Le 24 décembre 2015
- Genre : Série télé
- Voir le dossier : Bilan 2015
aVoir-aLire dresse une liste des plus belles découvertes du petit écran de cette année 2015. Une sélection éclectique, aux accents de nouveautés.
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Dans un vrombissement assourdissant, la machinerie télévisuelle actionne ses rouages et fait défiler les productions à la chaîne entre ses pivots dentés. Le savant engrenage de sitcoms, de séries dramatiques et de parenthèses aventureuses entraîne dans son sillage cinéphiles et curieux. Hébété par les vapeurs et roulements de la houle du petit écran, le public se retrouve face à l’un des grands maux et trésors de notre siècle : le choix.
Face aux étagères chargées d’ouvrages aux couvertures attrayantes, il est cornélien de décider sur lequel de ces mystères s’attarder. aVoir-aLire se propose de vous introduire à certaines des perles de cette année 2015. Au regard de la profusion d’oeuvres multiples, de la débauche visuelle de certaines créations, des sommes engrangés dans ces projets titanesques de plusieurs années, la liste que propose la rédaction veut faire écho à celle qu’elle a dressé pour le cinéma. Non exhaustive et disparate, la sélection de séries présentée ici rend honneur à la production du Septième Art, au travail de cinéastes des deux écrans et aux variations que connaissent les œuvres au fil du temps.
Sense8 (Saison 1)
Annoncée comme une petite révolution télévisuelle, la série d’Andy et Lana Wachowski, co-écrite par J. Michael Straczynski (Babylon 5), était l’une des séries les plus attendues de l’année. Le projet, terriblement ambitieux, a vu le jour après deux longues années de développement. En ce laps de temps, l’impatience des inconditionnels du travail des cinéastes s’était transformée en doute, puis en appréhension.
Pourtant, les créateurs de Matrix ont respecté toutes les promesses implicites. Sense8, symphonie chorale à niveaux, métamorphose les histoires d’hommes en histoire d’Hommes. Aux quatre coins du monde, dans la folie tapageuse de métropoles, les destins d’une poignée d’individus vont se retrouver inextricablement liés. Une future mariée de Mumbaï, la fille d’un riche entrepreneur coréen, un chauffeur de bus de Nairobi, un gangster allemand, un policier de Chicago, un acteur de telenovelas mexicain, une D.J. islandaise vivant à Londres et une transsexuelle de San Francisco se découvrent une connexion surnaturelle.
En accord avec l’univers onirique et la mythologie propre aux Wachowski, Sense8 explore une esthétique un peu kitsch, très new-wave, où les amours des uns rencontrent le désespoir des autres. Fresque culturelle gigantesque, radeau de la méduse virtuel, la série conjugue aux clins d’œils cinématographiques les introspections personnelles et autres rêves métaphysiques. Fragile dans sa conception et sublime dans son expression, Sense8 est un pont vers un autre monde.
South Park (Saison 19)
La série d’animation mythique de Trey Parker et Matt Stone ne cesse de surprendre. La nouvelle formule de diffusion, en 10 épisodes simples et sans scission saisonnière, donne lieu à l’une des meilleures saisons de South Park de tous les temps. Les quatre enfants d’école primaire les plus vulgaires du petit écran : Stan Marsh, Kyle Broflovski, Eric Cartman et Kenny McCormick font encore et toujours des ravages dans leur petite ville du Colorado. Un nouveau principal a d’ailleurs été nommé, pour le meilleur et pour le pire.
Terriblement critique, la série assassine politiques, modes et phénomènes de sociétés. South Park, joyeusement parodique, raciste, scatologique et absurde, mêle à la violence graphique le raisonnement d’esprits libres. En armant leurs personnages d’un humour très caractéristique, caustique et acide, Parker et Stone font de leurs revendications décomplexées une œuvre coup de poing. "Espèce d’enfoirés" !
