Hard et essai
Le 29 avril 2024
Une œuvre sulfureuse jubilatoire mais non consensuelle, qui permit à Yórgos Lánthimos de gagner le prix « Un Certain Regard » au Festival de Cannes 2009.
- Réalisateur : Yórgos Lánthimos
- Acteurs : Christos Stergioglou, Michele Valley, Aggeliki Papoulia
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Grec
- Distributeur : MK2 Distribution
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 1h36mn
- Titre original : Kynodontas
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 2 décembre 2009
- Festival : Festival de Cannes 2009, L’Etrange Festival 2009
Résumé : Le père, la mère et leurs trois enfants vivent dans les faubourgs d’une ville. Leur maison est bordée d’une haute clôture ; les enfants ne l’ont jamais franchie. Leur éducation, leurs loisirs, leurs amusements, leur ennui, leur entraînement physique se conforment au modèle imposé par les parents, en l’absence de toute empreinte du monde extérieur. Les enfants pensent que les avions qui volent au-dessus de la maison sont des jouets et les zombies, des petites fleurs jaunes. Une seule personne a le droit de s’introduire chez eux : Christina, qui travaille comme agent de sécurité dans l’usine du père. C’est pour satisfaire les pulsions sexuelles du fils que le père la fait venir. Dans la famille, tout le monde l’adore, l’aînée des filles surtout. Un jour, Christina lui offre un serre-tête qui scintille, s’attendant à recevoir quelque chose en retour...
Critique : Le jury d’« Un Certain Regard » 2019 a été courageux d’avoir distingué cette œuvre sulfureuse jubilatoire mais non consensuelle, si peu représentative du film « de festival ». D’aucuns ont reproché au cinéaste de se complaire dans une esthétique précieuse, pastiche du Pasolini de Theorème et plagiat inavoué des univers de Haneke, Buñuel ou Ulrich Seidl. Parions que l’originalité de Canine en a en fait déconcerté plus d’un, le cinéaste n’hésitant pas à se nourrir de ces références pour proposer cet objet filmique non identifié.
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Si l’employée qui séduit tous les enfants de la maisonnée s’apparente à l’ange/démon Terence Stamp, si les figures parentales s’avèrent plus effrayantes que Fernando Rey dans Viridiana ou Annie Girardot dans La pianiste, si certains passages cauchemardesques (le massacre du chat, l’automutilation dentaire) semblent hésiter entre la réalité et le fantasme (à l’instar des songeries de Belle de jour), le style de Yórgos Lánthimos est bien présent, par ce mélange d’humour pince-sans-rire, de sobriété dans la provocation et d’ellipse narrative.
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Le rapprochement avec Seidl est plus intéressant, la sexualité sans érotisme des personnages de Canine rejoignant les mondes glauques de Dog Days et Import/Export. On appréciera le parallèle symbolique entre les dépendances familiales et l’aliénation des systèmes totalitaires, ainsi qu’un dénouement ouvert sujet à multiples interprétations. Canine montre en outre le retour en première ligne d’un cinéma grec dont on entendait peu parler, hormis les films du vétéran Theo Angelopoulos.
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Norman06 21 décembre 2009
Canine - Yórgos Lánthimos - critique
Bravo au jury d’ « Un certain regard » pour avoir distingué cette œuvre sulfureuse non consensuelle, si peu représentative du film « de festival ». Le style de Yorgos Lanthimos est bien présent, par ce mélange d’humour pince-sans-rire, de sobriété dans la provocation et d’ellipse narrative. Le rapprochement avec Ulrich Seidl est intéressant, par la sexualité sans érotisme et le monde glauque des personnages. On appréciera le parallèle symbolique entre les dépendances familiales et l’aliénation des systèmes totalitaires, ainsi qu’un dénouement ouvert sujet à multiples interprétations.
’Boo’Radley 23 décembre 2009
Canine - Yórgos Lánthimos - critique
Une famille vit en vase clos, les trois enfants étant maintenus par leurs parents dans l’ignorance du dehors : défense de quitter la propriété familiale avant le jour hypothétique où l’une de leur canine tombera. Yorgos Lanthimos, le réalisateur, a prévenu qu’il ne fallait pas chercher dans "Kynadontas" une quelconque allégorie, mais plutôt la description d’un système d’éducation bien particulier. La piste du fait divers à travers la lorgnette du film d’auteur : pourquoi pas ? Cela donne : une succession de déshabillages et d’accouplements aseptisés et hygiéniques d’une innocence et d’une candeur déconcertantes ; une mise en scène somnolente aux effets de style près (les fameux décadrages qui font penser à du 16/9ème vu sur un écran 4/3). On peut aussi écouter l’avis des exégètes : "Canine" serait la critique d’un système politique (fascisme, totalitarisme). Avouons que cela a plus de chien et devient même vertigineux. Mais ne rend pas le film, hélas, plus regardable pour le spectateur sujet au vertige ou qui a la dent dure.
roger w 14 avril 2010
Canine - Yórgos Lánthimos - critique
Cet OVNI fait penser au cinéma clinique d’Haneke, mais trouve sa propre originalité dans l’étude de l’influence de l’éducation sur les êtres. Ce conditionnement étonne et fait peu à peu froid dans le dos. On pense inévitablement aux dictatures et aux totalitarismes qui ont marqué le siècle dernier. Le tout est filmé avec brio et joué avec talent. Du grand cinéma déviant.