Adjani et Depardieu en mode noirceur
Le 2 septembre 2013
Ce polar expressionniste et stylisé, d’une fulgurante beauté, est emblématique de la période distanciée du cinéma de Téchiné.
- Réalisateur : André Téchiné
- Acteurs : Isabelle Adjani, Gérard Depardieu, Marie-France Pisier, Jean-François Stévenin, Hélène Surgère, Marie-France
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français, Néerlandais
- Distributeur : Les Films de La Boétie
- Editeur vidéo : Aventi
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 8 décembre 1976
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Résumé : Alors que nous sommes en pleine campagne électorale, Walt, un directeur de journal, s’apprête à publier un scoop troublant concernant un des candidats. Ces informations lui proviennent d’un jeune homme, Samson, qui compte monnayer avantageusement ses révélations pour ensuite s’enfuir avec son amie Laure. Mais des hommes de main le poursuivent...
Critique : Après le bon accueil de Souvenirs d’en France, son second long métrage, André Téchiné bénéficia de moyens confortables pour filmer ce récit criminel et romanesque, avec un arrière-fond politique. Tourné à Amsterdam, ville non explicitement citée, Barocco réunit une équipe technique et un casting en partie néerlandais. C’est d’abord une histoire romanesque qui tourne mal, mais prend une dimension étrange quand Laure (Isabelle Adjani) entretiendra des relations équivoques avec l’assassin de son amant (Gérard Depardieu). Dans un double rôle qui n’est pas sans rappeler les jeux en trompe-l’œil de Vertigo ou Obsession, Gérard Depardieu réalise une composition fantomatique, qui donne au film une tonalité par instants onirique. La corruption du directeur de presse (Jean-Claude Brialy) et de son inquiétant intermédiaire (Julien Guiomar), pour importante qu’elle soit dans l’intrigue, n’est pas tant ce qui intéresse le cinéaste, qui se garde de chasser sur les terres de Rosi ou Pakula. Il baigne dans Barocco une ambiance irréelle, à la fois lyrique et distanciée, à peine tempérée par l’humour du personnage de Nelly (excellente Marie-France Pisier), prostituée confidente s’exhibant dans sa vitrine illuminée.
Alors que Téchiné tâchera de trouver une veine plus romanesque et réaliste à partir d’Hôtel des Amériques, Barocco est marqué par un style plus ouvertement expressionniste et une certaine théâtralisation dans le jeu des acteurs. Les mimiques de Laure lors du meurtre de Samson ou l’assassinat de l’homme de main (Jean-François Stévenin) relèvent ici d’une esthétique fuyant le naturalisme, et appuyée par la musique puissante de Philippe Sarde et la photo lumineuse de Bruno Nuytten. Ces deux derniers collaborateurs seront d’ailleurs récompensés aux César, tout comme Marie-France Pisier. On retrouve pourtant des éléments qui seront récurrents dans les films à venir de Téchiné, comme la tentation d’un amour impossible et dangereux. Remarquable directeur d’acteurs, Téchiné attache une importance considérable aux seconds rôles qui apportent à ses films un supplément d’âme, à l’instar d’Hélène Surgère, fine comme à son habitude dans son interprétation de l’assistante de Walt. Malgré un bon accueil critique, Barocco fut un échec commercial cuisant. Outre sa noirceur morbide, son ton décalé a manifestement dérouté le public, ton qui était déjà celui de deux autres polars français de la décennie : La chair de l’orchidée (1975) de Patrice Chéreau et Police Python 357 (1976) d’Alain Corneau.
– Césars 1977 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Marie-France Pisier - Meilleure musique - Meilleure photo
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