Le 19 mai 2015

La septième journée du Festival de Cannes 2015 a été ponctuée par la première incursion de Denis Villeneuve en compétition, avec son thriller Sicario. Puis par la douce mélancolie de Marguerite & Julien, le dernier Valérie Donzelli.
La septième journée du Festival de Cannes 2015 a été ponctuée par la première incursion de Denis Villeneuve en compétition, avec son thriller Sicario. Puis par la douce mélancolie de Marguerite & Julien, le dernier Valérie Donzelli.
Inutile de chercher une cohérence, aujourd’hui, derrière les projections conjointes de Sicario et de Marguerite & Julien. D’un côté, le canadien mono-maniaque continue à percevoir le thriller comme une fin en soi et un réceptacle de ses obsessions. Une marotte qu’il met cette fois en scène par le biais d’une brigade censée déjouer les redoutables cartels de Juarez au Mexique. Et Valérie Donzelli d’immortaliser les remous et le jusqu’au boutisme du sentiment amoureux via l’histoire licencieuse de Marguerite et Julien, frère et sœur incestueux. Un récit qui reprend un scénario initialement écrit par Jean Gruault, collaborateur de François Truffaut - autre esthète de la fatalité amoureuse.
Comme à son habitude, Denis Villeneuve n’élude pas la réalité intime de ses personnages dans Sicario. Ainsi, l’intrigue s’articule aussi autour des inhibitions et difficultés personnelles des protagonistes. En résulte une oeuvre tiraillée entre l’injonction du quotidien et des conflits moraux. Preuve que les grosses machines du cinéma devraient cesser d’ignorer les vérités de leurs personnages - même pour construire un film d’action sous stéroïdes. A noter que si la presse s’est montrée quelque peu remontée aujourd’hui contre le Valérie Donzelli, ce soufflet n’est pas vraiment mérité. Si le film n’est certainement pas exempt de défauts et manque un peu d’aspérités, sa fantaisie, sa spontanéité et sa liberté en font un objet agréable valant largement le détour. Qui n’est pas sans rappeler Jacques Demy.
La critique de Sicario, où il est notamment question de la manière dont Villeneuve joue avec le noir, est à lire ici. Celle de Marguerite et Julien est à parcourir de ce côté.
Côté anecdote du jour, l’on notera qu’une histoire de talons plats fait polémique sur la Croisette - on parle de heelgate. Plusieurs personnes ont en effet indiqué sur Twitter n’avoir pu assister à la projection de Carol sous prétexte que leurs talons étaient plats. Thierry Frémaux a nié en bloc...
Mercredi, huitième jour du festival, seront notamment projetés Youth, de Paolo Sorrentino - que nous attendons fébrilement -, et le dernier Jia Zhang-Ke, Mountains may depart. Gageons que le passage à la la langue de Shakespeare chez l’italien n’entachera pas le charme habituel de son cinéma.
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