Le 12 octobre 2020
Pour ce nouvel été au camping « les Flots Bleus », Fabien Onteniente réunit sa brochette habituelle de Français moyens. Mais en les dotant d’une pointe supplémentaire de tendresse et en leur permettant de porter un regard ironique mais juste sur l’évolution de notre société, il leur évite de tomber dans le piège de la « beaufitude » qui les menace. Une agréable surprise !
- Réalisateur : Fabien Onteniente
- Acteurs : Gérard Jugnot, Antoine Duléry, Mylène Demongeot, Michèle Laroque, Franck Dubosc, Leslie Medina, Bernard Montiel, Louka Meliava
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Date télé : 4 juin 2023 21:10
- Chaîne : TF1
- Box-office : 3.228.313
- Date de sortie : 29 juin 2016
Résumé : Comme chaque été, au Camping des Flots Bleus se retrouvent pour leurs vacances nos amis, Les Pic, Jacky et Laurette, Gatineau, tout juste divorcé de Sophie, le 37, et Patrick Chirac fidèle à ses habitudes. Cette année, Patrick a décidé de tester le co-voiturage... Pensant traverser la France avec Vanessa, il se retrouve avec trois jeunes dijonnais : Robert le charmeur, Benji le beau gosse et José la grande gueule. Bien évidemment, après le covoiturage, Patrick se voit contraint de tester le co-couchage…
Critique : Pour ce troisième volet, bien sûr, on prend les mêmes et on recommence : le même décor de pins et de mer bleue, le même humour jugé douteux par certains, et surtout la même équipe de comédiens, même si certains (dont Mathilde Seigner) ont disparu. Pourtant, dix ans se sont écoulés depuis la première version et en une décennie, le monde a changé, nos personnages aussi. C’en est fini du camping à la papa. Aujourd’hui, les toiles de tente sont démodées et cachées au fin fond du terrain, près des toilettes. Terminé, le camping municipal géré de manière artisanale ! Il s’agit désormais d’une entreprise dirigée d’une main de maître par un manager élevé à la sauce Buffalo Grill. Si vous n’y croyez pas, l’impayable Gilles Lellouche saura vous en convaincre. Tout comme nous (voilà de quoi nous rassurer), nos campeurs ont pris de la bouteille à tel point que l’ami Jacky, qui commence à perdre la tête, ne sait plus bien dans quelle tente il habite ni combien de litres de pastis (eh oui, le sacro-saint apéro fait toujours partie des rites immuables) il a déjà absorbé. Il se souvient quand même qu’il a fait carrière à la SNCF « le jour du concours, je suis arrivé en retard, dit-il, c’est pour ça qu’ils m’ont embauché. Ils ont trouvé que j’avais l’esprit de la maison. » Certes, un peu facile la blague ! Et pourtant, elle a suscité un rire général dans la salle. La cinquantaine bien entamée de nos héros favoris permet l’arrivée de la nouvelle génération avec Benji, le Français/Français, candidat malheureux de The Voice, à la recherche d’une gloire qui lui aurait permis de briller auprès d’un père trop souvent absent ; José le Français/Portugais abandonné à lui-même faute de place dans la voiture familiale et Robert le Français/Noir qui s’ennuyait dans sa cité : petit clin d’œil à la France plurielle et surtout prétexte à des réflexions amusantes liées au conflit des générations. Ainsi, Patrick Chirac, devenu bien malgré lui un ersatz de père pour cette génération déboussolée, ne manquera pas de faire remarquer à ses jeunes amis qu’ « avoir 1000 amis sur Facebook, c’est comme avoir des millions au monopoly », du vent !
