Famille, je vous hais(me)
Le 28 novembre 2015
Comédie mélancolique sur fond de guerre des familles, à la mise en scène inspirée et raffinée, pour un retour gagnant de Jean-Paul Rappeneau au cinéma. Rythmée en diable et virtuose.
- Réalisateur : Jean-Paul Rappeneau
- Acteurs : André Dussollier, Claude Perron, Karin Viard, Mathieu Amalric, Nicole Garcia, Gilles Lellouche, Guillaume de Tonquédec, Gemma Chan, Marine Vacth, Yves Jacques, Jean-Marie Winling
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h53mn
- Date télé : 13 juin 2022 20:40
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 14 octobre 2015
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Résumé : De passage à Paris, Jérôme Varenne apprend que la vente de la maison familiale est compromise. Entre une relation conflictuelle avec son frère, la double vie d’un père, et les magouilles immobilières, Jérôme va s’engouffrer dans une situation qui le dépasse, accompagné dans sa quête par une jeune femme aussi belle que mystérieuse.
Critique : Cela faisait déjà onze ans que l’on n’avait pas vu un film de Jean-Paul Rappeneau. Cinéaste rare (huit films en cinquante ans de carrière), garant d’un cinéma populaire exigeant, et donc précieux, nous l’avions quitté avec Bon voyage, film d’aventures gourmand qui se déroulait sous l’Occupation, avec, entre autres, les icônes Depardieu et Adjani. Rappeneau est de retour, donc, avec Belles familles. Un titre limpide, pour un film en trompe-l’œil. Autour d’une ancienne maison familiale, enfants et parents, amis et amants se retrouvent, s’aiment et se déchirent. Et le vernis de tout ce petit monde de s’estomper très vite pour mettre à jour des histoires qui, elles, ne sont belles en rien.
On aurait pu craindre le pire au vu d’un pitch qui s’inscrit dans le ronron traditionnel du cinéma hexagonal. Mais de Podalydès à Toledano, on sait aussi ce que la comédie française peut offrir de réjouissant. Heureusement, Belles familles s’inscrit dans cet héritage, et l’on pense ici à L’Heure d’été, d’Olivier Assayas, ce dernier partageant avec le film de Rappeneau une évocation poétique et mélancolique des vieilles maisons de campagne et des souvenirs qui en découlent. Car de souvenirs il est question. Cette évocation mélancolique du passé, passé lui-même rattaché à une enfance plus ou moins heureuse, offre au film ses plus belles scènes. Quand le personnage de Jérôme Varenne, interprété par Mathieu Amalric, découvre les vestiges passés de sa jeunesse oubliée, on sentirait presque la poussière voler et le parquet craquer. Le cadre, la lumière, les détails du décor : tout confine à l’immersion du spectateur dans cette demeure qui fonctionne comme une madeleine de Proust.Pour autant, Belles familles, qui se place en vraie bonne comédie, n’en oublie pas qu’il faut donner du rythme aux mots, et du cœur aux personnages. De situations vaudevillesques en bifurcations sentimentales, Rappeneau fait œuvre salutaire en matière d’écriture des dialogues. On a le droit de trouver cela parfois un peu théâtral. On peut aussi simplement savourer le plaisir de voir de beaux (et bons) acteurs s’échanger des vacheries et remuer les histoires du passé tout en prenant bien soin de faire empirer les choses malgré eux. Les personnages se retrouvent ainsi soumis à l’effet inverse de ce qu’ils espéraient récolter. Un ressort de comédie classique, ici parfaitement mis en place pour un film sans temps mort. Une absence de vide qui peut parfois donner un sentiment de trop-plein alors qu’on n’en attendait pas tant. Ce serait faire la fine bouche, comme si l’on se plaignait d’un restaurant gastronomique qui en met trop dans notre assiette.
Saluons enfin un casting quatre étoiles, qui, de Guillaume de Tonquédec à Karin Viard, en passant par André Dussollier, rassemble plusieurs générations d’acteurs autour d’une même table. On retiendra tout particulièrement le jeu de Gilles Lellouche, dans un rôle plus contrasté qu’il n’y parait, et un Mathieu Amalric toujours aussi charismatique. De Marine Vacth, énième « étoile montante » du cinéma français, il faut également saluer l’espièglerie et la fierté qu’elle insuffle à son personnage, alors que son rôle, celui d’une jeune femme amoureuse d’un vieux beau, est un cliché qu’on aurait bien aimé ne plus voir en 2015. Un bémol gênant dans une partition virtuose, qui n’empêche pas pour autant de savourer le retour de Jean-Paul Rappeneau au cinéma. Un retour à l’image du Cyrano qu’il avait lui-même mis en scène vingt-cinq ans plus tôt. Un retour plein de panache.
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