Big Nothing - Jean-Baptiste Andréa - critique

Critique : Comme Dead End, premier long métrage du réalisateur également tourné en langue anglaise avec une équipe américaine, Big Nothing n’a pas connu de sortie nationale en salles et n’est disponible qu’en DVD et VOD. Insolite parcours que celui de Jean-Baptiste Andrea, ancien brillant étudiant d’école de commerce, qui préféra se consacrer à sa passion du cinéma et se lança dans la réalisation et surtout, avec succès, dans la littérature. Big Nothing assume son statut de comédie policière divertissante, jouant sur un comique de situation et des quiproquos qui assurent son efficacité narrative : le scénario, bien ciselé (trop sans doute), est suffisamment drôle pour désamorcer les situations les plus glauques et les moins politiquement correctes (un brave flic père de famille qui se fend le crâne) ; et les mésaventures de ces deux losers flanqués d’une blonde moins blonde qu’elle n’en a l’air évoquent le ton d’un certain cinéma de la dérision : le réalisateur connaît ici par cœur ses petits Tarantino et Coen illustrés et l’aspect référentiel de cette série B, oscillant entre premier et second degré, pourra autant séduire qu’agacer. Signalons aussi un casting tant insolite que réussi : David Schwimmer, de la série culte Friends donne avec aisance la réplique à Simon Pegg (Hot Fuzz) et à des acteurs de second rôle aussi talentueux que le désopilant John Polito en agent diabétique ou la charismatique Natascha McElhone (Solaris) en policière. Souhaitons à Jean-Baptiste Andrea de poursuivre cette synthèse d’incursion dans un cinéma de genre international et de "french touch", qui s’inscrit dans un courant allant des films cultes de Jacques Tourneur aux productions à gros budget d’un Christophe Gans. Précisons enfin que Big Nothing a pu être présenté sur grand écran grâce à l’association Cannes Cinémas dans une soirée spéciale Talents Cannes qui a en outre permis d’apprécier les courts métrages de Yann Gonzalez (By the Kiss), David Guiraud (Le tonneau des Danaïdes), et Mathieu Gouny (Une histoire vraie, coréalisé avec d’autres étudiants de l’ESRA).