Le 25 juin 2013
Une comédie douce-amère sur la déliquescence des choses, prévisible de bout en bout mais merveilleusement servie par ses dialogues et ses comédiens.
- Réalisateur : Richard Linklater
- Acteurs : Ethan Hawke, Julie Delpy, Seamus Davey-Fitzpatrick, Ariane Labed, Walter Lassally
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Américain, Grec
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 20 juillet 2024 20:57
- Chaîne : France 4
- Date de sortie : 26 juin 2013
Résumé : Une île grecque, une villa magnifique, en plein mois d’août. Céline, son mari Jesse et leurs deux filles passent leurs vacances chez des amis. On se promène, on partage des repas arrosés, on refait le monde. La veille du retour à Paris, surprise : les amis offrent au couple une nuit dans un hôtel de charme, sans les enfants. Les conditions sont idylliques mais les vieilles rancœurs remontent à la surface et la soirée en amoureux tourne vite au règlement de comptes. Céline et Jesse seront-ils encore ensemble le matin de leur départ ?
Critique : On entre sans peine dans le charme de cette comédie aux airs hellénistiques. Sur une petite île grecque, des hommes et des femmes se côtoient joyeusement, exposent au soleil leurs petits bonheurs et échangent quelques recettes de longévité amoureuse. Le temps passe sans que l’on y songe. L’atmosphère n’est pas loin d’évoquer la dramaturgie antique : conflits sexués, recours aux masques, un petit air d’artifice émanant du plaisir manifeste que les comédiens prennent à jouer. Mais ce plaisir est heureusement communicatif et contribué en bonne part à la réussite de cette œuvre spontanée et généreuse.
On peut le dire sans craindre de desservir le métrage : Before Midnight n’est pas un film complexe. Son intrigue est prévisible et emprunte des situations attendues. La psychologie de ses personnages est réduite au nécessaire. Mais cette simplicité contribue à son originalité-même, dans la mesure où elle permet à Richard Linklater de réaliser une comédie de caractères où le réalisme psychologique est savamment tenu à distance par l’art du dialogue. Même si l’esthétique est « réaliste » dans son ensemble, et même si le scénario fait la part belle aux crises conjugales, Linklater privilégie rapidement à tout effet de suspense une recherche de suspension narrative qui abolit le temps du dehors pour privilégier celui du drame, dans sa dimension langagière et poétique.
D’où le choix d’un cadre à la croisée des mondes antique et moderne, où s’engouffrent tout à la fois le mythe, le roman, l’anecdote. Ou encore le recours aux paraboles et autres méta-discours, qui exhibent les ressorts d’une temporalité imaginaire et semblent délaisser ça et là l’argument principal - manière de retenir le temps qui passe (cf la scène où Jesse parle de son roman à ses deux amis). Coécrit par Julie Delpy, Ethan Hawke et Linklater, le scénario de Before Midnight fait ainsi la part belle à des dialogues virtuoses, où les conflits individuels sont en quelque sorte suspendus par le travail du style et de la métaphore. En cela cette comédie douce-amère ressemble davantage à une rêverie nostalgique sur le temps perdu qu’à un drame de psychologie amoureuse. À mi-chemin entre les comédies d’Aristophane et le cinéma de John Cassavetes (dont Linklater n’a toutefois pas l’audace), elle réalise d’une manière poétique le paradoxe du langage amoureux, fait tout à la fois de circonstances et de lieux communs, de vérité et de ruses.
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roger w 30 juin 2013
Before Midnight - Richard Linkltater - critique
Film de couple en déliquescence, Before midnight ne retrouve que partiellement le charme du deuxième volet (de loin le plus réussi). Si l’on aime beaucoup la première partie et ses dialogues ciselés, la seconde, qui fait place à l’amertume et au deuil d’un amour est un peu plus saoulante par l’enchaînement d’engueulades entre les deux personnages principaux que l’on aimait amoureux et non minés par le quotidien. L’ensemble demeure de très bonne tenue, mais la durée est sans doute un brin excessive.
