Le 6 février 2015
- Festival : Festival de Cannes 2015
Deux présidents – Joel et Ethan Coen – ont été nommés en début de semaine à la tête du jury du 68ème Festival de Cannes. Si cette nouvelle laisse présager le meilleur, à quoi pourrait bien ressembler une véritable édition placée sous le signe de la cinéphilie qui ne tournerait pas pour autant le dos au grand public ?
Les frères Coen viennent de devenir les présidents les plus récompensés de l’histoire de la Croisette, devant Emir Kusturica et Wim Wenders. Mais alors que la sélection officielle ne sera pas annoncée avant avril, quelle serait la recette idéale pour une édition 2015 à la fois glamour et ambitieuse ? Exercice retors…
Une ouverture de festival détonante
Dénicher une œuvre filmique mêlant cinéphilie, veine populaire et casting quatre étoiles n’est pas toujours une mince affaire. Car deux éléments indispensables doivent alors figurer au cahier des charges : une dimension arty suffisamment plaisante aux yeux des critiques, et des stars mondiales déchainant les foules et photographes pour la montée des marches. L’an passé, le Grace de Monaco d’Olivier Dahan avait partiellement rempli le contrat, sans pour autant décrocher la mâchoire. Une œuvre qui faisait par exemple assez pâle figure face aux Moonrise Kingdom et autres Gatsby le Magnifique des précédentes éditions. La formule sur mesure pour 2015 ? Pourquoi pas le Tomorowland de Brad Bird, film de science-fiction avec George Clooney et Hugh Laurie ? Ou, côté cinéma français, le Belles familles de Jean-Paul Rappeneau avec le quintette Karin Viard, Mathieu Amalric, André Dussollier et Gilles Lellouche ? Ou, plus facile : Jurassic World, de Colin Trevorrow.
Les films des Tarantino, Van Sant et autres Nichols prêts pour la grand-messe
Midnight Special, de Jeff Nichols
Nul doute que la planète cinéphile aura les yeux rivés sur les films américains les plus attendus de 2015, pour la 68ème édition du festival de Cannes. À ce titre, gageons pour que le The Hateful Eight de Quentin Tarantino - encore en cours de tournage, mais soyons fous -, le Sea of Trees de Gus Van Sant, le film encore sans nom de Woody Allen ou encore le Midnight Special (avec Michael Shannon) de Jeff Nichols soient de la partie. Et pourquoi pas, pour couronner le tout, le Voyage of Time de Terrence Malick avec Ryan Gosling ? En bonus, le prochain Cameron Crowe, encore sans titre mais prévu fin mai aux states, pourrait jouer des coudes.
Des paillettes et du glamour – du vrai – sur le tapis rouge
Bon, d’accord, les cinéphiles dignes de ce nom se moquent bien de savoir qui, des Brangelina ou du couple George Clooney - Amal Almuddin, parviendra le plus à faire crépiter les flashs sur le tapis rouge. Soit. Mais lorsque l’on pense au nouveau film de Sean Penn, The Last Face, où apparaissent notamment sa fiancée Charlize Theron, Adèle Exarchopoulos ou encore Javier Bardem, difficile de ne pas songer au potentiel à Cannes. Rappelons qu’avant de devenir président du jury en 2008, Sean Penn avait aussi présenté son film The Pledge (2001) en sélection officielle.
Des petits nouveaux pour dépoussiérer la compétition !
Jesse Eisenberg et Isabelle Huppert dans Louder Than Bombs
L’équation cannoise n’est pas une mince affaire : s’il est habituellement de rigueur d’accueillir quelques abonnés en sélection officielle, le temps est peut-être venu de changer la donne. Cela tombe à pic : trois cinéastes européens que la renommée précède – Joachim Trier, Ben Wheatley et Yorgos Lanthimos – s’apprêtent chacun à sortir un film cette année. Reste à savoir si le norvégien Trier sera parvenu à temps au bout du montage de Louder Than Bombs - clin d’oeil aux Smiths ? -, avec Isabelle Huppert et Jesse Eisenberg. Si le britannique Ben Wheatley fera mouche avec High Rise (adapté de J.G. Ballard) et son casting aux petits oignons (Luke Evans, Tom Hiddleston, Jeremy Irons, Sienna Miller…). Ou si le grec Yorgos Lanthimos, qui rassemble également avec The Lobster une belle ribambelle d’acteurs (Colin Farrell, Rachel Weisz, Léa Seydoux ou encore Ben Wihshaw), sera retenu par Thierry Frémaux.
Quoi qu’il en soit, The Lobster peut déjà se vanter d’avoir l’un des synopsis les plus barrés de 2015 : l’histoire suit des célibataires qui, parce qu’ils n’ont pas trouvé l’âme sœur, se retrouvent transformés en animaux. Quant à High Rise, il pourrait bien devenir la deuxième adaptation – après Crash de David Cronenberg en 1996 – à se faire une place en compétition à Cannes. Enfin, deux autres pourraient se frayer un chemin sur la Croisette : Macbeth, de Justin Kurzel, avec Marion Cotillard et Michael Fassbender, et Altamira, du revenant Hugh Hudson, célébré pour Les Chariots de feu à la dernière édition de l’Institut Lumière à Lyon.
