Cassandra - La chronique BD

Résumé :

Rome, quartiers mal famés, Marco est un flic italien au passé lourd, qui veut infiltrer le bas-fonds proches des néo-fascistes. Ces hommes et ces femmes capables de balancer un jeune immigré indien, simplement pour sa couleur de peau. Et au milieu, on trouve Cassandra, belle et rebelle, qui trouble Marco, pour de nombreuses raisons.

© Asiatika

Notre avis :

De la bande dessinée italienne qui ressemble à du manga, traitant du tabou de la transsexualité, il y a beaucoup de choses mélangées et originales dans Cassandra. Le dessin, très blanc, tout en contraste, montre tout d’abord une originalité forte : la violence est présente, en éclairs durs, les expressions sont détaillées, et les visages peuvent révéler beaucoup, car minutieusement travaillés. Le format, entre comic et manga, brouille les pistes, et se révèle efficace. On perd la notion du temps, les rêves et cauchemars se succèdent, on ne sait plus trop qui est le narrateur... Mais tout cela est unifié par un dessin impeccable.

© Asiatika

Pour le scénario, l’histoire est signée d’un auteur qui travaille pour la télévision (Romanzo Criminale, c’est lui !) qui a soigné les passés des personnages. Les gens qui les entourent, des flics réacs aux piliers de bar racistes, mettent en relief le duo Cassandra-Marco dans une histoire policière assez simple mais bien conduite.

Cependant la vraie force de cet ouvrage, c’est son thème bien amené : la transsexualité et, plus particulièrement l’homme devenant une femme, belle de surcroît. Belle et donc troublante, comme en fait l’expérience le héros Marco, obligé de passer par de nombreux sentiments contradictoires, et surtout de faire face à ses propres démons. Car l’autre héroïne, Cassandra, est en fait plus libre que Marco, malgré sa situation qui apparaît très précaire tout au long du livre. Rarement abordé en littérature, en particulier dans le neuvième art, la relation d’un homme avec un ancien homme devenu femme est difficilement acceptable, restant dans les marges, de la société comme des livres. Mais cette fois, le thème est au centre, poussé dans ses retranchements, et c’est bien une ode à la tolérance qu’achèvent Valenti et Caselli, deux auteurs modernes.

Graphiquement bien en place et surtout thématiquement en avance, Cassandra est une œuvre singulière de part ses origines italiennes, ses influences japonaises et son sujet cosmopolite. Abordé sans fraîcheur, et même avec une certaine noirceur, ce thème arrive, troublé et troublant, au travers d’une enquête policière sans relief, et qui passe au second plan. Car le passé, le présent et le futur des personnages apparaissent bien plus importants, et c’est là la force du livre.