Ne dis rien !
Le 31 mai 2011
Sur un sujet un peu casse-gueule, ce premier film imprévisible navigue avec grâce entre drame et burlesque et trouve un ton vraiment original.
- Réalisateur : Élise Girard
- Acteurs : Valérie Donzelli, Philippe Nahon, Jean-Christophe Bouvet, Jérémie Elkaïm, Dominique Cabrera
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h15mn
- Date de sortie : 1er juin 2011
- Festival : Hommage à Renato Berta
Résumé : Un couple se dirige vers un train en partance pour Venise. Sur le quai, Julien annonce à Marie, qu’il part en rejoindre une autre. Et s’en va, la laissant seule, enceinte. Bouleversée, Marie se refuse d’emblée à être victime de cette situation. Elle trouve réconfort dans son travail auprès de ces deux « cowboys » de patrons, Jean-Jacques et Jean-Loup, qui dirigent un cinéma du Quartier latin, spécialisé dans les films classiques américains...
Critique : Bien qu’elle déclare être partie du constat qu’ « y a pas mal de nanas qui se font larguer enceintes et personne ne parle de ça », Élise Girard, pour son premier long métrage de fiction, évite soigneusement la voie de l’étude sociologique ou du psychodrame naturaliste pour s’engager résolument sur la corde raide d’une comédie imprévisible, naviguant entre drame et loufoquerie avec une grâce de funambule.
Dès la scène initiale de rupture sur le quai de la gare de Bercy, elle parvient à trouver une justesse de ton paradoxale reposant sur des dialogues subtilement décalés (coécrits avec Isabelle Pandazopoulos) et surtout sur l’espèce d’indécision du jeu, le léger jouer faux des acteurs, en particulier de l’étonnant Jeremy Elkaïm.
La pointe de désarroi dans sa réponse (Je sais pas) à la question « Tu me quittes ? » ou, plus tard dans le film, l’absence totale d’animosité dans son « j’aimerais que tu sois morte » qui clôt une violente dispute sur une aire d’autoroute, déjouent les pièges de la caractérisation psychologique. Lorsque il réagit au « To-ky-o » narquois de sa compagne pendant un repas entre amis en bondissant de sa chaise et en se penchant par dessus la table pour tenter de l’étrangler, il révèle même un véritable sens du burlesque.
Sa partenaire, souvent très drôle, reste davantage dans les sentiers balisés de la comédie dépressive mais Dominique Cabrera est irrésistible en mère de l’héroïne prête à partager ses inquiétudes et presque déçue quand sa fille lui déclare qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer (« Viens manger alors ! »).
Les autres personnages secondaires sont sympathiques mais assez convenus (Bouvet et Nahon en programmateurs du Grand Action prêts, tels des héros de western, à ramener de force dans le droit chemin la brebis égarée) et certains gags assez laborieux font un peu sitcom. Quant à la séquence autour de L’innocent de Visconti, elle met sans doute trop clairement les points sur les i pour ne pas tomber dans une certaine redondance.
Mais ces inégalités sont au bout du compte des atouts, car elles participent d’un parcours non balisé qui prend même le risque d’une non-fin en suspens et offre plus d’un moment de réel émerveillement : une filature nocturne dans un Paris dont la photo du grand Renato Berta sait capter la poésie, ou un chavirant karaoké sur l’air de Gainsbourg Ne dis rien (du film Anna de Pierre Koralnik, avec Anna Karina).
Sous ses dehors modestes ce, Belleville-Tokyo se révèle une excellente surprise et on suivra avec intérêt le parcours d’Élise Girard.
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Stéphanie Mouret 6 mai 2011
Belleville Tokyo - Élise Girard - critique
J’ai vu ce film au Festival de Créteil. Je ne vois pas où est la grâce et le ton original. C’est surtout un film très approximatif, presque amateur, et semblable à tant de premiers films français qu’on finit par confondre, quand on ne les oublie pas. Beaucoup de gens autour de moi soufflait leur ennui, et pourtant le film n’est pas long. Anodin, donc.