100% pure haine
Le 13 décembre 2015
Récompensé du prix Un Certain Regard au Festival de Cannes 2015, Béliers arrive sur nos écrans précédé d’une réputation flatteuse amplement justifiée, tant ce film, tantôt drôle et émouvant, mais toujours sincère et juste, parlera à chacun d’entre nous.
- Réalisateur : Grímur Hákonarson
- Acteurs : Sigurður Sigurjónsson, Theodór Júlíusson
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Islandais
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h33mn
- Titre original : Hrútar
- Date de sortie : 9 décembre 2015
- Festival : Festival de Cannes 2015
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Résumé : Dans une vallée isolée d’Islande, deux frères qui ne se parlent plus depuis quarante ans vont devoir s’unir pour sauver ce qu’ils ont de plus précieux : leurs béliers.
Critique : Qui d’entre nous n’a jamais été confronté, un jour, à un conflit familial s’enlisant, comme les pieds pris dans cette bourbe islandaise, nous figeant dans le temps et annihilant toute tentative de rapprochement ? Il en est ainsi de ces deux frères éleveurs de moutons (le bélier étant la désignation pour le mâle de l’espèce), habitants sur les mêmes terres depuis toujours et dont les origines de cette haine silencieuse remontent à des temps lointains. Quelle en est l’origine ? Le cinéaste ne s’attarde pas à répondre à cette question finalement secondaire dans le récit (même si une piste est vaguement évoquée). Ces ennemis intimes s’en souviennent-ils eux-mêmes ? Pas sûr, mais peu importe, le sujet est tout autre.
Le film nous plonge ainsi avec brio dans ce conflit, tantôt avec légèreté, tantôt avec gravité, mais toujours avec sincérité. Il est porté par deux interprètes, hauts en couleur et d’une justesse incroyable. Ils ne sont certainement pas étrangers à la réussite du film. Sigurður Sigurjónsson joue Gummi, frère mesuré et discret exprimant la "raison" de cette fratrie. Il est confronté à Kiddi, jovial et impulsif, interprété par Theodór Júlíusson, qui exprime, quant à lui, une certaine idée de la "passion". Dualité Raison/Passion, c’est probablement ce qui définit le mieux le conflit qui oppose ces deux frères, comme deux hémisphères d’un même cerveau pourtant entièrement dévoué à un but commun, celui de perpétuer l’élevage des moutons de leur région.
Mais voilà, c’est souvent dans l’adversité que les hommes se rapprochent, et c’est certainement un savant mélange de ces deux antagonismes "Raison" et "Passion", qui permet d’outrepasser nos destinés les plus sombres et évite ainsi aux hommes de devenir justement des... moutons. Les deux frères devront donc savoir prendre le meilleur de chacun pour sauver leur raison de vivre. C’est l’idée que semble nous faire partager le cinéaste en introduisant la tremblante comme élément perturbateur, maladie contagieuse qui met en péril tous les élevages de la région.
Le tout est filmé de belle manière, le cinéaste possédant un réel sens du cadrage qui rehausse chaque scène, jusqu’aux plus anodines comme ce coup de fusil tiré au travers d’un carreau. Le spectateur est placé dans la ligne de mire du tireur, à l’intérieur de la maison, alors qu’un protagoniste dort paisiblement au premier plan. Si simple et tellement efficace. Il en sera ainsi pendant tout le film. Bien sûr, il est aussi aidé par cet environnement grandiose que constituent les paysages islandais, et il ne cesse de les mettre en valeur par de magnifiques plans larges et épurés. Il aurait tort de s’en priver !
Le film s’achève sur un plan qui réchauffe le cœur et nous hante un long moment après la séance. Au final, juste le temps nécessaire pour comprendre qu’il ne faut pas attendre qu’il soit trop tard pour pardonner et faire la paix avec ceux que nous aimons.
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