Sans loi et sans ambition
Le 18 janvier 2021
Sixième film en compétition officielle Cannes 2012, Lawless se laisse regarder, mais de là à en faire un candidat potentiel pour l’obtention de la Palme d’Or... Notre avis à chaud.
- Réalisateur : John Hillcoat
- Acteurs : Guy Pearce, Tom Hardy, Shia LaBeouf, Gary Oldman, Mia Wasikowska , Jessica Chastain, Jason Clarke
- Genre : Drame, Action, Western
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h55mn
- Date télé : 23 juin 2024 22:30
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : Lawless
- Date de sortie : 12 septembre 2012
- Festival : Festival de Cannes 2012
Résumé : 1931. Au cœur de l’Amérique en pleine prohibition, dans le comté de Franklin en Virginie, état célèbre pour sa production d’alcool de contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires : Jack, le plus jeune, ambitieux et impulsif, veut transformer la petite affaire familiale en trafic d’envergure. Il rêve de beaux costumes, d’armes, et espère impressionner la sublime Bertha… Howard, le cadet, est le bagarreur de la famille. Loyal, son bon sens se dissout régulièrement dans l’alcool qu’il ne sait pas refuser… Forrest, l’aîné, fait figure de chef et reste déterminé à protéger sa famille des nouvelles règles qu’impose un nouveau monde économique. Lorsque Maggie débarque fuyant Chicago, il la prend aussi sous sa protection. Seuls contre une police corrompue, une justice arbitraire et des gangsters rivaux, les trois frères écrivent leur légende : une lutte pour rester sur leur propre chemin, au cours de la première grande ruée vers l’or du crime.
Critique : Parmi les quatre longs métrages retenus à Cannes, c’est à Lawless qu’incombe la tâche d’ouvrir le bal des productions américaines, même si les deux artisans centraux du film proviennent d’Australie. En ayant pour toile de fond la prohibition du début des années 30, l’originalité de Lawless consiste à transformer le genre viril du film de gangsters en western, peuplé de sa horde de hors-la-loi. Contrairement aux Incorruptibles de De Palma, l’action évolue entièrement en milieu rural, et non plus en ville (berceau de la haute pègre). On retrouve-là une des capacités de John Hillcoat à privilégier les grands espaces. Le problème majeur du cinéphage consistant à se référer constamment à d’autres œuvres-clés du septième art, auxquels s’ajoutent les grandes séries actuelles, handicape fortement Lawless. La faute incombe, ici, à Boardwalk Empire dont la comparaison désavantage méchamment le nouvel opus du réalisateur australien. L’action est rondement menée, les acteurs sont convaincants même s’ils en font parfois des tonnes (calmés un tant soit peu par la gent féminine). Mais tout cela plagie un tantinet Silverado de Kasdan. Le film divertit mais Cannes ne semble pas le lieu approprié pour ce type de plaisir trop prévisible qui, néanmoins, revendique un second degré pleinement assumé... Le nabab Harvey Weinstein n’est pas assuré cette année de nous refaire le coup de Pulp Fiction ou du canular politique exécuté par le président tarantinesque en remettant la Palme d’Or au documentaire litigieux de Michael Moore !
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Frédéric de Vençay 16 septembre 2012
Des hommes sans loi - John Hillcoat - critique
Traitement un peu dur pour ce néo-western au classicisme assumé, qui se suit sans grande passion mais avec plaisir. John Hillcoat est un artisan que l’on pourrait qualifier d’"honnête" ("La Route", déjà, était de l’excellent boulot), et ce goût du travail bien fait se retrouve jusque dans le sujet de son film : le commerce, illicite mais rondement mené, de ses bootleggers. Photo automnale, sobriété des cadrages et reprise des invariants du genre, tout est au service d’une vision du cinéma qu’on pourra qualifier de "passéiste", mais qui apporte une indéniable respiration au genre - le film de gangsters, abonné à l’escalade de la violence et à la furie du montage depuis les coups d’éclat de Scorsese et de Tarantino. Reste à parler du casting, inégal : si les vétérans Guy Pearce et Gary Oldman agacent à force de grimaces, la jeune garde estampillée "2010’s" assure la commande, de l’impeccable Shia LaBoeuf au monstrueux Tom Hardy, en passant par les précieuses Jessica Chastain et Mia Wasikowska.