Peaky blinders (Saison 1)
À Birmingham, au début du 20ème siècle, un gang de malfrats semait la terreur dans les rues boueuses de la ville. Dans la visière de leurs casquettes étaient cousues des lames de rasoir des « peak » qu’ils utilisaient lors de combats en corps à corps pour meurtrir et aveugler leurs ennemis. S’il s’inspire des méfaits de cette bande de brigands ayant réellement existé, Steven Knight a néanmoins pris le parti de s’affranchir de la réalité pour mieux plonger dans les bas-fonds urbains de l’époque.
Au cœur d’une Angleterre industrielle de l’entre-deux-guerres, les Peaky blinders ont la main mise sur l’ensemble des trafics illégaux, des paris truqués à la revente d’armes. Dans un silence morbide, monté sur un cheval noir, Thomas Shelby -incarné par le charismatique Cillian Murphy-, entre en scène sous des flocons de cendre. Malgré les flammes s’échappant des fonderies avoisinantes, policiers et ouvriers s’écartent sur son chemin. Peaky blinders, série aussi fière que le cavalier qui l’introduit, a un port et une élégance inimitable. La reconstitution historique est splendide, les cadres recherchés, la mise en scène impeccable. Soutenue par une bande-son de premier ordre, de Nick Cave à PJ Harvey et Tom Waits, Peaky blinders créé le chaos et force l’admiration.
Mr. Robot (Saison 1)
En diffusant la série de Sam Esmail, la chaîne américaine USA Network a créé l’évènement. Cyber-thriller retraçant le combat d’un hacker contre une puissante multinationale et ses propres démons, Mr. Robot exploite une palette de thèmes disparates. Tantôt drame familial, tantôt polar mafieux, la production s’offre le luxe de ne pas définir son genre, jusqu’à son twist final.
En s’appuyant sur un pilote d’une qualité rare, la série joue la carte de l’exercice de style sur l’ensemble de ses 10 épisodes. La réalisation mue, parfois chargée d’ambigüité, d’autres plus classique. Rami Malek fait des étincelles dans le rôle d’un jeune employé chargé d’assurer la sécurité informatique du groupe E-Corp -ou Evil Corp pour les initiés-. Plus proche de V pour Vendetta que de Fight club, Mr. Robot s’approprie les codes crypto-virtuels d’un monde aux couleurs cendrées. À ces dernières, on reconnaît le travail minutieux de Daniel Niels Arden Oplev (Millenium).
Vikings (Saison 3)
Bâti autour d’un arc narratif de combats, où les épées déchirent les chairs et les cris de hordes résonnent contre les murs de pierre, Vikings poursuit la conquête du petit écran. Le scénariste Michael Hist (à l’origine des Tudors, producteur de Camelot et de The Borgias) marche sur les pas de Ragnar Lothbork, l’une des figures emblématiques des légendes scandinaves médiévales. Premier guerrier et navigateur viking à s’aventurer vers l’Ouest, en direction des futures Angleterre et France, Ragnar veut s’emparer de la ville de Paris, persuadé que les Dieux lui réservent un destin hors du commun.
Série semi-historique, Vikings trouve dans cette troisième saison la force narrative qui lui faisait défaut jusque là. Les corps à corps sont moins farouches, la mise en scène plus impétueuse. La brume étreint les Fjords, les paysages irlandais et bretons mettent à nu leurs écueils et végétations. L’atmosphère se charge de vapeurs salines et la production se gorge de violence. Le dernier épisode donne lieu à une bataille finale épique où l’acier règne en maître et baptise ses disciples dans le sang.
