Le 1er juin 2015
Le premier long-métrage prometteur du jeune réalisateur brésilien Fellipe Barbosa. Un film langoureux sur une certaine jeunesse brésilienne qui frappe par sa justesse et sa lucidité.
- Réalisateur : Fellipe Barbosa
- Acteurs : Thales Cavalcanti, Marcello Novaes, Suzana Pires
- Genre : Drame
- Nationalité : Brésilien
- Durée : 1h54min
- Titre original : Casa Grande
- Date de sortie : 3 juin 2015
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Le premier long-métrage prometteur du jeune réalisateur brésilien Fellipe Barbosa. Un film langoureux sur une certaine jeunesse brésilienne qui frappe par sa justesse et sa lucidité.
L’argument : Enfant de l’élite bourgeoise de Rio de Janeiro, Jean a 17 ans. Tandis que ses parents luttent pour cacher leur banqueroute, il prend peu à peu conscience des contradictions qui rongent sa ville et sa famille.
Notre avis : La famille de Jean vit dans une résidence privilégiée de Rio de Janeiro, et leur maison est bien la Casa Grande du titre. Éteindre les lumières de chaque pièce, avant d’aller se coucher, est un rituel qui dure de longues minutes. Le faste de cette maison cache la situation financière de plus en plus compliquée de la famille : le père s’efforce de minimiser auprès de sa femme et de ne rien dire aux enfants, mais il est acculé de dettes.
(C) Damned Distribution
Évoquée par touches tout au long du film, cette contradiction fait office de drame principal, mais elle n’est qu’un thème superficiel. Le jacuzzi est désactivé pour réduire la facture d’électricité, le chauffeur qui emmène Jean au lycée est licencié, mais ces détails n’affectent pas vraiment le quotidien des personnages. Le père cherche à peine du travail après neuf années d’inactivité, et il reste en pyjama une bonne partie de la matinée, deux domestiques travaillent toujours dans la maison…
Jean ignore toutes ces considérations économiques. Ses préoccupations sont celles d’un adolescent normal : le lycée, ses amis, choper en boîte, coucher avec une fille, tomber amoureux... Quand son professeur de lycée rappelle à la classe que cette année est décisive pour la poursuite de leur étude, et de leur carrière, un cut soudain nous montre en gros plan Jean embrassant fougueusement sa petite amie Luiza, dans le bus les ramenant chez eux… Le film est avant tout une chronique sur l’adolescence.
(C) Damned Distribution
Fellipe Barbosa se concentre sur les relations entre les personnages. De ce point de vue, le film déjoue remarquablement nos attentes : les rapports humains filmés sont toujours entiers, jamais déformés par un facteur social ou économique. Les domestiques entretiennent une relation sincère avec les membres de cette famille. De la même façon, Jean a beau avoir une « tête de riche » comme lui dit le composteur dans le bus, il n’est pas pour autant embêté quand il déambule dans une favela pour retrouver son ancien chauffeur.
(C) Damned Distribution
La menace du conflit social plane tout au long du film, mais il ne s’agit jamais que de fausses alertes, comme par exemple lors du faux kidnapping de Jean. Quand son père et sa mère reçoivent un appel anonyme, leur annonçant que leur fils sera libéré contre une rançon de 20 000 reais, on croit nous aussi que Jean a été capturé dans la favela où il a passé l’après-midi… Pourtant, dans le plan suivant, on voit Jean, avec l’ancien chauffeur et l’ancienne domestique, dans l’atmosphère festive et chaleureuse d’un forro (danse traditionnelle). Fellipe Barbosa repousse ainsi immédiatement cet embryon d’intrigue, et le film garde jusqu’à la fin sa langueur caractéristique. C’est une belle preuve de lucidité de la part de ce jeune cinéaste, qui sait que ce qu’il a de meilleur à offrir n’est pas un récit trop indécis (il a coécrit le scénario avec Karen Sztajnberg), mais un regard juste et subtil sur les rapports humains.
CASA GRANDE - Bande annonce - 3 JUIN AU CINEMA from Damned Distribution on Vimeo.
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