La prisonnière du désert
Le 12 mai 2016
Le Grand Prix du festival de Gérardmer 2016 convoque un cinéma à la fois extrême et exigeant, abreuvé aux grands espaces de l’Ouest américain. Une chevauchée cinématographique intense où tonnent les colts et pleut le sang.
- Réalisateur : S. Craig Zahler
- Acteurs : Kurt Russell, Patrick Wilson, Richard Jenkins, Matthew Fox, Lili Simmons
- Genre : Épouvante-horreur, Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 2h12
- Date télé : 25 mars 2017 23:50
- Chaîne : Canal + Cinéma
- Festival : Gérardmer 2016
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– Date de sortie en DVD et Blu-ray : 11 mai 2016
Le Grand Prix du festival de Gérardmer 2016 convoque un cinéma à la fois extrême et exigeant, abreuvé aux grands espaces de l’Ouest américain. Une chevauchée cinématographique intense où tonnent les colts et pleut le sang.
L’argument : 1850. Dans la paisible ville de Bright Hope, quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique, une mystérieuse horde d’Indiens en quête de vengeance kidnappent plusieurs personnes. Pour tenter de les sauver, le shérif local, accompagné de quelques hommes, se lance alors à leur poursuite… C’est le début d’un voyage vers l’enfer.
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Notre avis : Quand S. Craig Zahler débarque tel le cavalier solitaire et dégaine sa caméra pour la première fois, la surprise est de taille. Son western cannibale, que l’on peut voir comme la rencontre entre La Prisonnière du Désert de John Ford et Vorace d’Antonia Bird, nous laisse l’impression d’avoir déniché la perle rare. Celle qui réussit l’alliage des genres avec dextérité, sans avoir recours à un budget pharaonique. L’homme qui a écrit The Incident pour Alexandre Courtès en 2011, met en scène une expédition de sauvetage avec pour seul point de mire l’enfer sur terre, incarné par des montagnes infestées de troglodytes vénères aux mœurs déviants. La série B classieuse prend la forme d’une chevauchée cinématographique éprouvante, qui, posément et sans griller les étapes, s’imprègne de l’essence même du western (cavalcades dans l’Ouest sauvage, personnages à la gâchette facile et autres grands moments de bravoure).
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La toute première image découverte par le spectateur, brute de décoffrage, dévoile un homme saigné à blanc par des brigands. Ce n’est pas l’étoile du shérif qui se chargera de punir les malandrins, mais bien une forme de justice beaucoup plus primale qui tâtonne vers une dimension fantastique. Passée cette ouverture sanglante, le film pose d’exemplaires fondations scénaristiques et narratives (modèle de simplicité et de maîtrise) en disposant de plus d’un réel goût pour les personnages. Car Bone Tomahawk est servi par une distribution de premier ordre, admirable dans sa performance physique et dramatique, où l’on retrouve Kurt Russell camper un shérif flegmatique et loyal, Richard Jenkins celui du vieil adjoint bavard, Matthew Fox l’as de la gâchette à l’air hautin et enfin Patrick Wilson mari éclopé n’aspirant qu’à retrouver sa bien-aimée coute que coute. Les interactions entre ces quatre personnages se distinguent par des dialogues teintés d’une petite touche d’humour subtil, à la répartie parfois cinglante, et dont on prend vraiment plaisir à savourer chaque ligne.
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Sur quasiment 2h15 de long métrage, il faut souligner que Bone Tomahawk arbore fièrement ses rouages d’authentique western sur près d’1h30. Soit un cinéma conçu pour les larges écrans, fait de grands espaces constamment mis en valeur avec un sens du cadre méticuleux de la part de S. Craig Zahler. Dans sa dernière bobine, les outrages gores se chargent d’enhardir le long métrage lorsque celui-ci se décide à basculer dans la barbarie. Les organismes essorés par le voyage doivent dès lors essuyer des attaques d’indiens anthropophages aussi violentes que fulgurantes avant de se retrouver face à l’innommable. Ces dernières séquences ne manqueront d’ailleurs pas de créer leur petit effet sur l’amateur de grosses bisseries qui tachent le tablier.
On parle souvent de pari casse-gueule lorsque l’on se lance dans l’association des genres et encore plus quand l’un d’eux s’avère aussi codifié que le western. Et bien Bone Tomahawk peut se targuer d’être l’un de ces rares films hybrides maîtrisés d’un bout à l’autre, et où chacune des idées portées à l’écran s’ajuste au service du récit. Maintenant, le plus triste dans cette affaire, en dépit d’un Grand Prix non usurpé au dernier festival de Gérardmer, c’est que cette péloche regorgeant de qualités en abondance ne devrait hélas n’avoir droit qu’à une trop modeste sortie direct to video qui devrait se profiler d’ici quelques mois chez l’éditeur M6 Video.
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