Better Call Saul (Saison 1)
Un spin-off de Breaking Bad, vraiment ? Sur Saul ? Avocat véreux sans envergure à la verve endiablée, side-kick délirant au mauvais goût vestimentaire implacable, Saul Goodman tenait une place somme toute secondaire dans le matériau originel créé par Vince Gilligan. Le fait est que même lorsqu’il est placé au centre de son propre show, Saul est secondaire, c’est un raté, un looser qui rappelle ceux des frères Coen, magnifique dans sa quête désespérée d’une acceptation qu’il fantasme, celle d’être approuvé par le monde du légal qui le rejette depuis toujours. Contre toute attente, ce personnage haut en couleur se révèle être douloureusement normal. Animé par son rêve de devenir un avocat, un vrai, torturé par le statut de raté que sa famille ne cesse de lui renvoyer, Saul est comme poussé par des forces extérieures dans l’illégalité. Parce que nous sommes ici sept ans avant Breaking Bad et Saul n’a pas encore les mains engluées trop profonds dans le monde du crime, il a tout juste un penchant presque innocent pour ce dernier, un sens de la combine sournoise, une illégalité douce dans laquelle il se sent bien plus à l’aise que dans les arcanes judiciaires. Et au fond, tout l’intérêt de Better Call Saul va consister à étudier comment il va lui aussi « breaking bad », mal tourner.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que le créateur originel du personnage de Saul, Peter Gould, avait de façon étonnante proposé à HBO un projet nommé Everybody’s Guilty (Tout le monde est coupable). Alors que Better Call Saul dépeint de façon bouleversante un homme injustement rejeté par la justice et irrémédiablement attiré par le monde du crime, un monde qui lui tend les bras grands ouverts, Vince Gilligan et Peter Gould semblent nous dire : Everybody’s guilty... and so, nobody is. (Tout le monde est coupable et donc personne ne l’est). Comme Walter White, la suite de la série sera l’occasion de découvrir jusqu’où le désespoir poussera ces fabuleux criminels innocents.
Critique de Loris Hantzis
Narcos (Saison 1)
Netflix n’a pas choisi. La chaîne américaine a pris le parti de s’emparer de l’argent et du plomb. Narcos retrace le parcours de certains des narco-traficants célèbres. Pour sa première saison, la série met en scène le plus légendaire contrebandier de tous les temps. Sans être pour autant un biopic de Pablo Emilio Escobar Gaviria, Narcos pique la curiosité des spectateurs et s’attarde sur le vécu de celui que l’on surnommait El Diablo.
La série présente la guerre lancée par les Etats-Unis, à l’aide du gouvernement colombien, contre les barons de la drogue. Entre documentaire et fiction, Narcos accumule les anecdotes cocasses, les personnages pittoresques et rebondissements meurtriers. L’action suit un rythme effréné et en dix épisodes, le temps d’allumer un cigare ou de siroter un verre de rhum cubain, tout est déjà terminé. Le jeu formidable de Wagner Moura et la subtilité scénaristique voulue par les créateurs font de Narcos l’un de ces points de rendez-vous où l’on aura plaisir à se rendre, année après année.
Ash vs Evil Dead (Saison 1)
En ces temps de sequels, prequels et spin-off moribonds, il y avait de quoi voir venir cette adaptation télévisuelle du chef d’œuvre horrifique de Sam Raimi, Evil dead, d’un mauvais œil. Mais ce dernier a à cœur de nous rassurer en s’attelant lui même à la réalisation du premier épisode, prenant soin de ne jamais verser dans le fan service sans lésiner pour autant sur le gore, l’humour vulgaire et les mouvements de caméra déments. Accordant un soin tout particulier au développement de l’implication des deux personnages secondaires dans la quête de Ash contre le mal, Ash vs Evil Dead parvient aussi à célébrer son personnage titre avec une justesse touchante. Alors que Kelly, d’abord rebutée par ce has-been ringard et empoté, finit par admettre la classe indéniable du personnage une fois que ce dernier lui sauva la vie dans un bain de sang jouissif, c’est aussi une façon bien sentie de célébrer Bruce Campbell, plus vieux, plus gros, mais toujours aussi groovy.
Si les épisodes qui suivent l’excellent pilote peinent quelque peu à trouver leur rythme, chacun délivre son lot de surprises, singeant avec brio le style furieux et débridé de Sam Raimi. Par un second degré jamais distancié par rapport à son matériau d’origine, Ash vs Evil Dead se permet sous ses atours de comédie horrifique décomplexée de souder un groupe atypique que l’on suit avec plaisir dans leur road-movie à bord d’un mobile-home miteux déjà assailli de toutes parts par les forces du mal. Au final, Ash vs Evil Dead ravira les fans de la franchise tout comme ceux qui découvriront ici les premiers exploits de l’homme au bras-tronçonneuse.
