En colle, mode d’emploi
Le 24 juin 2022
Étrange film d’ado à la fois drôle et un peu torturé, Breakfast Club n’est même pas un plaisir coupable.
- Réalisateur : John Hughes
- Acteurs : Emilio Estevez, Anthony Michael Hall, Paul Gleason, Judd Nelson, Molly Ringwald, Ally Sheedy
- Genre : Comédie, Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h32mn
- VOD : La Cinetek, Filmo, PremiereMax, Vivo
- Date télé : 24 juin 2022 21:00
- Chaîne : France 5
- Titre original : The Breakfast Club
- Date de sortie : 15 février 1985
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Résumé : Cinq lycéens aux caractères totalement opposés se retrouvent en colle un samedi après-midi. Au fur et à mesure que la journée passe, ils discutent, se déchirent et finissent par se trouver plus de points communs qu’ils ne pensaient.
Critique : Un an avant Ferris Bueller’s Day Off, chef-d’œuvre du film d’adolescent à l’américaine, il y avait donc cet improbable teen movie en forme de huis clos.
Tous les ingrédients du genre sont soigneusement réunis : l’action située dans une high-school, l’humour, et les personnages immédiatement identifiés par un trait de caractère majeur. Mais les archétypes ici rassemblés (le dur, la prom queen, le sportif, le premier de la classe, la marginale) se révèlent rapidement de fausses caricatures. Et en refusant obstinément de se moquer d’eux, en usant d’un premier degré à toute épreuve, le réalisateur annihile toute distance et se met à leur niveau. Même les personnages secondaires finissent par acquérir une dimension inattendue, à l’image du proviseur, dont l’autoritarisme aurait pu rester accessoire s’il n’avait tourné à la névrose.
- © Universal Picture Vidéo
Et puis, aux deux tiers du parcours, arrive cette scène impossible où, assis en cercle, chacun se dévoile tour à tour, exposant son malaise à travers les raisons de sa présence en colle. Miracle de la mise en scène : rien n’est didactique, et l’espace de vingt minutes, le film se transforme en un drame miniature où la douceur côtoie l’amertume. Les éternels questionnements sur la quête de soi et la difficulté du passage à l’âge adulte sont alors traités de manière si frontale et sincère, qu’ils en deviennent désarmants.
Car tout l’intérêt de The Breakfast Club vient de là, de cette confrontation étrange entre la forme référencée et ancrée dans son époque, où les morceaux 80’s à base de synthétiseurs et de batterie saccadée accompagnent les blagues de potache, et cette obsession fascinée pour l’âge adolescent qui, pour un peu, ferait presque passer le réalisateur pour un Gus Van Sant avant l’heure. Et si réellement, comme le dit Allison (Ally Sheedy), « lorsque l’on vieillit, le cœur meurt », c’est donc que John Hughes, derrière sa caméra, n’avait pas vraiment grandi.
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