cyd Charisse, en une séquence mythique aux teintes fauves, aimantent le regard. S’il faut exprimer une préférence, qu’on nous permette d’isoler une séquence : la magnifique déclaration d’amour de Don à Lina, qui ne peut s’épanouir que dans une atmosphère romantique, artificiellement reconstituée en studio. Après cet aveu, nos deux personnages se mettent à danser en rythme, parfaitement accordés, comme si la chorégraphie venait couronner l’union sentimentale. De leur pas harmonieux émane une énergie absolument irrésistible, à l’unisson de ce film inoubliable.
– Sélection officielle Cannes 2022 : Cannes Classics
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JIPI 11 mai 2012
Chantons sous la pluie - la critique du film
Les prestations de Donald O’Connor sont un véritable check-up médical rassurant. Pas de problèmes, le cœur est solide. Le bonhomme monté sur ressort bondi dans tous les coins le tout en une seule prise.
Icône de la chorégraphie « Chantons sous la pluie » est avant tout le socle d’une condition physique hors du commun. Comment ne pas trembler en visionnant ces escaliers dévalés ou ces murs traversés par des protagonistes regards hauts, visages rayonnants sans notion du danger.
Ces numéros sont à couper le souffle, une mécanique suisse. Des auréoles intégrées dans des scénettes amusantes montrant stars idiotes et metteurs en scènes au bord de la syncope traqués par les technologies nouvelles.
L’humour sert de moquette aux aléas d’un métier artistique constamment en devenir. Le navet idyllique à l’eau de rose sans parole est remplacé par le piédestal d’un nouveau genre, la voix inaugurant les beaux jours d’un genre nouveau, la comédie musicale.
Tout est prétexte à basculer du mieux possible sans états d’âmes dans un comportement adapté conservant motivation et bonne humeur. Le public est versatile, il s’adapte aux nouveaux courants. Les réactions de spectateurs moqueurs à la sortie d’un sous produit périmé sont révélatrices, il faut se recycler et en vitesse.
« Chantons sous la pluie » est une figure triangulaire entre ce qui disparaît, le muet, ce qui naît le parlant et ce qui se maintient en évoluant, la danse. Les corps se moquent bien de ces rivalités entre concepts, ils s’entretiennent, bougent, offrent leurs splendeurs dans une géométrie tourbillonnante éternelle.
D’agréables mélopées traversant un temps changeant ou l’on ne se pose jamais longtemps. Les premières notes de Singing in the rain sont intemporelles une manière de démontrer dans nos incessantes recherches de la vérité que tout a déjà été découvert.