Critique de Loris Hantsiz
Wayward Pines (Saison 1)
Un agent spécial enquête sur la mystérieuse disparition de deux de ses collègues. Suite à un accident de voiture, il se réveille à l’hôpital et erre à l’orée d’une petite ville blottie dans une vallée, encerclée de pins. « Bienvenue à Wayward Pines, Idaho ». Il réalise vite qu’il ne s’agit pas là d’un endroit que l’on peut quitter. L’étrange bourgade est de plus régie par d’étranges règles : ne jamais évoquer le passé, travailler de bon cœur, et toujours décrocher le téléphone lorsqu’il sonne …
Empruntant à Twin Peaks et au Prisonnier, la nouvelle série de M. Night Syamalan évolue en terrain familier. En mêlant le thriller à la science-fiction, Wayward Pines s’inscrit dans le genre des séries d’ambiance dystopiques. La production prend toute son ampleur dès la mi-saison, lorsque l’un des plis du voile est délicatement soulevé et les mystères commencent timidement à se révéler. À travers le prisme des années, le monde tel qu’il est s’effrite. Dans une ambiance mélancolique, sur une terre où la pluie ne semble jamais s’arrêter de tomber, l’humanité renaît et semble avoir le choix de l’avenir qu’elle veut pour elle.
The jinx : The life and deaths of Robert Durst (Mini-série de 6 épisodes)
The jinx est une plongée dans la vie trouble et compliquée de Robert Durst, suspecté d’avoir commis trois meurtres sur une période de vingt ans, en commençant par celui de son épouse, disparue sans laisser de traces en 1982. Mini-série documentaire, The jinx est avant tout une enquête palpitante qui n’hésite pas à user de toute la grammaire cinématographique pour trouver son rythme. À ce titre, les reconstitutions rebuteront les puristes d’un certain cinéma documentaire, le réalisateur Andrew Jarecki tendant en effet plus vers l’approche expressionniste de Michael Madsen (Into eternity, The visit) que de Raymond Depardon. Mais en mettant en scène les indices par des reconstitutions soignées, Jarecki ne se contente pas seulement de rythmer son sujet mais expose de façon brillante la part de fantasme et d’imaginaire sur laquelle repose une enquête dont chaque nouvelle piste commence par « et si il s’était passé ceci ? ».
Peu de films ont pu explorer cette facette là du meurtre et du meurtrier. The jinx étudie un homme et laisse au spectateur le soin de juger de sa normalité supposée pour questionner sans arrêt son implication dans les terribles événements dont il se dit innocent. Mais The jinx est aussi un témoignage terrifiant de l’impuissance du système judiciaire américain qui semble irrémédiablement contrecarré par le pouvoir de l’argent ainsi que du travail policier, ces derniers oubliant par exemple de sonder le lac derrière la maison de Robert Durst et sa femme disparue. Plus Jarecki humanise Robert Durst, montrant par exemple comment ce dernier a vécu en marge de sa famille toute sa vie, plus la monstruosité du personnage apparaît. Et c’est bien là la grande réussite de The jinx que de nous montrer que les monstres n’existent pas où bien ont-ils tellement visage humain qu’ils sont impossible à déceler parmi nous.
Personnage insaisissable agissant tour à tour en froid calculateur de génie puis de façon totalement impulsive et stupide, Robert Durst est-il un génie du mal où un vieil homme à la dérive sauvé par son argent et une bonne dose de chance ? Six épisodes et un final en apothéose glaciale viendront faire la lumière la dessus et donner tout son sens au titre « The Jinx » qui signifie « mauvais sort ».
Critique de Loris Hantsiz
À retenir également de cette année 2015 :
– Le meilleur show télévisé : The late show with Stephen Colbert
– La série policière : Occupied
– La série horrifique : Penny dreadful
– La série dramatique : The affair
– La série historique : Marco Polo
– Les séries comiques : Man seeking woman
– La série médicale : The knick
– La série française : Les revenants
– La dystopie : The man in the high castle
– Le meilleur pilote : The expanse
– Les déceptions : Scream queens, Scream, The flash, Agent carter, Jessica Jones, Empire
– À voir : Mozart in the jungle, Halt and catch fire, Transparent, Fargo, Show me a hero, American horror story
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