Mad Max : Fury Road en séance de minuit !
Après Star Wars VII, le prochain opus de la saga Mad Max, avec Tom Hardy, est peut-être le film le plus attendu du monde. Qu’à cela ne tienne, s’il y a peu de chance que le dernier George Miller – pas assez sage – parvienne à se hisser en ouverture du festival de Cannes, sans doute aura-t-il davantage de chances en séance de minuit. En tout cas, espérons-le, car l’évènement promettrait alors d’être rock’n’roll ! De quoi transformer la Croisette en monde post-apocalyptique. En guise de consolation, la suite de Magic Mike, Magic Mike XXL ne serait sans doute pas ridicule. À voir…
Que l’animation puisse faire parler la poudre
Bakemono no Ko
À quelques exceptions près, le Festival de Cannes a rarement fait montre d’un véritable intérêt pour les films d’animation. On se souvient bien du dreamworks Shrek 2, présenté en avant-première en 2004, ou du Ghost in the Shell : Innocence de Mamoru Oshii sélectionné pour la course à la Palme d’or la même année. Mais ce dernier était reparti bredouille. Et en dehors de quelques fulgurances – Dumbo avait décroché un grand prix sur la Croisette dès 1947, Persepolis un prix du jury en 2007 –, les candidats ne sont pas légion. Pour preuve : Ghost in the Shell 2 était en 2004 le premier film d’animation à concourir en sélection officielle depuis La Planète sauvage –qui remontait à 1976. Et Valse avec Bachir, malgré un important succès critique, n’avait pas été primé en 2008 lors de la 61ème édition du festival. Résultat, ne serait-ce qu’un nouveau concurrent issu de ce médium ne serait pas de trop en compétition. Il pourrait s’agir de Vice Versa, de Pete Docter (le papa de Là-haut), dont la sortie est programmée en juin prochain. Ou, mieux : Bakemono no Ko, le dernier Mamoru Hosoda –génial réalisateur de Les Enfants loups, Ame et Yuki-, prévu quant à lui pour juillet.
Des (bons) films français et des come back en pagaille
Cécile de France et Izia Higelin dans La Belle saison
En mai 2014, Jane Campion et sa clique n’avaient pas été enchantés par les films français alors sélectionnés – si l’on excepte Adieu au langage, de Jean-Luc Godard et son prix du jury (ex-æquo avec Mommy). Comme souvent, les heureux élus devraient se compter sur les doigts d’une main pour cette 68ème édition, laissant nombre de candidats hors course. Parmi les prétendants les plus évidents se pressant au portillon : Philippe Garrel avec L’Ombre des femmes, Maïwenn avec Mon roi (Vincent Cassel au casting) et bien sûr Jacques Audiard avec Erran. Pas impossible, par ailleurs, de voir Guillaume Nicloux et son Valley of Love, avec Gérard Depardieu et Isabellet Huppert –clin d’œil appuyé à Loulou – se démarquer. Même chose pour Catherine Corsini et La Belle saison, à propos d’une histoire d’idylle entre Cécile de France et Izia Higelin. Une adaptation au nom insolite à noter aussi : La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, réalisé par Joann Sfar, avec Benjamin Biolay.
Mais aussi :
Nos Arcadies, d’Arnaud Desplechin (préquel de Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle) ?)
Marguerite et Julien, de Valérie Donzelli
Les Deux Amis, de Louis Garrel
Microbe et Gasoil, de Michel Gondry
Les Cowboys, de Thomas Bidegain (le scénariste d’Audiard)
Love, de Gaspar Noé
Marguerite, de Xavier Giannoli
…
Et côté come back :
Hou Hsiao-hsien (La Cité des douleurs, Le Maître des marionnettes), le génie taïwanais qui termine actuellement un film d’arts martiaux intitulé The Assassin.
Apichatpong Weerasethakul, avec Love in Khon Kaen.
Emir Kusturica, avec L’Amour et la paix.
Une clôture de festival en apothéose
The Crossing, de John Woo
L’an passé, les élections européennes avaient quelque peu perturbé la fin du Festival, décalant alors le palmarès d’une journée et privant les festivaliers du fameux film de clôture. Pour rattraper le tir, peut-être que le dernier John Woo, film historique narrant un naufrage, intitulé The Crossing, sera au rendez-vous. Les dés sont jetés.
Bonus
D’autres films attendus au tournant cannois :
La Giovinezza, de Paolo Sorrentino
Le Conte des Contes, de Matteo Garrone
The Deep Blue Sea, de Terrence Davies
Kamakura Diary, de Hirokazu Kore-Eda
Foujita, de Kohei Oguri
Icon, de Stephen Frears
Remember, d’Atom Egoyan
A bigger splash, de Luca Guadagnino
L’ultimo vampiro, de Marco Bellochio
Loin de la foule déchainée, de Thomas Vinterberg
…
Galerie Photos
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