- Copyright Alain Guizard
Car bien sûr, cette comédie ne serait rien sans le légendaire Chirac/Dubosc, son maillot de bain sexy et sa Renault 21 tunée. Inculte et agité, il est aussi fragile et généreux. Face à ce mi-lutin, mi-clown, on comprend vite que ses gesticulations excessives ne servent qu’à cacher la vacuité de sa vie (il est au chômage, attend sa fille dont il ne reçoit aucune nouvelle, joue le dragueur professionnel, mais on ne le voit jamais avec une fille) et c’est bien ce qui nous le rend attachant et proche. Comme chacun d’entre nous, il se bat avec les armes que la vie lui donne. Il choisit de rire pour ne pas pleurer. On ne se sent pas le cœur à lui reprocher. Sa réaction ambivalente face à l’homosexualité supposée de son ami Paulo est bien celle que l’on rencontre couramment : le savoir est une chose, l’admettre en est une autre. Jugés ridicules, pathétiques ou bas de gamme, ces ronchons, braillards, vantards sont les archétypes de ce que nous sommes et c’est exactement pour ça qu’on les aime. En revanche, il aurait été judicieux de résister à la tentation d’ajouter à ce casting brillant quelques grands noms du cinéma français. La présence de Gérard Jugnot, dans le rôle d’un présentateur méprisant, intolérant et raciste (bon oui, ça lui permet de placer : « comment ça, je suis raciste ? Mais, je suis de gauche » !) qui n’est pas sans rappeler son personnage de Bernard Morin dans Les Bronzés, accompagné de la pétillante Michèle Laroque condamnée au rôle de potiche, n’apporte pas grand-chose. Sans doute ce duo n’est-il là pour raviver le souvenir de la lutte des classes chère à Onteniente (précédemment, Gérard Lanvin incarnait un chirurgien en total décalage dans ce monde de « pauvres »). Inutile donc, mais cependant moins déplacé que cette idée d’avoir voulu faire de la jolie Cristina Reali une femme handicapée à la jambe de fer, pour tenter de rendre à un Gatineau égaré toute sa virilité. Ces prestations, limitées mais outrées, pourraient bien servir d’arguments à tous ceux qui auraient envie (et je pressens qu’ils ne manqueront pas) de s’en prendre à cette comédie bon enfant.
Car, dans ce pays aux contradictions multiples, nul doute que pour une l’élite savante, ce film sans vulgarité, aux dialogues qui font mouche, soutenu par une bande de comédiens attachants et authentiques, agrémenté de superbes images de plage et de pinède vues d’avion, accompagné d’une musique (merci Maître Gims) gaie et entraînante en parfaite harmonie avec l’ambiance, sera accusé d’avilissement du peuple. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le dossier de presse donne à Franz-Olivier Giesbert, romancier et ex-directeur du magazine le Point, l’occasion d’exprimer tout son soutien au film (et aux précédents). Ça en dit long sur la détermination de ses créateurs à essayer de se faire une place dans le cœur de la France d’en haut. Mais est-ce vraiment indispensable ? Certes, il ne s’agit nullement d’un film d’auteur (ne sont-ils pas régulièrement taxés d’ennuyeux ?) mais, pour reprendre les propos du réalisateur, d’une comédie qui n’a d’autre ambition que de permettre au public de s’amuser. Il a donc en grande partie rempli sa mission. Il est fort à parier que, faisant fi des mauvais coups, Camping 3 attirera comme ses prédécesseurs quelques millions de spectateurs, à la recherche d’un moment de détente, tout simplement.
Parce que comme le dit Marc Lavoine « C’est ça, la France » !
Le test blu-ray
Grosse production à succès, Camping 3 débarque en blu-ray sans le moindre bonus. Trop radine la prod ? Tout au plus une édition collector à une quinzaine d’euros contenant en bonus les deux premiers volets.
Les suppléments :
0
Un vide intersidérale inacceptable. On parle d’un film à 3.228.313 entrées qui a bénéficié d’une sacrée promo. Où tout cela est-il passé ? Dans les limbes.
L’image :
Finesse d’image, léger grain de cinéma qui donne un caractère capiteux à ces belles images de vacances... Sable chaud et ciel bleu ont rarement fait une si belle union en blu-ray.
Le son :
Son au diapason, avec un bel effort sur les inserts de tubes, récents (Maître Gims) ou d’un répertoire craignos (Demis Roussos). La copie a un charme fou.
– Sortie DVD & Blu-ray : le 31 octobre 2016
- Copyright Alain Guizard
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Pierre Pbrma 26 juin 2016
Camping 3 - la critique du film + le test Blu-ray
Camping 3. Entre homophobie, racisme et mauvais goûts, le temps paraît long et les scènes interminables.
Les clichés envers les handicapés sont inadmissibles en 2016.
À fuir.