Lui de Go with the Blog 1er juillet 2013
Before Midnight - Richard Linkltater - critique
Céline est française et Jesse est américain, ils sont en couple depuis plus de dix ans maintenant, et ont deux merveilleuses jumelles aux cheveux blonds comme leur mère. Invités par des amis, ils passent quelques jours sur une île grecque. Dans ce décor idyllique, leurs amis leurs offrent une nuit dans un hôtel de charme, seuls sans les enfants, afin de savourer un moment romantique à deux. Mais ce soir-là, au fil des conversations et des confidences entre Céline et Jesse, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu.
BEFORE MIDNIGHT entraîne le couple dans les méandres des interrogations liées à la quarantaine et à la vie de couple qui doit passer la dure épreuve des années et de la passion qui s’effrite.
La suite sur notre Blog : http://gowith-theblog.com/before-midnight/
Frédéric Mignard 7 novembre 2013
Before Midnight - Richard Linkltater - critique
Richard Linklater perpétue l’étude du couple qui fait la force de la carrière de Julie Delpy, avec panache et virtuosité.
rawi 9 novembre 2013
Before Midnight - Richard Linkltater - critique
Quand on grandit, évolue avec des personnages, ce n’est jamais évident de se retrouver. l’angoisse, l’appréhension...
Et ça s’accompagne très souvent d’une sévère remise en question sur sa vie, son parcours.
Le cas unique de nos amis Julie/Céline, Ethan/Jesse et Richard L. ne déroge pas à la règle. On se demande ce qu’on va bien pouvoir se raconter, si on va avoir quelque chose à se dire.
Truffaut (le seul exemple dans l’histoire du cinéma) avait regardé grandir son alter ego Antoine Doinel, qu’on observe grandir, quitter l’insouciance des jeunes années.
L’universalité du propos et de la thématique fait que si on a un œil bienveillant sur les participants au projet on ne peut que s’y retrouver.
La valeur de l’œuvre du trio magique réside en sa rareté et en sa qualité. Si ce genre de "série" n’est pas légion c’est que plusieurs contraintes entrent en jeu. Les acteurs seront-ils disponibles. Le scénario sera-t-il à la hauteur ?
Or là, la complicité palpable entre Julie et Ethan a servi de caution à la qualité du projet.
Ils s’"aiment", se connaissent par cœur depuis 18 ans et ça se sent.
S’ils s’étaient perdus de vue depuis 9 ans, et que le film ne soit qu’un prétexte, la magie n’aurait pas opérée une nouvelle fois.
Tout ça pour dire que ce film m’a bouleversée, fait rire réfléchir, pleurer.
Un vrai grand moment de bonheur que ces retrouvailles.
Je repense à certaines scènes qui m’ont marquée. La façon dont Julie/Céline provoque pour masquer son angoisse. Elle cherche à foutre en l’air un amour avant de ne le perdre.
Les seins de Julie D. atout de séduction, jeu de plaisir et d’amour deviennent une arme de destruction massive.
En assistant à CE moment M de leur vie, on a envie de vivre encore plus près des gens qu’on aime. Les années ont mis de la distance entre leurs corps et leurs âmes mais la complicité n’est pas loin. Cela est parfaitement rendu dans la scène de l’hôtel. Les corps sont on ne peut plus proches, prêts à se laisser aller et là, d’un coup le distance (pas simplement physique) s’installe. Pourtant, la magie est là !
On peut y voir un film sur le désenchantement, la mort de la passion, moi, j’y vois un film qui montre qu’il ne faut pas cesser d’espérer, de se battre pour ce à quoi on croit et pour ce(ux) qu’on aime. Quand dans un couple l’un capitule, l’autre doit être là pour prendre le relais et se battre pour le sauver, soutenir l’autre malgré lui dans les pires moments pour dépasser la crise et s’en sortir plus forts.
Un film rare !