Le 18 juillet 2024
Caligula fait partie de ces films dont l’aura sulfureuse se dispute à la mauvaise réputation. De la violence, du porno, de la démesure et de la tyrannie : un drôle de cocktail pour un film à la fois hypnotique et éprouvant.
- Réalisateurs : Tinto Brass - Bob Guccione
- Acteurs : Helen Mirren, Malcolm McDowell, Peter O’Toole, John Steiner, Teresa Ann Savoy, Mirella D’Angelo, Paolo Bonacelli, Loretta Young, John Gielgud, Adriana Asti, Leopoldo Trieste, Guido Mannari
- Genre : Érotique, Péplum, Pornographique (interdit au moins de 18 ans), Drame historique
- Nationalité : Américain, Britannique, Italien
- Distributeur : Bac Films, AMLF Distribution
- Editeur vidéo : Seven sept
- Durée : 2h56mn
- Reprise: 19 juin 2024
- Titre original : Caligola
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 2 juillet 1980
- Festival : Festival de Cannes 2023
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Veulent le voir
– Sortie de "Caligula - The Ultimate Cut" le 19 juin 2024
– Année de production : 1976
– Festival de Cannes 2023 : sélection officielle, Cannes Classics
Résumé : Rome, 37 de notre ère. Après avoir assassiné son grand-père adoptif, l’empereur Tibère, Caligula s’empare du pouvoir et commence à démanteler l’Empire romain de l’intérieur. 40 ans après sa sortie, le film culte Caligula refait surface avec un nouveau montage inédit explorant la décadence du pouvoir à travers la corruption, la folie et la dépravation.
Critique : Avant même sa sortie en salles le 2 juillet 1980, Caligula est précédé d’une réputation sulfureuse. Il faut dire que son parcours est chaotique : doté d’un budget faramineux et d’un casting de haut vol, avec Gore Vidal au scénario (Le Gaucher, Soudain l’été dernier), le film sera modifié en post-production par son producteur Bob Guccione, propriétaire du magazine Penthouse. Ce dernier n’hésitera pas à faire appel à son équipe (dont des playmates du magazine) pour insérer de nombreuses scènes pornographiques et sanglantes, tournées à l’insu du réalisateur Tinto Brass, qui reniera le film. Par la suite, de nombreuses versions ressortiront, plus ou moins fidèles tantôt au réalisateur, tantôt au producteur, avant une version longue et complète en DVD.
Ce rappel est important car, avant de réhabiliter cette œuvre dans sa dimension baroque et fiévreuse, il est nécessaire avant tout d’en pointer les défauts, qui ne ne viennent pas forcément des scènes pornographiques elles-mêmes (nous y reviendrons) mais justement de ce contexte particulier.
Ainsi, le film, dans sa version intégrale, est trop long, et certaines scènes sont vraiment inutiles. C’est notamment le cas de celles qui se vautrent dans un kitch ridicule ou encore de certaines scènes X totalement inappropriées (même si elles sont plutôt bien filmées, dans la veine du porno de qualité des années 70). Sans parler de la multiplication d’images d’organes génitaux entre les plans qui, à la longue, finit par lasser, ou de cette complaisance à l’égard d’une violence gratuite franchement désagréable.
Mais une fois ce constat posé, il faut reconnaitre que Caligula propose une expérience cinématographique intéressante, pour ne pas dire fascinante.
- © 2024 Le Pacte. Tous droits réservés.
Cela tient d’abord aux acteurs (formidables Peter O’Toole et John Gielgud dans des rôles assez courts mais savoureux, délicieuse Helen Mirren en Cæsonia Milonia) et bien entendu à la performance ahurissante de Malcolm McDowell.
Omniprésent à l’écran, celui-ci en fait des tonnes dans un personnage déjanté, dont les sautes d’humeurs font régner la terreur. Ses grands yeux bleus et ses rictus narquois créent un contraste saisissant avec sa cruauté et son sadisme, et montrent bien le basculement dans la folie d’un gamin devenu empereur de Rome un peu malgré lui.
Mais l’acteur peut aussi s’appuyer sur un scénario solide qui, malgré les limites évoquées plus haut, est suffisamment bien construit pour décrire le lent enfermement de Caligula dans la névrose et la violence, jusqu’à la chute inéluctable.
L’enchaînement des séquences s’inscrit dans une logique de progression irrésistible, comme la montée d’un orgasme déflagrateur.
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Et lorsqu’arrive la scène proprement hallucinante de cette partouze géante sur une galère d’apparat (organisée par Caligula, qui oblige les femmes des sénateurs à s’y prostituer), la tension est à son comble, dans une débauche de kitch et de sexe.
Pendant une demi-heure, l’empereur déambule au milieu des corps, tout en se moquant allégrement de la souffrance et de la colère des sénateurs face à ce spectacle.
Par on ne sait quelle magie du cinéma, l’ajout du porno perd ici son caractère gratuit et la crudité des gros plans renforce la violence de l’humiliation subie, avec cette éjaculation finale comme symbole de la jouissance perverse de Caligula.
Enfin, du point de vue de la mise en scène, si celle-ci ne fait pas preuve d’inventivité ni de virtuosité, elle sait se mettre au service de ce luxe insensé de costumes, de décors et de figurants, qu’elle capte de manière frontale.
Il en ressort une œuvre monumentale, naviguant entre le grandiose et le boursouflé, qui plonge le spectateur dans un univers rouge sang, baroque et décadent.
La fin, évidemment tragique, le laissera pantelant, épuisé par tant de violence mais fasciné par la puissance visuelle de l’allégorie.
La durée du film dépend des versions et sources. Selon Wikipédia, 102 minutes (VO), 144 minutes (version non-censurée), 210 minutes (version longue non censurée). En 2023, Cannes Classics propose une version "Ultimate cut" de 176 minutes.
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