Carmina ! - la critique du film

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Notre avis : En Espagne, les comédies ont leur maître en la personne de Pedro Almodóvar et Alex de la Iglesia, bien que quelques jeunes pousses, à l’image de Paco León, parviennent à sortir du lot à leurs côtés. En effet, avec sa première sortie française, le jeune réalisateur nous livre ici une comédie estivale, intelligente et drôle, avec un humour noir tout à fait glaçant auquel il serait dommage de ne pas goûter.
Carmina ! est en réalité le deuxième volet d’un diptyque commencé par un premier film, Carmina o revienta, en 2012, qui n’est malheureusement pas parvenu à sortir sur nos écrans, en raison de l’incapacité du cinéma ibérique à attirer le public. Ce deuxième chapitre, quant à lui, est parvenu à ravir des prix dans plusieurs festivals hexagonaux, dont le Prix du Public au Festival du Cinéma Espagnol de Toulouse, Cinespaña.
Carmina tente de faire vivre sa famille, entre la mort de son époux et des finances en berne, dans une société espagnole minée par la crise. Ce quasi huis clos, au coeur de son appartement, est l’occasion d’une vision déjantée des relations humaines, tant familiales qu’amicales ou amoureuses.

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L’humour se décline entre critique sociale et parodie en tous genres : la bande son, en effet, aime emprunter au western, mais ici la cigarette remplace le brin d’herbe dans la bouche de l’héroïne. De plus, les apparitions du défunt époux, Antonio, debout et de dos, mort, semblent tout droit sorties du cinéma horrifique dont le public espagnol est particulièrement friand : Paco León aime jouer avec les codes cinématographiques pour les détourner et faire surgir le rire. Carmina ! prouve ainsi que l’on peut rire de (presque) tout : le défunt père reste sur le fauteuil mortuaire deux jours durant et commence à refouler la décomposition, avant d’être recouvert de frites surgelées tout en étant aéré par un grand ventilateur.
Il faut aussi saluer l’interprétation de tous les acteurs, et tout spécialement celle de Carmina et María, qui sont en réalité la mère et la sœur du réalisateur. Leur jeu est solide, tant dans la douleur que dans la duperie des amis et des autorités, lorsqu’il faut déclarer la date de la mort du père.
Le nouveau film de celui qui débuta sa carrière comme acteur dans Aída, populaire série espagnole, est donc un enchaînement de situations cocasses aussi bien qu’une galerie de personnages tout droit sortis d’une vie insolite. Apparaît ainsi une prétendue amie intime de la reine d’Espagne ou une réceptionniste du téléphone rose qui relate ses aventures. Mais le film reste avant tout le portrait d’une mère courage qui maintient le foyer d’une main de fer.
Carmina ! a été acclamé tant en Espagne, où il a remporté le Goya du meilleur scénario, qu’à l’étranger : Paco León se présente comme un jeune réalisateur à suivre.